Lutte contre la contrefaçon des produits de consommation, Les aveux d’impuissance du ministère du Commerce

Lutte contre la contrefaçon des produits de consommation, Les aveux d’impuissance du ministère du Commerce

Le ministre du Commerce, le tonitruant Amara Benyounès, a fait part, hier à Alger, de l’incapacité des pouvoirs publics à lutter, avec la rigueur qu’il faut, contre la contrefaçon.

«Nous manquons de moyens, d’une formation conséquente des agents de contrôle et de la tendance des fonctionnaires du ministère du Commerce à fermer les yeux», a en effet exprimé le ministre à l’occasion d’une demi-journée d’études consacrée à «La Contrefaçon et la Sécurité des produits industriels», abritée au sein de la salle de conférences de la Safex à Alger.

Les mots laxisme, incompétence ou bien encore corruption n’ont certes pas été prononcés par Amara Benyounès, mais il a expliqué que des actions sont actuellement engagées par le département qu’il gère, afin de circonscrire le manque d’efficacité constaté en matière de lutte contre la contrefaçon.

«Nous parlons de moins en moins de contrefaçon et de plus en plus de conformité des produits mis sur le marché national», a pour sa part déclaré Mimoune Bouras, directeur central au ministère du Commerce, chargé du contrôle et de la répression de la fraude. La contrefaçon n’existe pas que maintenant et c’est un thème repris couramment par la vox populi. C’est ainsi que le ministre n’a pas manqué de mettre en relief l’entrée prochainement du Laboratoire national d’essai (LNE), dont le siège a été élu à la nouvelle ville de Sidi-Abdellah sur les hauteurs d’Alger.

Ceci comme première mesure adoptée en guise de parade à l’anarchie du marché et le ministre du Commerce, et, à sa suite, les responsables du ministère ont fait état de l’arsenal juridique algérien censé en venir à bout. Sur leur lancée, ils ont annoncé la tenue d’un séminaire international sur la contrefaçon pour le dernier trimestre de l’année 2015 et auquel participeront des experts nationaux et internationaux de renommée mondiale.

Car l’importation est également responsable de l’écoulement sur le marché algérien de produits contrefaits et de qualité douteuse. Le dispositif juridique a été renforcé et, dans ce cadre, les producteurs sont tenus de mettre sur le marché des produits sains et de les étiqueter. De même, les intervenants officiant dans le secteur du commerce sont tenus de suivre le produit mis sur le marché et de garantir sa traçabilité. En face de l’anarchie constatée dans le secteur de l’importation, le ministre a fait lecture de la volonté des autorités publiques de mettre le holà, avec, à la clé, des mesures draconiennes en direction des importateurs. Désormais, il ne sera plus toléré qu’une même personne diversifie les importations et propose des produits disparates au gré de la conjoncture momentanée du marché, mais qu’au contraire ces importateurs seront dorénavant catégorisés en qualité de distributeurs-grossistes spécialisés.

Il s’agit, selon les explications du ministre du Commerce, de bloquer les produits contrefaits au stade même de l’importation car, en plus de constituer une menace sur la santé et la sécurité du consommateur, la contrefaçon grève lourdement les deniers publics et est source d’une hémorragie en matière de transfert illicite de devises, a martelé Amara Benyounès. Il est également revenu sur la récente décision d’accorder un registre du commerce importateur spécifique et d’un registre du commerce spécifique à l’activité d’exportation.

Des chiffres révélés par le ministre, il en ressort que l’Algérie compte environ 43 000 importateurs et qu’ils seront assujettis de s’assurer que le produit est commercialisé dans son pays d’origine, avant de pouvoir l’acquérir sur le marché national.

Hier lundi à Alger, s’est tenue une journée nationale sur la contrefaçon et la sécurité des produits industriels et à laquelle ont été conviés des représentants du ministère du Commerce et des cadres des 48 wilayas du pays. Dans le cadre de l’action du ministère du Commerce en matière de fraude, un accord a été signé avec la Sûreté nationale, en attendant des accords similaires avec les autres corps concernés, comme ceux de la Gendarmerie national ou encore des Douanes algériennes.

Mohamed Djamel