Au-delà du 9 juillet prochain, on sera en plein vide constitutionnel, estime la politologue Louisa Dris Aït-Hamadouche, qui invite la classe politique à plus de synergie avec le mouvement populaire à l’effet, selon elle, de créer le rapport de force nécessaire à même d’imposer une transition démocratique.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – Car, pour l’enseignante en sciences politiques, qui intervenait, hier lundi, au forum du quotidien Le Courrier d’Algérie, les négociations avec le pouvoir réel sont «inévitables» tant il s’agira, a-t-elle expliqué, d’une «transition actée» et pas d’une «transition de rupture» comme ce fut le cas en Tunisie où le pouvoir en place s’est totalement effondré en seulement trois semaines de contestations populaires, invitant à éviter toute «transition octroyée» comme ce fut le cas au lendemain d’Octobre 1988 quand tout a été fait pour éviter le changement politique profond revendiqué. Celle qui se dit convaincue que «le pouvoir en place ne cédera pas, du moins pas tout aussi facilement et pas dans l’immédiat, estime que les rapports de force actuellement entre les protagonistes (pouvoir-contestation populaire et classe politique) sont équilibrés, faisant remarquer que si la constatation sociale est forte, la classe politique est faible» du fait, selon elle, qu’on a «délibéralisé la vie politique nationale durant le long règne du Président déchu», Abdelaziz Bouteflika.
Estimant que «nous ne sommes pas dans une impasse comme le pense plus d’un, mais dans une période naturelle de surenchères» ou de «pré-transition», Aït-Hamadouche invite, néanmoins, à faire l’économie de toute «précipitation» qui risquerait, avertira-t-elle, de nous «replonger» dans le même système, sinon pire. Elle en veut pour preuve les tensions qui commencent à émerger, ce qui, rassurera-t-elle, est le propre de toute révolution. D’où son plaidoyer pour une transition pouvant aller d’une année à deux années, le temps de permettre «l’émergence d’une nouvelle élite politique et associative» qui aura à veiller sur la «consolidation» des acquis engrangés et ainsi tout «retour de manivelle».
Évoquant la dialogue auquel le pouvoir vient d’appeler, la politologue estime qu’il n’y a pas de voie autre que le dialogue ou plutôt les négociations , estimant que le pouvoir en place est dans son rôle de tout faire pour demeurer en place, en ayant une vision la plus minimaliste possible, celle de sortir de la Constitution pour y retourner le plus rapidement possible et s’assurer ainsi la «pérennité», prévoyant que si les «conditions objectives de la tenue d’une élection transparente ne sont pas réunies, il est évident que la prochaine élection présidentielle connaîtra le même sort que celles avortées, plaidant pour des mesures d’apaisement dont, citera-t-elle, l’arrêt des arrestations arbitraires, la libération des prisonniers d’opinion ou encore la libéralisation de l’action politique en elle-même en sus du renvoi des personnalités qui sont profondément rejetées par la population, à savoir le Premier ministre et le chef de l’État intérimaire.
M. K.