Le marché des drogues “vient en seconde position après le marché des armes, avec plus de 500 milliards de dollars”. En Algérie, en dix ans, 86 832 affaires de trafic de stupéfiants ont été traitées par les services compétents.
Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales œuvre à la création des centres de veille destinés exclusivement à la lutte contre le phénomène de trafic de stupéfiants constituant une menace sérieuse, eu égard aux saisies annuelles opérées par les services de sécurité en Algérie.
Selon le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), Mostefa Khiati, ces centres seront bientôt mis en œuvre à l’effet de parer à ce fléau en impulsant des expériences innovantes en concertation avec tous les partenaires, notamment les organisations chargées des questions de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Depuis la grande salle des conférences du centre universitaire de Tamanrasset, où il a animé jeudi une conférence-débat autour de ce phénomène en présence du directeur du centre, Choucha Abdelghani, des autorités civiles et militaires, des étudiants et des lycéens, M. Khiati a mis l’accent sur l’importance de ces instances de veille privilégiant une conception élargie de la prévention qui peut s’inscrire dans une éducation citoyenne et scientifique intégrant une sensibilisation à l’ensemble des risques dont les influences comportementales liées à Internet et aux réseaux sociaux, notamment chez les jeunes et les moins jeunes exploités par les barons du trafic de drogue.
Pour ce faire, le conférencier a plaidé pour une coordination renforcée des parties concernées afin de susciter des réponses à la hauteur des enjeux à même de prévoir des actions de lutte visant à promouvoir le développement de la recherche multidisciplinaire à l’effet de consolider le rôle des expertises.
Pour l’exemple, le Pr Khiati a cité l’exemple des médicaments anxiolytiques mésusés et les molécules médicamenteuses interdites en Algérie mais qui sont importées frauduleusement des pays voisins sous forme de psychotropes.
Il faut savoir que le marché des drogues “vient en seconde position après le marché des armes, avec plus de 500 milliards de dollars. L’Algérie n’est pas à l’abri de ce fléau. Durant 10 ans, 86 832 affaires de trafic de stupéfiants ont été traitées par les services compétents.
En 2013, rappelons-le, 207 tonnes de cannabis ont été saisies, contre 157 en 2012 et 182 en 2014. Les chiffres donnent sérieusement froid dans le dos à l’idée de savoir que les saisies opérées ne représentent qu’une infime partie des quantités de drogues acheminées vers l’Algérie”, s’alarme le président de la Forem, précisant que 80,80% de cannabis saisi ont été récupérés dans les régions ouest en provenance du Maroc qui a consacré une superficie de 57 000 hectares à la culture de cette espèce de chanvre. “La menace pèse sur l’Algérie qui est passée de zone de transit à celle de consommation”, a-t-il mis en garde en étayant ces propos avec des statistiques faisant état de 15 448 personnes arrêtées en 2014, dont 10 648 sans profession,
2 218 employés et 195 étudiants.
Selon l’intervenant, 42,5% des personnes arrêtées sont âgées entre 26 et 35 ans, 32,52% entre 19 et 25 ans et 11,32% ont moins de 18 ans. Plus grave, les études réalisées par la Forem ont révélé que plus de 80% des femmes donnent de l’argent à leurs enfants pour se procurer de la drogue à l’insu de leur géniteur.
Selon les statistiques en notre possession, 7,44% des lycéens admettent consommer de la drogue en Algérie.
Le pourcentage est de 7,37% pour ce qui est des lycéens de Tamanrasset et 5% pour ceux de Ouargla. “Le taux des consommateurs chroniques en Algérie, qui est actuellement arrêté à 6%, dépasse celui avancé par l’Organisation mondiale de la Santé”, indique le Pr Khiati, comme pour sonner l’alarme face à ce phénomène qui a dépassé le seuil du tolérable.