Maatkas : Femmes des crêtes du Djurdjura

Maatkas : Femmes des crêtes du Djurdjura

De ces montagnes à la terre ingrate, les femmes arrivent, au demeurant, à arracher cette argile nécessaire à la réalisation de leur poterie.

Sous leurs mains expertes, sortent divers ustensiles façonnés avec goût et amour sans mesure. Assises à même le sol, elles commencent par triturer la pâte qui prend peu à peu un sens entre leurs doigts magiques.

Une fois la confection de l’objet terminée, il est séché au soleil. La deuxième étape consistera alors en des dessins explicites (ce sera le but de notre prochaine mission). Vient, enfin, la séance de vernissage pour donner l’aspect définitif à l’œuvre. Sont alignés alors des kanoun, touguie, taziart, aseksout et bien d’autres objets de décoration.

Chabha, Sekoura, Aldjia, Eldjoher, Zehira et Kahina, pour ces femmes des crêtes du Djurdjura, le travail est une habitude, une seconde nature car la rente n’atteint que rarement ces cimes. Il faut dire que le mérite revient également à l’association Tigejdit du village des Aït Zaïm. Tigejdit intervient également pour relancer le tissage en tant qu’activité artisanale.

Le métier à tisser, symbole de la maison kabyle ancienne, dont les femmes en sont les vestales d’aujourd’hui, c’est-à-dire les gardiennes pour perpétuer une activité ancestrale qui permet d’obtenir burnous, couverture, tapis, tahaikt…

Beaucoup d’efforts sont déployés ici encore avec consistance depuis le lavage de la laine du mouton, son abattage, le cardage et, enfin, la préparation des fils de trame et de chaîne qui entrecroisés dans le métier, le tissu nécessaire à la confection du burnous, le cas échéant.

On ne peut que rester subjugué devant tant d’efforts et de brio. Feu Cheikh El-Hasnaoui, en artiste accompli qu’il était, avait bien vu le mérite des femmes kabyles et il a chanté dans les années 50 de manière magistrale, ce sera la notre mot de la fin.

«Je chanterai les mérites de nos femmes kabyles, aussi fidèles que belles. Vous avez déjà été chantées par les poètes. Vous les trésors de nos hameaux. Au charme de colombe. Dans nos cœurs vous êtes constamment.

Nous ne l’ignorons pas, combien vous êtes patientes face à la rudesse de la vie. Vous devez recouvrer vos droits à l’évidence, sans discussion.»

Par : Ourida Ait Ali