Contrairement à ce que certains pensent, la dépréciation de l’euro pourrait avoir un impact extrêmement dramatique et dévastateur sur notre économie basée essentiellement sur l’exportation des hydrocarbures, et également sur nos réserves de change, étant donné que 42% de nos réserves sont placés en euros.
C’est, en effet, ce qu’a fait savoir hier, M. Mouloud Hadir, ancien responsable au ministère du Commerce. L’invité de la Chaîne III de la Radio nationale a tenu à mettre en lumière les conséquences dramatiques que peut subir notre économie en cas de contagion de la crise de la zone euro, qui a influé grandement sur les marchés pétroliers ces dernières semaines.
« Les devises sont libellées en dollar à hauteur de 98%, nous ne vendons que du pétrole et le prix du baril est libellé en dollars, nous importons à hauteur de 60% de la zone euro, cela veut dire que lorsque l’euro baisse c’est tant mieux pour l’Algérie.
Mais nous avons en revanche 42% de nos réserves de change qui sont libellés en euro, la baisse de l’euro aura dans ce cas là une conséquence sur nos réserves », a-t-il indiqué avant d’ajouter dans le même sillage ; « Certes, il y a un plan de 750 milliards d’euros décidé par les pays de la zone euro pour maîtriser l’évolution de cette monnaie et éviter le phénomène contagion, qui peut amener à une deuxième crise financière, qui pourrait être plus grave que la précédente.
Tant que nous sommes dans cette situation là, il n’y a pas à s’inquiéter particulièrement en ce qui nous concerne, par contre, si cette crise dégénère, là nous sommes véritablement confrontés à un problème qui peut être lié au déséquilibre de notre commerce extérieur, et c’est la fragilité essentielle de notre commerce extérieur ». D’après M. Hadir, ce n’est pas un problème de balance commerciale parce que cette dernière est relativement bonne, mais plutôt sa structure.
Il dira, dans ce contexte, qu’il y a effectivement un système qui est relativement bien organisé au niveau de la Banque centrale d’Algérie, pour la gestion des taux de changes et de la parité dinar-euro, et dinar-dollar. Avec des règles qui sont fixées, et relativement bien connues, qui concernent tout ce qui est en relation avec la monnaie, et qui tiennent compte de notre commerce extérieur, et de la gestion des réserves en devises.
« Donc il n’y a pas de grosses surprises ou de problèmes particuliers à avoir par rapport à cela, parce que le système existe et il fonctionne, mais le problème réside en la structure de la balance qui est basée fondamentalement sur une seule matière première d’exportation à savoir les hydrocarbures ». Selon lui, si on continue dans cette voie, « nous serons très affectés de façon extrêmement dramatique en cas de crise internationale ».
« C’est pour cela qu’il faut de plus en plus ouvrir les yeux sur ce déséquilibre de nos échanges », a-til dit. Tout en préconisant la nécessité de diversifier notre économie, « nous devrons changer la façon et les règles sur lesquelles nous avons fonctionné jusqu’à maintenant, nous sommes un pays exportateur d’hydrocarbures, et importateur de pratiquement tous les autres produits, cette situation ne peut pas durer, c’est une menace extrêmement grave pour notre économie dans les années à venir », a-t-il signalé.
Samira H.