L’ouverture partielle de l’autoroute Est-ouest fait des victimes

L’ouverture partielle de l’autoroute Est-ouest fait des victimes

La route de l’assurance ou… de la mort ?

Depuis l’ouverture partielle de l’autoroute Est-Ouest, il ne se passe pas un jour ou une semaine sans que l’on apprenne, notamment à travers la presse, que des accidents y sont survenus, malheureusement assez souvent mortels.

Que ce soit à l’Est, au Centre ou à l’Ouest du pays, le lot des victimes recensées au niveau de cette voie, aussi magnifique soit-elle, ne prête guère à l’optimisme.

Tout récemment, vers la fin du mois d’avril, il y a eu deux morts sur le tronçon Sidi Bel-Abbès – Tlemcen alors qu’en août dernier, à Chlef, deux personnes avaient été tuées et une autre grièvement blessée suite à un accident de la circulation survenu sur le tronçon de l’autoroute Est-ouest, à l’entrée de la localité de Harchoune.

Les victimes, un homme et une femme, sont mortes après le dérapage de leur véhicule. Bien avant, à l’est du pays, passant par Bordj Bou Arréridj, un homme âgé de 40 ans circulant à bord d’un véhicule léger y a perdu la vie dans une collision avec un engin de travaux publics, en plus de ce jeune qui a perdu la vie sur le tronçon situé près de Blida.

Pourtant, selon les spécialistes, notamment ceux du secteur des travaux publics, l’autoroute est censée répondre à plusieurs attentes, entre autres les besoins en matière de transport, l’amélioration de la sécurité dans les transports, la réduction du coût social induit par l’insécurité routière et le gain de temps pour les usagers.

Le ministre en charge de ce projet avait lui-même, à maintes reprises, estimé que le nombre d’accidents enregistrés ça et là ne pouvait que diminuer puisque les statistiques, de par le monde, attestaient que, à chaque fois qu’une autoroute était mise en service, le nombre des accidents diminuait d’au moins 6 fois. Ce serait encore meilleur si certains automobilistes respectaient les règles imposées au niveau de la circulation sur l’autoroute.

Certes, il a été parfois enregistré des défaillances auprès de certaines entreprises dans la sécurisation de leurs chantiers, ce qui a engendré de nombreux accidents sur les différents tronçons de l’autoroute Est-ouest ouverts à la circulation, mais cela n’explique pas tout puisque, sur une route à six voies, à sens unique et séparée au milieu par une glissière en béton, certains énergumènes ne mesurent pas le danger et jouent carrément au rallye automobile.

Il y a ainsi des chauffards qui n’hésitent pas à appuyer sur l’accélérateur jusqu’à ce qu’ils atteignent des vitesses vertigineuses qui donnent froid au dos. Flirter avec les 200 km/h, alors que la vitesse autorisée est de 120 km/h, est même devenu le dada de certains automobilistes, qui mettent ainsi leur vie en danger par insouciance.

Pour B. Hamid, 48 ans, taxieur qui emprunte depuis quelque temps l’autoroute, les accidents devraient en principe diminuer sur l’autoroute par rapport aux routes nationales, mais le comportement des automobilistes en est la principale cause. Il dira : « J’ai vu des types qui roulaient à très grande vitesse sur le tronçon Ouest-centre et, surtout, effectuaient des dépassements très dangereux sans se soucier des autres voitures.

Ce sont surtout les grosses cylindrées qui font ces dépassements, car ceux qui les conduisent croient être infaillibles et que rouler par exemple à 120 km/h sur une Mercedes ou une BMW ne les convainc que rarement ». Quant à R. Rachid, 34 ans, motard de la sécurité routière, il nous fera cette remarque:

« Verbaliser ne semble pas suffire à certains individus qui se comportent dangereusement sur l’autoroute, puisqu’ils mettent leur vie en danger, mais également celle des autres. Nous sommes continuellement aux aguets car, en plus de corriger ces chauffards qui se mettent hors la loi, il faut aussi, continuellement, les sensibiliser afin qu’ils ne rééditent plus ces dépassements ».

De son côté, B. Achour, 56 ans, retraité qui effectue assez souvent le trajet entre Oued R’hiou et Oran, fera cette remarque: « Il est vrai que l’autoroute est une bonne chose, mais malheureusement, je pense pour ma part qu’il manque la signalisation car certains endroits sont dangereux et seule une bonne signalisation peut éviter des drames ».

En attendant l’ouverture officielle de l’autoroute Est-ouest, espérons que le nombre de victimes diminuera et que, surtout, celui des « imprudents » qui semblent avoir la peau dure en dépit du durcissement de la loi concernant le code de la route, se réduise davantage.

S.A. Tidjani