Lutte anti-terroriste: nécessité d’entreprendre des actions pour « déradicaliser » les jeunes

Lutte anti-terroriste: nécessité d’entreprendre des actions pour « déradicaliser » les jeunes

Le Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), Smail Chergui, a souligné mardi à Alger la nécessité pour les pays africains d’entreprendre des actions susceptibles de « déradicaliser » les jeunes recrutés au sein des groupes terroristes.

« Il faut tout faire pour qu’il n’y ait pas radicalisation des jeunes et pour tenter de déradicaliser ceux qui peuvent être récupérés », a dit l’invité de la rédaction de la chaîne 3 de la radio algérienne soulignant qu’ »aucun pays au monde n’est à l’abri des actes terroristes ».

« Les défis que nous devons relever aujourd’hui c’est de faire attention à tout ce qui se fait sur internet notamment les réseaux sociaux parce que cela fait partie de la guerre qu’il faut gérer aujourd’hui », contre le terrorisme, a mis en garde M. Chergui.

Le diplomate a aussi souligné que la « lutte antiterroriste au plan sécuritaire et militaire ne suffit pas. Il faut nécessairement qu’il y ait des projets économiques qui peuvent donner espoir à ces jeunes qu’on radicalise ».

Parmi les actions qu’il faut entreprendre pour déradicaliser les jeunes ou les empêcher de rejoindre les groupes terroristes, M. Chergui a évoqué  la nécessité de « donner l’espoir et lancer des programmes afin de vraiment répondre aux problèmes socio-économiques de la population ».

A une question sur les moyens de financement des groupes terroristes notamment le groupe autoproclamé « Etat islamique » (Daech/EI), M. Chergui a indiqué que leur financement provient de tous les trafics d’armes et de drogue surtout.

« L’Afrique non seulement est un lieu de transit des drogues dures qui viennent d’Amérique latine et d’Asie mais aussi il y’a des pays qui produisent le cannabis donc c’est aussi une source importante dans la mesure où ces groupes terroristes sécurisent le passage des trafiquants et récupèrent énormément d’argent », a-t-il ajouté, estimant qu’entre 3.000 et 6.000 jeunes africains sont partis rejoindre les groupes terroristes au Moyen-Orient.

Quant à la prise de conscience sur la menace terroriste qui pèse dans la région, M. Chergui a indiqué que « depuis les attentats sanglants de Paris (13 novembre) il y’a une plus grande mobilisation en particulier au Moyen-Orient où maintenant ce qui constituait l’origine des ressources de Daech est directement visé », espérant à cet égard que « cette nouvelle réorientation de la lutte antiterroriste dans ces régions aura son impact non seulement sur les ressources mais aussi sur la tarissement des recrutements des jihadistes ».

S’agissant du paiement de rançon (plus au moins accepté au niveau international et à l’ONU), le Commissaire à la paix et à la sécurité a réitéré la position de l’UA qui « appelle à réellement interdire totalement le paiement de rançons aux terroristes ».

« C’est un travail qui doit être fait non seulement au niveau d’Afrique mais aussi au niveau global parce qu’il est question de suivre au peigne fin toutes les voies que peut prendre l’acheminement du financement ».

Il a en outre réaffirmé le rôle important que joue l’Algérie en matière de lutte antiterroriste, soulignant que l’organisation, ces derniers jours, par l’Algérie de la réunion d’AFRIPOL (mécanisme de coopération policière africaine) est « un témoignage de ce qu’elle fait pour promouvoir la lutte antiterroriste et partager son expérience avec les pays africains et en particulier avec son voisinage ».