Lutte contre l’EI : l’exemple algérien ?

Lutte contre l’EI : l’exemple algérien ?

La France et le monde en général devraient-ils adopter le modèle algérien dans la lutte contre l’État islamique ?

L’Algérie a eu le tragique “privilège” d’être le premier pays frappé sur son territoire sans s’être jamais projetée dans un conflit engageant les groupes islamistes.

En 1995, la France a connu ce même “privilège” d’être ciblée par le GIA alors même qu’elle s’était tenue à l’écart de sa “guerre” en Algérie et qu’elle ne s’était surtout pas positionnée du côté “éradicateur” ! Mais, aujourd’hui, elle est dans la situation de la Russie et des États-Unis qui ont éprouvé l’agression terroriste ultérieurement à leurs interventions successives en Afghanistan, et dans le cas d’autres pays engagés dans des coalitions d’intervention.

Si, comme le note Yves Bonnet, ancien patron de la DST, “la France est dans une position comparable, sinon analogue, à celle de l’Algérie des années 1990 qui voyait le retour des ‘Afghans’, la situation diffère au moins par le fait qu’en France, il n’y a pas de projet de prise de pouvoir local par les islamistes”. Ce qui peut être envisagé pour l’Algérie à cette époque ne peut l’être pour la France d’aujourd’hui. Ni en termes de stratégie de l’EI ni en termes de rapport de force. Première dissemblance.

Deuxième dissemblance : si l’on exclut les franges marginales acquises au projet obscurantiste, l’opinion française approuve l’entrée en guerre contre l’EI. De même que les États et l’opinion internationale se tiennent aux côtés de la France. Ce ne fut pas le cas en Algérie : à l’intérieur, de larges pans de la société avaient épousé la cause de l’islamisme belliqueux et la plupart des partis et des leaders, mêmes “démocrates”, avaient adapté leurs stratégies dans la perspective d’une victoire islamiste ; dans les institutions mêmes, des responsables exhibaient toutes sortes de gages de ralliement à l’idéologie des islamistes… qui est celle des terroristes !

Troisième dissemblance : la France est une démocratie. Ce qui interdit à ses dirigeants de faire dans le déni de réalité et dans la rétention d’information. Au lieu de fermer des journaux, l’État est tenu de rendre compte de ce qu’il fait contre le terrorisme et de la manière dont il le fait.

Quatrième dissemblance, l’affrontement France-Daech survient à un moment où semble établi le caractère inconciliable du fascisme islamiste avec l’aspiration “civilisationnelle” pour la démocratie et la liberté. L’erreur stratégique de l’Algérie consistant à découpler le terrorisme de son fondement islamiste, tout en lui imposant une coûteuse lutte militaire, lui a inspiré la “réconciliation” qui dédouane l’islamisme de ses tragiques effets. Une erreur qui ne devrait, raisonnablement, pas être rééditée par un monde qui ambitionne de s’attaquer efficacement à la racine du mal du siècle.

M. H.

musthammouche@yahoo.fr