Le ministre de la Justice, TayebLouh, a présenté avant-hier devant la commission des affaires juridiques et administratives et des libertés de l’Assemblée nationale un exposé sur le projet de loi portant code du commerce.
Or le titulaire du portefeuille du commerce est détenu par Amara Benyounès, et c’est à lui que devait échoir le devoir de présenter sa loi devant les députés.
Mais c’est un autre ministre, en l’occurrence Louh, qui s’est chargé d’expliquer le nouveau projet de loi. Le ministre du Commerce, Amar Benyounès, n’est-il plus en odeur de sainteté en haut lieu ? Sa dernière déclaration en rapport avec l’usine Peugeot a-t-elle accéléré son isolement au sein du gouvernement ?
En effet, depuis quelque temps, Benyounès paraissait de plus en plus en retrait après l’affaire de l’autorisation des boissons alcoolisées : « Je ne suis pas un religieux ou un imam ; je suis ministre de la République. Ce qui est important pour moi est ce qui est légal ou illégal aux yeux de la loi », a-t-il lâché. Avant-hier, il a réagi à l’information faisant état de la possible implantation de Peugeot en Algérie avec des propos très énigmatiques.
« Il (le projet) n’a pas été traité. On ne l’a pas encore vu. Il n’est pas sur la table du gouvernement. Je ne sais pas du tout de quoi il s’agit », a-t-il affirmé mettant les responsables français et algérien dans la gêne.
Ce dernier est peut-être un ministre marginalisé mais « indispensable » au gouvernement. Il est le seul qui tienne tête aux islamistes. Volontairement discret, Benyounès a donné pourtant des gages de discipline dans un exécutif où il n’a jamais été autant marginalisé. Pourtant il s’est attelé à la réduction des importations, avec notamment la mise en place des licences d’importation, qui a grandement mis en colère le cartel des importateurs.
Ensuite il s’est lancé dans la lutte contre l’évasion fiscale et le transfert de devises, autre secteur détenu par les nababs du commerce extérieur qui ont vite fait réagir leurs relais médiatiques et politiques. S’il tient encore bond c’est qu’il y a une baraka qui veille sur lui. Le ministre est connu pour ses sorties « coup de gueule ». C’est lui en effet qui a été le premier officiel à dénoncer l’accord d’association avec l’UE.
Dans un entretien accordé à une revue du Parlement européen, dix années après l’entrée en vigueur de cet accord, Benyounès estime qu’il « n’a pas eu l’effet escompté ». Particulièrement au niveau de la promotion des exportations hydrocarbures, de l’attrait des investisseurs étrangers (IDE).
C’est la raison pour laquelle il a plaidé pour une sorte d’aggiornamento, considérant qu’une « analyse approfondie » est nécessaire pour dégager une « démarche cohérente et de rigueur » afin de faire évoluer cet accord vers un accord dynamique reflétant les objectifs de la politique économique algérienne.
C’est lui encore qui a accusé les concessionnaires automobiles de pratiquer la fraude fiscale. « Nous nous sommes rendu compte d’une chose qui est quand même incroyable : c’est parmi les plus grands vendeurs de voitures en Algérie qu’il y a moins de déclarations d’impôts. Cela veut dire que leurs marges (bénéficiaires) sont faites à l’étranger » dit-il. Enfin, une mission attend Benyounès : l’adhésion de l’Algérie à l’OMC avant la fin de l’année 2015. Il aurait certainement aimé être à la tête d’un autre département que celui du commerce.