Louisa Hanoune, qui a prononcé lundi un long discours au siège de son parti à l’occasion du 29 anniversaire du parti des travailleurs (PT), met en garde. Cette fois-ci pas contre une menace extérieure, mais contre un risque de troubles à l’intérieur du pays. En cause, les prémisses d’une politique d’austérité que le gouvernement serait, selon elle entrain de préparer, dans le cadre de la loi de finance complémentaire.
Des argumentations tous azimuts y sont contenues, selon les indiscrétions rapportées ici et là. On parle ainsi de l’augmentation des prix des carburants avec la mise en place d’un système de paliers, de nouvelles taxes sur les véhicules de grande puissance, sur les alcools et le tabac…
Des projets pourtant annoncés en grandes pompes et qui risquent de passer à l’instar du grand port du centre pour lequel il va falloir trouver des financements en dehors du trésor public. C’est le ministe Boudjemâ Talai qui l’a dit dimanche. Des projets annoncés par Sellal lors de ses tournées dans les wilayas risquent aussi d’être sacrifiés sur l’autel des arbitrages imposés par la baisse des revenus pétroliers.
Mais Louisa Hanoune met en garde contre cette politique, car selon elle, ce serait faire le lit à Daech en Algérie. Quelle est alors l’alternative ? Taper dans les poches des riches et récupérer l’argent de la corruption. Facile à dire, mais impossible à faire, devant une oligarchie de plus en plus puissante, politiquement et financièrement.
Justement cette oligarchie en a eu encore pour son compte lors de la conférence de Mme Hanoune. Elle appelle à la mise en place d’un « front intérieur pour barrer la route à cette oligarchie qui constitue, selon elle, un « danger interne qui appellera un danger qui viendra de l’extérieur. « Si on ne fait rien pour stopper l’oligarchie et lutter efficacement contre la corruption et tous les maux qui rangent la société et former un front intérieur, le pays risque de s’effondrer. Car le danger interne ouvrira la porte au danger externe qui plane sur le pays», insite Louisa Hanoune.
Même le président Bouteflika, qu’elle épargnait jusque-là dans ses diatribes ne trouve plus grâce à ses yeux. Sans aller jusqu’à l’accuser de trahison, elle lui fait un procès par rapport aux réformes politiques.
« Nous avons pendant 10 ans attiré l’attention du président sur la nécessité d’aller vers des réformes profondes. Chose qu’il avait fini par accepter et annoncer en 2011 avant de réitérer solennellement son engagement lors de la cérémonie de son serment au lendemain de son élection pour un quatrième mandat. Mais à ce jour rien n’est encore fait» se désole la chef du PT qui relève, en revanche, les proportions phénoménales prise par la corruption.
Ainsi déçue par le pouvoir , Louisa Hanoune annonce un changement de cap en décidant de « s’orienter vers le peuple » en réactivant des comités populaires, comme dans les années quatre-vingt-dix.