Les négociations très serrées entamées par l’Office interprofessionnel des céréales (OAIC), ont tout de même abouti et les premières opérations d’exportation ont commencé.
Deux destinations ont été retenues par le ministère de l’Agriculture, à savoir l’Europe et les pays arabes.
Après des mois d’interrogations ayant entouré la destination des quantités importantes d’orge, la situation commence à se décanter. L’exportation du surplus de production, seule solution, commence, en effet, de prendre forme. Les négociations très serrées entamées par l’Office interprofessionnel des céréales (OAIC), ont tout de même abouti et les premières opérations d’exportation ont commencé.
Deux destinations ont été retenues par le ministère de l’Agriculture, à savoir l’Europe et les pays arabes. Les premières quantités destinées aux marchés extérieurs sont estimées à quelques 200 mille quintaux d’orge.
De quoi faire taire les critiques portant sur la qualité de l’orge algérienne, difficilement exportable alors que les experts parlent d’un produit bio et répondant à toutes les normes. Il faut dire que le retour de l’Algérie, un des premiers importateurs de céréales, ne fait pas que des heureux.
Ces performances enregistrées grâce en partie au soutien de l’Etat qui a pris l’engagement d’acheter aux prix internationaux les céréales produits localement, la réduction de 20M du prix des semences, a donné ses fruits, et cela signifie l’arrêt des importations. D’ailleurs, il faut le souligner, les bateaux chargés de céréales en provenance d’Europe et du Canada, premiers fournisseurs de l’Algérie, n’accostent plus dans les ports algériens depuis au moins un semestre.
De l’importation à l’exportation, la donne a été, ainsi, inversée en quelques années seulement.
Une satisfaction et une assurance à la fois pour les céréaliculteurs qui étaient dans un véritable dilemme lors de la précédente saison moisson battage ; produire et ne savoir plus quoi faire d’une récolte exceptionnelle que le secteur attendait depuis des années.
On se souvient du bras de fer qui a duré des semaines entre l’OAIC et les transformateurs qui boudaient le produit algérien. Il aura fallu l’intervention du ministère du Commerce qui a donné un ultimatum qui expire le 1 er juin, aux transformateurs de s’approvisionner chez l’OAIC, à défaut, des sanctions seront appliquées. Laquelle décision a été relayée par l’OAIC qui a multiplié les contacts avec les transformateurs pour résoudre cet épineux problème.
Pour cette saison qui s’annonce sous de bons auspices marquée par un niveau de pluviométrie appréciable et une qualité supérieure de semence, la question du stockage est loin de connaître son épilogue. On s’attend à une nouvelle production record cette saison, ce qui ne manquera pas de poser une nouvelle fois le problème des capacités de stockage qui sont toujours insuffisantes.
Crédit bancaire et mobilisation du privé
La production de céréales cette année sera similaire à celle de l’année passée, soit près de 62 millions de quintaux mais le stockage hante encore les esprits et des responsables de l’OAIC et des céréaliculteurs.
Aux dernières informations, les transformateurs ont levé un peu plus de 80% de blé dur stocké. Ce qui libérera, à coup sûr, des espaces pour stocker la nouvelle production. Mais la réussite de la saison actuelle nécessite des moyens encore plus importants comme l’investissement. D’où la décision du gouvernement via le CPE qui avalisé la proposition d’octroi de crédits bancaires à l’OAIC à des taux bonifiés de 1% et à long terme.
L’OAIC a contracté ainsi un prêt bancaire auprès de la BADR de 48 milliard de dinars dont 8 milliards sont débloqués pour les premières opérations de récolte 2010 destinés à l’acquisition par la formule leasing, de 500 moissonneuses-batteuses fabriquées par l’Entreprise de commercialisation de matériel agricole (PMAT), une façon de soutenir l’industrie nationale en application du principe de « préférence nationale ».
Mais le plus gros de ce crédit sera réservé à l’extension des espaces de stockage. Selon les termes de l’accord de prêt d’une durée de 30 ans, signé entre les deux parties (BADR-OAIC) « 33 milliards de dinars seront consacrés au programme de réalisation de nouveaux silos et d’aires d’entreposage de céréales ».
Le réseau de stockage de céréales qui n’a pas bénéficié d’investissements depuis 1984 sera ainsi renforcé à hauteur de 20 %, soit plus d’un million de tonnes supplémentaires sachant que ce réseau est constitué actuellement de 480 points de collecte d’une capacité de l’ordre de 22 millions de quintaux enregistrés en 2009.
Mais les nouveaux projets de l’OAIC seront-ils réalisés dans les délais ? Une interrogation légitime de la part des céréaliculteurs. Car tout retard dans la réalisation viendrait compromettre la récolte. Les céréaliculteurs sont à l’écoute des propositions de l’OAIC appelé à trouver d’autres solutions. Et dans ce registre, on évoque la possibilité de recourir à la location de hangars privés pour le stockage.
C’est dire que l’organisation de la filière des céréales n’est pas encore ficelée. Plusieurs volets sont à prendre en compte si on veut réellement amorcer son développement.
Il faut dire que les conditions tant en amont qu’en aval ne sont pas assurées. Certes, le souci majeur est l’amélioration de la récolte, ce qui est atteint depuis 2009, mais le développement des espaces de stockage, la commercialisation et le contrôle doivent également suivre.
Les céréales, une filière stratégique, ne peut amorcer son développement en s’appuyant uniquement sur les subventions de l’Etat.
A présent que l’objectif de réduire les importations a été atteint (- 80% en 2009), un travail encore plus important attend les responsables du secteur pour que la production abondante profite au consommateur et à l’économie nationale. L’exportation d’orge algérienne annonce en tout cas le retour de l’Algérie sur le marché des céréales en tant que vendeur, une première depuis 1967.
Le placement du produit algérien demande lui aussi beaucoup d’efforts. Il est vrai que l’OAIC, aguerri dans le domaine commercial, les achats évidemment de céréales s’entend, ne s’est pas bien préparé à cette tâche très ardue.
L’exportation se fait grâce à un réseau qui connait les moindres détails d’un marché où la concurrence est rude.
Un mécanisme qui sera encore performant dans les années à venir si la production continue sa courbe ascendante.
Pour cette première opération d’exportation, on peut dire que l’OAIC peut en tirer une satisfaction.
A en croire les responsables de l’Office des céréales, « sur 12 grandes sociétés de renommée mondiale ayant retiré les cahiers des charges auprès de l’OAIC, 6 ont déjà formulé des demandes d’achat d’orge ».
Ce qui est un premier pas encourageant pour le secteur de l’agriculture qui compte élargir l’opération à d’autres produits.
Reste à savoir si l’exportation de l’orge, annoncée pour les prochains jours, est une démarche structurelle ou conjoncturelle. Tout repose, évidemment, d’abord sur le niveau de production mais aussi sur les moyens à mettre en place pour la commercialisation du produit algérien.
Par : Ryadh El Hadi