Encore un autre report. Les chefs des formations politiques de l’opposition ont décidé avant-hier de tenir leur deuxième congrès le 27 mars prochain.
Une date très attendue par beaucoup d’acteurs politiques et d’ONG, d’autant que les préparatifs allaient bon train depuis plusieurs mois. En fait, les observateurs attendaient plutôt la date symbolique du 18 février prochain, comme annoncée par plusieurs personnalités de cette même opposition.
Que s’est-il passé durant la réunion de l’instance de suivi et de concertation (ICS) pour que l’opposition décide encore une fois d’un report ? Bien que des explications assez vagues fussent données par-ci par-là pour justifier une nouvelle annulation, le mystère reste entier pour de nombreux analystes.
Aux dernières nouvelles, on a décidé de créer une commission politique dans laquelle siégera un représentant de chaque adhérent composant la coordination nationale des libertés (CNLTD). Cette commission aura pour principale mission de préparer un texte politique majeur qui devrait comporter aussi bien le diagnostic politique, économique et social du pays que les propositions de sortie de crise.
Selon nos sources, il subsiste encore des divergences entre les différentes mouvances de l’opposition, en dépit de leur position commune sur la révision constitutionnelle.
La CNLTD et le pôle des Forces du changement sont d’accord sur le refus catégorique de ce projet proposé par le président Abdelaziz Bouteflika et soutenu par ses partisans. Dans leurs visions, ce chantier ne répond nullement aux urgences actuelles et ne convainc pas les adversaires les moins radicaux du pouvoir.
Confortés par le partage de ce point de vue, exprimé individuellement, les partis de l’opposition ont tenté plutôt de provoquer un accord sur la feuille de route politique qu’ils veulent imposer, ou un agenda cohérent et précis.
Le texte politique qui devrait définir cette démarche n’a pas eu le consensus escompté. Certains pensent qu’il faudra imposer l’idée d’une période de transition plus ou moins courte, une transition institutionnelle, qui sera mise à profit pour mettre en place les mécanismes d’une réelle démocratie.
Une phase « indispensable » politiquement avant de lancer des réformes constitutionnelles sur la base d’un accord préalable entre tous les protagonistes. Le rejet de la révision telle quelle répond donc à ce souci.
Deux points majeurs furent soulevés : d’abord, la question cruciale de l’adhésion des autres formations politiques d’envergure nationale, comme le FFS ou le PT, voire de l’arrivée des personnalités historiques et des intellectuels connus susceptibles de valoriser les actions de cette opposition.
Ensuite, la question sur le lancement d’actions citoyennes ou populaires pour tenter de remobiliser l’opinion publique sur la démarche de l’opposition et de lui donner ainsi un cachet politique de dimension nationale.
D’ailleurs, certains comme Abdallah Djaballah ou le patron d’El Islah préconisent une action commune de proximité, à travers des meetings ou des rencontres quotidiennes à travers le territoire national.
C’est sans doute ces divergences, qui exigent beaucoup de temps, qui ont poussé l’ICS à demander un autre report de deux mois et demi.
Cela devrait aussi permettre à cette opposition de tenir son second congrès juste après l’adoption par le Parlement de la nouvelle mouture de la Constitution, donc sous une autre conjoncture et dans un autre contexte. Tactique de « wait and see » ? Ou probable remise en cause d’importants dispositifs de la plate-forme de Mazafran 1, devenue le texte fondateur de cette opposition ?