Accompagné par le général major Abdelghani Hamel, et face à un parterre de cadres de la police, l’amiral Jean Dufourcq a livré, hier, sa vision concernant la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne, préconisant un certain nombre de mesures.
L’amiral Jean Dufourcq, chercheur en affaire stratégique, associé à l’Institut de stratégie comparée de l’École militaire à Paris, et membre honoraire de l’Académie de marine, a livré sa vision et sa stratégie de lutte contre le terrorisme au cours d’une conférence, sous le thème «Les Enjeux géostratégiques au Sahel et en Afrique du Nord», animée hier à l’École de police de Châteauneuf à Alger. D’emblée, l’amiral Jean Dufourcq a considéré que la stabilité et le développement du Sahel constitue un objectif et une absolue nécessité pour tous les pays de la région, y compris l’Europe. La réflexion de l’amiral Dufourcq n’engage que sa propre personne et nullement l’Institut de stratégie comparée de l’École militaire à Paris, a-t-il dit. Dans son analyse, le conférencier a considéré la région sahélo-saharienne comme la périphérie de la région du Levant qui devient un sanctuaire des groupes terroristes. Le danger émane de la région du Levant et pas de celle du Sahel. Ainsi, il a expliqué que sans une véritable politique de développement économique, aucune solution ne peut être efficace face au terrorisme. Il a exhorté les pays de la région à prendre un certain nombre de mesures qu’il a jugées nécessaires pour mieux combattre les groupes terroristes. En premier lieu, l’amiral Jean Dufourcq a préconisé la mise en place d’une «force militaire multinationale». Une sorte de coalition militaire contre le terrorisme qui doit englober les pays du Sahel, de l’Afrique du Nord et ceux de la rive nord de la Méditerranée. Le Dialogue 5+5 constitue un meilleur cadre pour répondre à la question de la constitution d’une force multinationale, a-t-il dit. Il a expliqué que cette force doit être en mobilité permanente et passer sous le commandement du pays dans lequel se déroulent les opérations d’intervention contre le terrorisme.
L’amiral Jean Dufourcq a estimé qu’il y a plus de certitude d’avorter les actions des terroristes, et de tous ceux qui s’adonnent à tous genres de trafics transfrontaliers, lorsque l’intervention militaire est coordonnée par l’ensemble des pays concernés. En deuxième point, le conférencier a préconisé la création d’un centre dédié au renseignement. Toujours dans sa réflexion, l’amiral Dufoucq a exhorté les pays sahélo-sahariens à décentraliser la décision politique pour permettre une meilleure gestion des affaires courantes des régions déshéritées. Le quatrième élément, et pas des moindres, est lié à l’impératif d’assurer une vie digne aux citoyens de ces régions. Présent au côté de l’amiral Jean Dufourc, le Directeur général de la Sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel, a tenu à apporter certaines précisions. Il a expliqué que la sécurité aux frontières ne doit pas rester synonyme d’un dispositif militaire et/ou policier à caractère coercitif. Pour le DGSN, il est temps d’intégrer les dimensions, politique, économique et sociale pour mieux assurer la sécurité aux frontières. Plus explicite, Abdelghani Hamel a expliqué que la dimension politique permettra de régler le problème de la normalisation des relations entre les États qui partagent les mêmes frontières, alors que la dimension économique permettra d’établir un dispositif qui puisse réguler l’activité économique et commerciale entre les États frontaliers.
Quant à la dimension sociale, elle permettra de régler la circulation des personnes entre les différents pays. Le général major Abdelghani Hamel n’a pas été de l’avis de l’amiral Jean Dufourcq, qui a préconisé la création d’une force multinationale. Le DGSN a motivé sa vision par le fait que la création d’une telle force exige un niveau de guerre qui doit être soutenu, or, a-t-il expliqué, la plupart de ces pays n’ont pas cette capacité d’avoir un nerf de la guerre. S’agissant de la création d’une commission de renseignement, Abdelghani Hamel a rappelé à l’amiral Jean Dufourcq l’existence du Comité d’état major opérationnel conjoint (Cemoc) avec une présidence tournante. Pour ce qui est de la proposition de la création d’une unité de recherche spécialement pour le terrorisme, le DGSN a rappelé également l’existence du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme(CAERT), chargé d’assurer une telle mission.
Hacène Nait Amara