«Depuis quand l’administration défend les citoyens contre les élus? Qu’elle le défende d’abord contre elle-même.»
La suspension de Boucenna Zouhir, président de l’APC de Kouba de ses fonctions la semaine dernière par le wali d’Alger «est illégale, infondée et arbitraire», a estimé hier Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, à l’occasion d’une conférence de presse qu’elle a animée au siège de son parti en compagnie du P/APC de Kouba. Les poursuites pour lesquelles le P /APC est suspendu ne correspondent pas au contenu de l’article 43 de la loi communale 10-11 évoquant les délits pour lesquels un élu peut être suspendu, à savoir le détournement des deniers publics, l’atteinte à l’honneur et des poursuites judiciaires entravant l’exercice de son mandat, a ajouté Hanoune.
Le P /APC de Kouba est suspendu, indique Hanoune, pour deux affaires ayant trait à l’immobilier. La première plainte a été émise par le fils d’un ex- ministre qui a été empêché par le maire d’accaparer une assiette foncière appartenant à l’APC et jouxtant sa villa. La deuxième plainte a été déposée par l’Ecole supérieure des enseignants (ENS) en raison de la signature du maire de deux permis, l’un pour démolir et l’autre pour construire une habitation à l’intérieur de l’ENS. «Le maire dans toutes ces affaires n’a fait qu’appliquer la loi et les décisions émanant des autres directions concernées par la question du foncier», a expliqué la Première Dame du PT, soulignant que ces plaintes ont été déposées en février 2016 près le tribunal d’Hussein-Dey. Pourquoi avoir attendu autant de temps pour appliquer ladite décision?
Louisa Hanoune est affirmative: «La suspension du maire de Kouba a un rapport direct avec les échéances électorales prochaines. On a suspendu le P/APC du PT pour en installer un autre issu des autres partis proches du pouvoir pour falsifier comme d’habitude les listes électorales». Et de se demander: «Depuis quand l’administration venge des citoyens contre les élus? Qu’elle les venge d’abord contre elle ayant l’habitude de les mépriser et de bafouer leurs droits!». Le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, selon Louisa Hanoune, s’est précipité dans l’application de cette décision et il y a lieu de s’interroger s’il a agi en son âme et conscience ou s’il a reçu des instructions d’en haut. La deuxième éventualité est fort possible, laisse entendre Hanoune.
D’autant plus que le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bedoui a déclaré au mois de juin dernier que la décision de la suspension des élus est inutile et il est temps de la réviser.
«Nous ne sommes pas dans un Etat de droit. La République n’est pas seulement une Constitution, un hymne national et un drapeau. La République, c’est la justice indépendante et des pratiques quotidiennes», clame Hanoune, exhortant les pouvoirs publics à avoir honte de ces manoeuvres et agissements. «Au lieu de vous intéresser à ce que disent de vous les Américains, occupez-vous plutôt des affaires internes de la société complètement désemparée.»
Louisa Hanoune a fait allusion au dernier rapport des Etats -Unis sur le respect de la liberté des cultes en Algérie. «Les Etats-Unis ne font pas des éloges gratuits. S’ils ont émis un tel rapport, c’est parce qu’ils visent des intérêts et veulent exercer davantage de pressions sur certaines positions de l’Algérie.» De son côté, le P/APC de Kouba se disant surpris par la brutalité de la décision, a fait savoir qu’il a introduit un recours auprès du tribunal d’Hussein-Dey pour sa réintégration dans les plus brefs délais.