Dans son dernier communiqué, daté du 6 août, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a démenti avoir subi de lourdes pertes à Batna. Selon des bilans de presse obtenus de sources sécuritaires mais jamais confirmé officiellement, au moins 24 terroristes auraient été tués ces derniers jours à Batna. Dans le même communiqué AQMI affirme avoir tué et blessé au moins 114 membres des forces de sécurité à travers une vingtaine d’attentats perpétrés dans plusieurs wilayas du pays. Le communiqué de l’organisation terroriste donne des détails précis sur les attaques : les lieux, les personnes ciblées,etc…
Pour certains, les démentis de l’AQMI sur des pertes dans ses rangs font partie de la propagande habituelle du groupe armé. Mais, pour un ancien haut responsable de la lutte antiterroriste, cet argument ne tient pas la route. Car les affirmations d’Al-Qaïda, si elles sont fausses, peuvent facilement être contredites. « Pourquoi les forces de sécurité n’ont pas montré les images des cadavres de terroristes tués à Batna à télévision ou envoyer des photographies à la presse par exemple? », s’interroge t-il. L’absence de ces images et d’une communication officielle sur les bilans de la lutte contre le terrorisme laisse le champs libre à toutes les spéculations et favorise médiatiquement Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Autre moyen de contrer la « propagande » d’Al-Qaïda : la parole des officiels. Pourquoi aucun ministre ou porte-parole officiel ne s’exprime sur les bilans et les succès des forces de sécurité? Car une chose est sûre : la parole d’un ministre comme Yazid Zerhouni ou du DGSN Ali Tounsi a nettement plus de poids qu’un communiqué de l’AQMI.
Abattre 24 terroristes dans une opération à Batna constitue un succès considérable pour les forces de sécurité dans un contexte marqué par un retour en force des groupes armés sur le terrain. Un succès qui mérite d’être rendu public autrement que par des « sources anonymes » rapidement démenties par les communiqués d’Al-Qaïda.
Dans la lutte contre le terrorisme, la communication est un élément aussi déterminant que l’action militaire sur le terrain. Il ne suffit pas d’accuser Al-Qaïda de pratiquer la propagande. Il faut savoir lui répondre et ne pas leur laisser le champs libre. Le gouvernement est loin d’avoir opté pour la bonne stratégie de communication.
Par sonia lyes