Le tribunal criminel de Dar El Beida à Alger a ouvert, ce dimanche 10 octobre 2021, le procès de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh. Lors de son audition, l’ancien garde des Sceaux a lâché des révélations surprenantes.
Le procès en question concerne l’affaire dite des « SMS » qui implique plusieurs autres anciens hauts responsables et oligarques de l’époque du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Plusieurs anciens magistrats sont impliqués dans l’affaire.
Il s’agit, également de l’ancien inspecteur général du ministère de la Justice, Tayeb Belhachem, de Said Bouteflika, d’Ali Haddad, et de Chakib Khellil, son épouse et ses deux enfants actuellement en fuite.
Lors de son audition, l’ancien garde des Sceaux a d’emblée qualifié cette affaire « grave précédent ». À l’adresse du juge, le principal mis en cause est revenu notamment sur son incarcération intervenue, selon lui « sous des motivations politiques ».
Louh a, en effet, déclaré au juge que son incarcération a eu lieu « dans un contexte inconstitutionnel sous un président n’était pas élu (Abdelkader Bensalah NDLR) ». « L’instruction a été entamée à l’époque d’un ministre nommé de manière illégitime à la demande de l’ancien ministre de la Défense, le défunt Ahmed Gaïd Salah ».
Les graves révélations de Tayeb Louh
À ce propos, l’accusé souligne que « la constitution ne permettait pas un remaniement du gouvernement ni des limogeages avant l’élection d’un président. Le chef de l’État n’a pas de prérogatives de remaniement du gouvernement ».
Ceci dit, l’ancien ministre de la Justice ajoute que « Zeghmati était mon ancien collègue qui a travaillé sous mon autorité avec le président de la Cour pendant deux ans ». Ensuite, il ajoute à l’adresse du juge : « l’affaire est en cours d’instruction. Tout ce que je pourrais dire pourra porter atteinte au secret de l’instruction ».
Selon lui, « l’affaire est extrêmement dangereuse, par conséquent, je vous laisse examiner mon dossier en votre âme et conscience. On disait de moi que j’ai ouvert de nombreuses affaires dont une enquête sur le fils du défunt (l’ancien chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah) ».
Pour rappel, l’affaire en question concerne les « SMS » que Tayeb Louh échangeait avec Saïd Bouteflika et ceux échangés entre ce dernier et Ali Haddad. Selon l’enquête judiciaire, ces messages seraient en lien avec des instructions données aux magistrats pour l’annulation des mandats d’arrêt lancés contre Chakib Khellil et les membres de sa famille.