L’opposition veut l’arbitrage de Bouteflika

L’opposition veut l’arbitrage de Bouteflika

Les partis opposés à la Loi de finances (LF) ont annoncé hier leur décision de solliciter l’arbitrage président de la République et au Conseil constitutionnel au sujet des retombées sur le plan institutionnel et sur le front social de la Loi de finances 2016 ainsi que les « entorses à la loi » enregistrées lors de son adoption par l’assemblée populaire.

Les présidents des groupes parlementaires des partis politiques ayant boycotté, fin novembre, la séance de vote du projet de Loi de finances à l’APN ont annoncé, lors d’une conférence de presse, leur décision d’adresser une lettre au Président pour lui faire part des retombées de cette loi.

Cette initiative est menée par les représentants des groupes parlementaires de l’AAV (MSP, Mouvement Ennahda, FJD), le PT, le Mouvement El-Binaa El-Watani. Le parti du FFS s’est abstenu d’adhérer à cette démarche. Les représentants de ces partis ont également décidé d’envoyer une lettre au Conseil constitutionnel et au Conseil de la nation.

Pour eux, l’article 71 de la loi constitue une transgression des prérogatives du président de la République et un moyen visant à empêcher tout ministre de mettre en place un programme d’action dans le cadre de la gestion de son secteur.

Ils ont dénoncé la réintroduction de l’article 66 de la même loi qui prévoit l’ouverture du capital des entreprises publiques au privé dans la perspective de leur privatisation outre le retour à l’endettement extérieur au profit du secteur privé et des sociétés étrangères avec une garantie du Trésor public.

Ils ont également estimé que l’augmentation des taxes de certains produits portera un coup au pouvoir d’achat des citoyens et influera négativement sur l’économie nationale.

Hier, le SG du FLN, Amar Saadani a repris, ses attaques contre l’opposition qui s’est illustrée par son action de contestation inédite au sein de l’assemblée populaire contre la loi de finances 2016.

Lors d’une rencontre avec la presse, Saadani a accusé l’opposition de « saborder le projet de révision constitution » suite à son action la semaine dernière dans l’hémicycle –en référence au mouvement de contestation contre la LF 2016-que le président Bouteflika s’apprête à rendre publique dans les semaines à venir. Pour le chef du FLN, cette action des députés de l’opposition vise à faire barrage au projet de révision de la constitution.

Le vote de la loi de finances 2016 s’est achevé sur des rixes inédites au sein de l’hémicycle parlementaire entre les députés de l’opposition et ceux de la majorité. Les députés de l’alliance ont donné leur quitus à une loi jugée antisociale, provoquant l’ire de l’opposition emmenée par le Parti des travailleurs.

Des députés ont décidé de faire barrage au vote à l’intérieur de la salle des plénières et dans l’enceinte de l’assemblée. Résultat : des bagarres rangées, dignes de baltaguia. C’est une députée du FLN qui a ouvert les hostilités. Selon les images des caméras de télévisions elle s’est jetée sur une députée du PT pour lui arracher la pancarte.

Des scènes d’une violence rare ont ensuite éclaté lorsqu’une vingtaine de députés de l’opposition, mécontents des dispositions introduites dans la LF, ont voulu protester à l’aide de pancartes brandies à la face du bureau de l’Assemblée.

Les députés contestataires ont improvisé une marche au sein de l’APN, avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Ministres oligarques, dégagez « , « Non à la spoliation de l’argent du peuple « et criant à tue-tête : « Honte à eux, ils ont vendu l’Algérie au dinar symbolique.

« Les députés de la majorité, essentiellement du FLN, ont bondi de leur siège pour aller arracher des mains les pancartes en question. Les députés du FLN ne voulant pas rester impassibles devant ce spectacle, sont rentrés dans l’arène et en sont venus aux mains avec les protestataires.

Les députés de l’opposition quittent l’hémicycle, improvisent une manifestation à l’extérieur et continuent à scander des slogans critiquant le projet de Loi de finances et les privatisations.