L’organisation joue un rôle important dans la vie politique libanaise…
Les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé ce lundi d’inscrire la branche armée du mouvement chiite libanais sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, a-t-on appris de sources diplomatiques.
Les ministres, réunis à Bruxelles, ont cependant affirmé leur volonté de «poursuivre le dialogue» avec tous les partis politiques libanais, y compris le Hezbollah, qui joue un rôle de premier plan, a-t-on appris de même source.
Le Hezbollah est un allié indéfectible de l’Iran, qui l’a créé en 1982, et de la Syrie qui l’a très longtemps aidé militairement. Ce «parti de Dieu» a été créé à l’initiative des Gardiens de la Révolution iraniens, dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban. Il devient rapidement le fer de lance contre l’occupation israélienne du Liban-sud et ses opérations meurtrières contraignent en 2000 l’État hébreu à retirer ses troupes du Liban après 22 ans d’occupation.
Ce combat, couplé à un solide réseau d’aides sociales, a rendu le parti très populaire, notamment au sein de la communauté chiite (30% de la population).
Haine d’Israël
Remarquablement organisé, le Hezbollah rassemble des milliers de militants actifs et dispose d’un puissant service de sécurité et de renseignements, ainsi que de son propre réseau de télécommunications. Vivant dans la culture du secret, il voue une haine tenace à Israël.
Mais il a aussi sa face sombre. Selon les services de renseignements occidentaux, sous le label du «Jihad islamique», le Hezbollah a été l’auteur du rapt de nombreux occidentaux au Liban dans les années 80.
Il est aussi accusé par la Bulgarie d’être derrière l’attentat anti-israélien perpétré le 18 juillet 2012, comme il fut soupçonné par l’Argentine d’être avec l’Iran responsable de l’attentat à la voiture piégée en juillet 1994 contre un bâtiment regroupant des organisation juives à Buenos Aires (84 morts).
Force armée
Officiellement, le Hezbollah ne fait pas de différence entre sa façade politique et sa branche militaire, car il se présente comme un «parti de la résistance» contre Israël, et il n’a pas été désarmé à la fin de la guerre civile (1975-1990) contrairement aux autres milices libanaises. S’il ne dispose que de 11 députés au Parlement sur 128 sièges, il y joue toutefois un rôle essentiel grâce à ses alliés.
Financé et armé par Téhéran, aidé par Damas qui favorise le transfert d’armes et de munitions, ce mouvement, dirigé par son chef charismatique Hassan Nasrallah, a déclenché en 2006 une guerre avec l’Etat hébreu, en enlevant deux soldats israéliens.
Israël riposte par une offensive dévastatrice mais sans pouvoir neutraliser le parti, qui apparaît alors en position de vainqueur. Cet épisode marquera son apogée. Le mouvement commence ensuite à être de plus en plus critiqué par une partie de la population.
Prise de position en faveur du régime syrien
En 2008, lors d’affrontements meurtriers entre ses partisans et ceux de Saad Hariri (sunnite), alors un des dirigeants de la majorité parlementaire, le Hezbollah prend pendant quelques jours le contrôle du secteur à majorité musulmane de Beyrouth.
Il confirme ainsi sa puissance militaire mais son image de défenseur de la nation se trouve écornée car il s’empêtre dans les rivalités confessionnelles. Selon l’expert libanais du Hezbollah Waddah Charara, il compte 20.000 combattants dont 5.000 parfaitement aguerris et mobilisables immédiatement, formés en Iran.
Accusations d’attentats
L’acte d’accusation émis par le Tribunal spécial sur le Liban contre quatre de ses cadres impliqués dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, l’affecte également, même si ses responsables parlent de complot.
Le conflit en Syrie, où une révolte populaire déclenchée en mars 2011 est violemment réprimée par le pouvoir, ternit encore un peu plus son image. Le Hezbollah prend en effet position sans ambiguïté en faveur de Bachar al-Assad et ses troupes d’élite combattent aux côtés de l’armée syrienne. Avant la décision de l’UE, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Australie ont déjà classé le Hezbollah sur leur liste noire.