L’opération dite de lutte contre la corruption menée ces derniers mois contre certains hommes d’affaires et l’incarcération du P-DG de la BNA et de l’ancien P-DG du CPA ont créé un sérieux malaise dans les banques publiques. Certains chefs d’entreprise affirment que “les comités de crédit ne se réunissent plus” depuis déjà quelques mois. “Honnêtement je ne suis pas capable de te répondre.
Nous ne sommes pas en phase de crédit. Je sais en revanche que les banques publiques sont, pour le moment, au stade d’observation, à cause de cette opération mains propres et les suspicions sur n’importe quelle opération de crédit”, nous a indiqué un opérateur interrogé sur le gel des crédits par les banques. “Dans notre fonctionnement, nous n’avons pas constaté de blocages majeurs. On nous dit que c’est difficile. Parce qu’ils (les banquiers) ont peur d’être suspectés”, a-t-il ajouté.
Pour ce chef d’entreprise, le vrai sujet qu’il faut aborder et celui de la gouvernance des banques. Un autre dirigeant d’entreprise confirme les inquiétudes des banquiers par rapport aux enquêtes sur la corruption et la dilapidation des deniers publics. “Selon des échos, dans certaines banques, les comités de crédit ne se réunissent plus. Les responsables de ces structures ont peur”, relève notre interlocuteur. “Officiellement les banques n’ont pas reçu de notification ou des instructions pour geler l’octroi de prêts”, précise un économiste, relevant les difficultés des investisseurs à accéder aux crédits. “Ils n’arrivent même pas à faire le montage d’un crédit de quelque millions de dinars”, affirme-t-il.
Les banquiers se cachent derrière des procédures administratives pour retarder toute prise de décision liée à l’octroi des crédits. “C’est beaucoup plus un comportement de peur, que d’une instruction donnée”, a-t-il précisé. “Il y a des dossiers qui sont examinés, entre autres, pour les crédits d’exploitation pour les entreprises qui ont un historique. Mais quand il s’agit de crédit d’investissement nouveau, cela ne passe pas.
On ne dit pas non, mais on ne traite pas le dossier”, indique l’économiste. Sans aucun doute cette situation affectera l’activité économique de manière directe. Nous allons assister à un ralentissement de l’activité économique en raison certainement des perturbations liées à des problèmes de financement ou de transactions bancaires dus essentiellement à des peurs en lien avec l’opération en cours dite anti-corruption.
Le domaine qui sera le plus affecté est celui de l’investissement. Cette ambiance, pour le moins délétère, n’est évidemment pas faite pour attirer les investisseurs dont le pays a grandement besoin. La mauvaise gouvernance de l’économie algérienne constitue, malheureusement, encore un obstacle au développement et à la création d’entreprise. Pour certains chefs d’entreprise la question de la place du secteur privé et en conséquence du rôle de l’État dans la sphère économique, est la ligne de crête à franchir pour bâtir la nouvelle économie algérienne.
M. R.