Lounis Aït Menguellet en concert événement demain à la coupole «Je ne renie rien de mon parcours»

Lounis Aït Menguellet en concert événement demain à la coupole «Je ne renie rien de mon parcours»

à travers cet entretien, Lounis Aït Menguellet parle des préparatifs du concert événement qu’il animera demain à la coupole et révèle quelques détails qui entoureront l’événement. Il parle également de son nouvel album dont la sortie est prévue fin avril prochain.

La Dépêche de Kabylie : Lounis Aït Menguellet en concert à la coupole d’Alger. Ce n’est pas un rendez-vous quelconque pour vous, non ?

Lounis Aït Menguellet : Je vous réplique par une question (rire !). Savez-vous tout d’abord qu’on est collègues ?

C’est-à-dire ?

Et bien, sachez que j’ai déjà écrit comme journaliste pour La Dépêche de Kabylie. Et j’ai toujours ma carte de presse. Ma mission était de faire de longs entretiens avec nos artistes et personnalités. Je me souviens d’ailleurs du dernier, c’est avec Kamel Hamadi que je l’avais fait.

Et vous êtes tenté de poursuivre l’expérience ?

Si ça vaut la peine, je recommencerai avec plaisir. Il n’y a pas de raison pour que je m’arrête. Et je suis toujours prêt à le faire dès que l’occasion se présentera, même si j’avoue que c’est difficile avec le calendrier qui m’attend en termes de représentations artistiques.

Venons-en à ce concert événement de demain à la coupole. Que pouvez-vous dire d’emblée sur ce rendez-vous. Il est spécial pour vous ? 50 ans de carrière, ce n’est quand même pas rien…

On le prépare de la meilleure façon possible. Sur le plan musical, on a multiplié les répét’ à Tizi-Ouzou, à la maison de la culture, et j’en profite pour dire mes remerciements à la direction de l’établissement. Pour le spectacle proprement dit, disons qu’il se présente sous deux aspects. Il est spécial dans le sens où le programme est différent des concerts précédents habituels. Et je dirai, aussi, pas vraiment spécial, puisque c’est quelque chose qu’on a déjà expérimenté au Zénith de Paris et qu’on veut juste reproduire. Pratiquement, au détail près. C’est un spectacle varié avec des chansons piquées tout au long du répertoire, tout au long de ces 50 ans de mon parcours. C’est le but d’ailleurs : fêter les 50 ans. Ceci pour un peu replacer l’évènement dans son contexte, car il y a beaucoup de gens qui me demandent si je chanterai du nouveau, de nouvelles chansons, je veux dire sur scène. Je dis non, parce que 50 ans de chansons ça suppose déjà qu’on va piocher dans ce qui a été fait. C’est le principe arrêté, ou plutôt le thème du rendez-vous. Je dirai que c’est plus logique. J’ai élaboré un programme qui fait des clins d’œil à toutes mes années de chant.

Est-ce chose aisée de résumer toute une carrière ? 50 ans en un spectacle ?

Disons que je n’ai pas cette ambition-là. Je ne peux pas résumer 50 ans de carrière en une séance de chant, c’est clair. Dans mon nouvel album, j’ai d’ailleurs tenté une chanson autobiographique, mais je ne prétends pas résumer 50 ans dans ce titre. C’est juste prendre les repères les plus marquants et j’en ai fait une chanson. C’est la même chose pour le spectacle de ce vendredi.

Pouvez-vous donner plus de détails sur le programme. Est-ce qu’il y aura des artistes avec vous sur scène ?

Franchement, je ne sais pas. c’est un peu délicat. C’est ce qu’on avait pensé déjà à faire au Zénith, à Paris. Mais à bien y réfléchir, j’ai pensé qu’inviter des artistes me mettrait face au risque d’en oublier d’autres, et ce n’est pas ça du tout. Les inviter tous nommément, ce n’est pas possible non plus. Une chose est certaine, les miens, et les artistes de manière générale, n’ont pas besoin d’invitation pour venir et j’imagine qu’ils seront là en force. Par contre, chanter une chanson ensemble à la fin, ça c’est du domaine du possible avec ceux qui seront là bien sûr. Mais dire que chaque chanteur va passer seul sur scène, ce ne serait certainement pas possible.

Mais il y a sans doute quelques noms qu’on ne peut dissocier au vôtre, et leur éventuelle absence n’est pas du tout imaginable à ce concert…

Des artistes qui m’ont marqué en tant qu’artiste, c’est sûr que leur présence ne sera que naturelle. Je parle surtout des anciens, Kamel Hamadi, Nouara, Ben Mohammed, Yahiatène et j’en passe… Mais voilà qu’en citant des noms, je risque de mettre les gens dans la gêne, alors qu’ils ont chacun leurs soucis. Mais il reste qu’ils occupent une place chez moi. Il y a aussi ceux qui ne sont plus de ce monde que je n’oublie pas. Comme j’ai du respect aussi pour les jeunes talents qui montent. Aussi, il ne faut pas oublier le public, c’est grâce à lui que nous sommes, chacun, ce qu’on est devenus. Sans le public, on n’est rien. Maintenant, pour en revenir à mon chant, si je chante des chansons des anciens c’est parce que ce sont des anciens, ce sont des chansons qui représentent quelque chose pour moi, dans ma vie, dans mon parcours. Cela dit, quand on me reproche de ne pas citer untel ou untel, c’est parce que je ne peux pas être exhaustif.

On imagine qu’il y aura aussi beaucoup d’officiels…

La question des officiels ne se pose pas pour moi, parce que c’est l’ONDA qui organise. Je tiens à le souligner, c’est l’ONDA qui est l’initiateur de l’événement. C’est l’ONDA qui a tenu à m’organiser ce concert. L’ONCI (l’Office national de la culture et de l’information) n’est qu’un exécutant. Parce que, juridiquement parlant, l’ONDA n’a pas le droit d’organiser ce genre de manifestations. C’est donc Monsieur Bencheikh, le Directeur de l’ONDA, qui a eu cette initiative. Je tiens à souligner encore une fois que l’ONDA est notre maison, c’est chez nous. C’est la maison qui défend nos droits.

Vous évoquiez tout à l’heure le concert du Zénith. Pourquoi en fait avoir choisi Paris pour lancer ce cycle de concerts de vos 50 ans de carrière ?

Je dois d’abord clarifier un point. Il y a des choses que les gens ne savent pas forcément. Organiser un spectacle en France, demande beaucoup de temps. La salle est louée à l’année à de grosses boites et généralement un artiste sous-loue encore, et on n’a pas toujours les dates qu’on veut. C’est tout de même Paris et il s’agit du Zénith qui est pris le long de l’année. Ici, c’est beaucoup moins compliqué pour de multiples raisons. Donc, le Zénith était prévu depuis longtemps. Voilà pourquoi l’événement a démarré en France. Mais le Zénith était un spectacle pour nos concitoyens. Ici ou là-bas, c’est toujours pour les miens.

Après la coupole, quelle sera votre destination ?

Après la coupole, il y aura le gala de Montréal, puis un autre à Lyon et ça devrait s’enchaîner encore. Mais je n’ai pas en tête toutes les salles et toutes les dates. De toutes les façons on avisera avec le temps et puis il y a la page officielle Lounis Aït Menguellet où toutes les dates sont consignées.

Peut-être quelques mots sur votre nouvel album ?

Le titre phare de l’album est «Tudert-nni», une chanson autobiographique qui se rapporte aux 50 ans de ma carrière. Il y a une autre chanson «Tajmilt i wigad-iw», c’est-à-dire aux gens qui m’ont suivi durant tout ce parcours. Je trouve que c’est la moindre des choses, pour les remercier de leur fidélité. Les autres ne sont pas concernés (rires), mais non je blague ! En tout, il y a sept chansons dans l’album.

Des chansons d’amour, peut-être ?

Oui, justement, il y aura un hommage pour l’amour, d’ailleurs c’est le titre de l’une des deux chansons d’amour que contient l’album (Tajmilt i tayri). On a trop tendance à croire qu’on commence (nous les artistes) par les chansons d’amour quand on est jeunes, et quand on grandit, on renie nos idées. Moi, je ne renie rien du tout. Les chansons d’amour m’ont permis de m’épanouir et c’est la moindre des choses de le reconnaître. Donc, il y aura deux chansons d’amour dans cet album. Je dirai mieux, je chanterai l’amour au présent, mais bien sûr qui fait appel à la nostalgie. Et puis, il y a mille façons de chanter l’amour. Chanter l’amour, ce n’est pas seulement dire «je t’aime et tu m’aimes».

Et la sortie de cet album est prévue pour quand ?

Ca se fera fin avril ici en Algérie, et il sera téléchargeable sur le Net pour les fans établis à l’étranger.

Peut-être un message aux fans qui attendent avec impatiencece rendez-vous de la coupole…

Je leur dirai qu’ils seront tous les bienvenus. C’est grâce à eux que nous, nous sommes là, aujourd’hui. Je ne vois pas le but de mon chant sans eux.

Avant de finir, on dit que votre cachet de ce spectacle sera versé intégralement à l’association El Fedjr d’aide aux personnes atteintes de cancer…

Effectivement, j’offre mon cachet à cette association admirable qui fait un travail extraordinaire pour les cancéreux. Vous savez aussi bien que moi que le cancer est le fléau du siècle qui touche aussi bien les classes aisées que les classes défavorisées. Evidemment, on pense beaucoup plus aux classes défavorisées qui n’ont pas les moyens de se prendre en charge. J’ai choisi une association d’envergure nationale, de manière à ne pas faire de discrimination. Et ça reste une petite initiative de notre part. C’est une action parmi d’autres que nous avons déjà faites auparavant. L’humanitaire ne m’est pas inconnu. Donc, j’ai décidé de renouer avec ça à l’occasion de ces 50 ans. Une suite logique à mon sens de ce que j’ai déjà fait par le passé, même si parfois ce sont là des actions que je préfère ne pas médiatiser.