Le sélectionneur national, Rabah Madjer, a animé hier un point de presse au Centre technique national de Sidi-Moussa. Il était question d’évoquer la liste des vingt-trois joueurs retenus pour le stage et les deux matchs face au Nigeria puis à la RCA. L’ancienne star du FC Porto a défendu ses choix, notamment la non convocation de Taïder, Ghezzal, Feghouli et Boudebouz, sans oublier le gardien de but Raïs Mbolhi. Madjer a défendu ses choix et évoqué les raisons l’ayant poussé à prendre de telles décisions.
Très gêné par les critiques
Rabah Madjer n’a pas manqué d’afficher sa gêne par rapport à certaines critiques : «Des gens ont touché à ma dignité à travers les plateaux de télévision. Les critiques constructives sont bonnes, mais pas les critiques pour critiquer. Des gens me critiquent, de la méchanceté gratuite et, par la suite, ils me sollicitent pour des interviews. Pas question ! Je sens qu’ils ont une dent contre moi.» Par ailleurs, Rabah Madjer a confirmé lors de cette conférence qu’il a paraphé un contrat de deux ans, soit jusqu’en 2019, avec comme objectif la demi-finale de la CAN.
Mise à l’écart de Mbolhi et Feghouli : «Il faut respecter mes choix»
La mise à l’écart de Sofiane Feghouli et Raïs Mbolhi a été abordée par la presse. Le sélectionneur était appelé à défendre ses choix : «Pour répondre à votre question, c’est vrai que Feghouli n’est pas là tout comme Mbolhi, mais je pense qu’on se focalise toujours sur les mêmes joueurs. Vous avez aussi oublié d’évoquer Ghezzal, Ounas et même Boudebouz. Il y a une liste de joueurs présélectionnés, après on a fait le choix. Feghouli, c’est un choix et il faut le respecter. Le fait qu’il ne soit pas là, ne veut pas dire qu’il est définitivement écarté.»
«Il n’y a pas d’affaire Mbolhi, ni Feghouli !»
Pour Madjer, il s’agit de choix qu’il faut respecter : «Je peux vous confirmer qu’il n’y a aucun problème dans ce sens. Je l’ai déjà déclaré. Je n’ai aucun problème avec Feghouli ni avec Mbolhi ou un autre joueur. Il n’y aura pas de problème, car je sais communiquer avec les joueurs. Ça reste des choix qu’il faut respecter. Pour Raïs Mbolhi, je ne pouvais pas le laisser sur le banc. Il est en sélection depuis 2010. Il faut lui être reconnaissant et faire preuve de respect à son égard. Il n’y a pas d’affaire Mbolhi et il n’y a pas d’affaire Feghouli.»
«Je n’ai pas eu du temps suffisant pour préparer les deux matchs»
Le sélectionneur explique aussi qu’il n’a pas eu le temps suffisant pour préparer les deux rencontres. C’est une urgence pour Madjer : «Maintenant, il y a urgence, c’est les deux matchs. Il y a le match du Nigeria pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde puis le match amical face à la RCA. Je n’ai pas le temps de voir les joueurs, de discuter avec eux ou même aller au stade pour voir des joueurs. C’est l’urgence, il faut faire les deux matchs. Comme je l’ai déjà dit, après les deux rencontres, on pourra penser à l’avenir et le vrai travail va commencer après ce stage pour préparer la CAN-2019.»
«Après ce stage, notre chantier commencera»
Enfin, l’entraîneur national estime que le vrai travail commencera après les matchs face au Nigeria et à la RCA : «Après le stage, on ira dans les différents stades pour superviser les joueurs. On veut choisir les bons joueurs pour repartir sur des bases solides. On n’a pas voulu ramener des joueurs juste pour les ramener et les écarter par la suite.»
Le cas Taïder : «Les portes lui sont toujours ouvertes»
Saphir Taïder a été mis à l’écart par Rabah Madjer. Alors que beaucoup pensaient que le joueur était blessé, il s’est avéré que Madjer l’a écarté pour d’autres raisons. Seulement, il n’a pas voulu expliquer son choix, se contentant de dire : «Tout joueur ayant fait partie de la sélection déjà par le passé peut revenir à n’importe quel moment. Ce ne sont pas des mises à l’écart définitives. Les joueurs qui ont donné à la sélection vont revenir parce que je suis un entraîneur reconnaissant.»
«Je ne ramène pas des joueurs juste pour les ramener»
Le coach a expliqué par la suite son point de vue : «Je ne convoque pas des joueurs juste pour les ramener dans le groupe. Je ne fonctionne pas ainsi, je l’ai déjà dit. Je ramène des joueurs qui vont rendre service à la sélection nationale. Le téléphone est fermé. On ne m’appelle pas au téléphone pour me dire de ramener un joueur. C’est bon, il fermé ou bien je ne réponds pas.» Il enchaîne : «Comme je l’ai dit, je ramène des joueurs selon le profil. Il y a des conditions particulières en Afrique. Les conditions climatiques, l’humidité et même la force physique. Donc, il faut avoir des joueurs forts physiquement pour bien combattre face à l’adversaire.»
Convocation de Chaouchi : «Il ne faut pas oublier Oum Dourmane»
Faouzi Chaouchi a fait le débat dans la presse nationale. Les journalistes ont voulu savoir les raisons ayant poussé Madjer à le retenir. Ce dernier a expliqué : «Faouzi Chaouchi est un grand gardien de but. Hier, tout le monde, notamment vous, vous disiez que c’était le meilleur gardien au monde. Maintenant, après une période difficile et une blessure, il ne joue pas, c’est logique. Mais, il reste une valeur sûre du football algérien. Il ne faut pas être ingrat à son égard. Hier, tout le monde l’a applaudi après le match d’Oum Dourmane face à l’Egypte, moi en premier. Il ne peut pas donc devenir nul du jour au lendemain. Soyons donc reconnaissant à son égard. Il mérite d’avoir une nouvelle chance.» Quant à un éventuel départ de Chaouchi au mercato vers l’étranger, Madjer dira : «Chaouchi va embrasser une carrière professionnelle, je suis content pour lui, j’espère que c’est vrai. Au moins il pourra encore progresser car il a des qualités.»
Concernant Medjani : «J’ai besoin de ses services pour la CAN-2019»
«J’ai eu l’opportunité de parler avec Carl Medjani au téléphone. Il m’a expliqué les raisons de sa décision de vouloir prendre sa retraite internationale. Il a été poussé à prendre cette décision. En tout cas, je lui ai parlé au téléphone, mais je l’ai rencontré aussi ici à Sidi-Moussa et on a bien discuté. J’ai besoin d’un joueur comme Carl Medjani. J’ai un objectif à court terme qui est la CAN-2019. Des joueurs comme Medjani vont nous être utiles.»
«J’ai besoin de joueurs d’expérience»
«Je ne peux pas enlever les actuels joueurs pour ramener d’autres qui n’ont pas d’expérience. Les joueurs que j’ai sous la main vont constituer l’ossature de l’Equipe nationale. Un joueur comme Medjani par exemple n’a pas peur d’affronter le Cameroun ou la Côte d’Ivoire. Au contraire, je veux que l’adversaire ait peur de Medjani, Mahrez et les autres.»
«Abdellaoui, Arous et d’autres sont l’avenir de l’EN»
«Nous avons des joueurs d’avenir en sélection, comme Arous, Abdellaoui, Benghit, Bennacer et d’autres. Ce sont des joueurs qui ont des qualités et qui doivent progresser encore. Ils sont là et ils font leur apprentissage.» Et d’ajouter : «Je suis concerné uniquement par la CAN-2019. Pour la Coupe du monde 2022, on aura tout le temps d’en parler. Nous avons un problème des dates FIFA. Parfois, on ne trouve pas d’adversaire. Mon contrat court jusqu’à la CAN-2019.»
Situation de l’EN : «La sélection nationale est dans le coma»
Rabah Madjer a confirmé que la sélection traverse des moments difficiles. Pour lui, elle est dans le coma : «La sélection nationale algérienne est dans le coma. Elle a été assommée. Il faut dire que les joueurs souffrent sur le plan mental. J’ai constaté cela. Des choses vont changer inch’Allah pour redevenir cette équipe qui a procuré tant de joie au peuple algérien, il y a quelques années. Je pense que nous avons les moyens car on a une très bonne équipe et un bon groupe de joueurs.
Il va y avoir un changement sur le plan tactique. J’ai mon idée. J’ai le schéma et les joueurs qui seront alignés à chaque poste. J’ai une bonne idée sur l’équipe, mais je préfère ne rien vous dire. Je préfère qu’on reste concentré sur le travail.»
«Cette régression est la conséquence de l’instabilité des entraîneurs »
Le sélectionneur pense que le changement d’entraîneurs au niveau de l’EN a influé négativement sur la sélection : «Les problèmes et les mauvais résultats de la sélection nationale sont dus à l’instabilité du staff technique. Il y a eu beaucoup d’entraîneurs qui sont passés à la tête de la sélection. Chacun a son point de vue, chacun possède sa propre vision des choses. Donc, les joueurs ne peuvent pas suivre cela. L’instabilité y a été pour beaucoup.»
«J’ai dit aux joueurs que l’EN doit être comme une famille»
Rabah Madjer a expliqué le discours qu’il a tenu aux joueurs lors de ce stage : «J’ai insisté auprès des joueurs sur l’état d’esprit. Je leur ai dit que l’EN doit être une équipe familiale. C’est important pour réussir. Les joueurs ont été très attentifs à mon discours.» Et d’enchaîner : «Les joueurs ont apprécié mon discours. Ils ont promis de donner le meilleur d’eux-mêmes. Je connais très bien les problèmes de cette équipe, car je l’ai suivie depuis des années. C’est vrai qu’il y a une crise de résultats. Il faut donc axer le travail sur le plan psychologique, pour mettre les joueurs en confiance, à commencer par cette rencontre face au Nigeria.»
«Les joueurs sont en plein doute»
Pour Madjer, les joueurs sont en plein doute : «Cette Equipe nationale nous a procuré du bonheur, il y a quelques années, mais ça ne tourne plus rond. Il y a une crise de résultats et les joueurs sont en plein doute. On va essayer de faire le maximum pour que les joueurs se sentent à l’aise. Nous avons l’expérience pour.»
Match amical face à la RCA : «C’est mieux que rien !»
Sur le match amical face à la RCA, l’EN affrontera un adversaire d’un niveau très faible. Rabah Madjer l’avoue, mais il n’est pas contre l’idée : «Ecoutez ! Parfois, c’est bien de jouer face à des équipes moyennes ou petites équipe comme la RCA, avec tout le respect que je lui dois. Notre objectif, c’est de jouer face à des équipes africaines pour redevenir plus forts sur le plan africain et dominer le continent. Moi, sincèrement, je préfère jouer face à des équipes africaines afin de bien préparer mon équipe, que d’affronter la France, la Belgique ou même l’Uruguay.» Le sélectionneur national explique aussi certaines difficultés à trouver un bon adversaire : «Ce n’est pas évident de trouver des sparring-partner comme on veut. Il faut aussi comprendre. Parfois, la FAF est dans une situation embarrassante pour trouver un adversaire, comme cette fois-ci. Quand on ne trouve pas des équipes africaines, on doit se rabattre sur les sélections européennes, afin d’exploiter la date FIFA et jouer un match amical. Il est inconcevable de ne pas y profiter.»
Les blessures : «Elles sont tombées au mauvais moment»
Rabah Madjer a aussi commenté l’absence de certains joueurs pour cause de blessures. Il estime à cet effet qu’elles interviennent au très mauvais moment et qu’il en est embarrassé : «Les absences, c’est un vrai handicap pour nous. Les joueurs blessés sont des éléments très importants dans notre échiquier. Puis, je pense que ces blessures sont tombées vraiment au très mauvais moment, à quelques jours du début du stage. Je pense que c’est de la malchance. Les absences risquent d’influer sur le groupe. Mais bon, il faut faire avec car cela fait partie du football. Nous avons des joueurs qui sont en stage. On va donc essayer de mettre en place le meilleur onze possible pour battre le Nigeria. C’est notre objectif.»
«On ne peut pas faire grand- chose en trois jours»
Le manque de temps semble avoir contrarié Madjer. «Les gens oublient. Ils doivent savoir tout d’abord que le temps est très court pour nous, afin de préparer cette rencontre face au Nigeria prévue vendredi. Nous avons peu de temps alors qu’on est nouveaux. On ne peut pas faire grand-chose en trois ou quatre jours, surtout que le groupe n’était pas au complet. Nous avons convoqué des joueurs qui connaissent l’Afrique. Ils ont une expérience riche à travers les nombreuses rencontres disputées dans le continent. On promet à nos supporters de faire le maximum pour battre le Nigeria.»
«Je cherche le profil du joueur qui peut s’imposer en Afrique»
Sur les critères de convocation des joueurs, il déclare : «Il nous faut des joueurs d’un certain profil. Maintenant, on s’intéresse plus au profil du joueur et non pas à autre chose. Nous avons des soucis en Afrique. On ne gagne pas beaucoup à l’extérieur, contrairement à domicile où peu d’équipes peuvent rivaliser avec nous. On cherche donc le profil de joueurs qui peut aller s’imposer en Afrique noire, avec toutes les conditions difficiles. Après les deux matchs, on va choisir le profil des joueurs qu’on cherche pour préparer la CAN-2019. Vous savez tous que les éliminatoires de la phase finale vont reprendre au mois de mars.»
«Je ne ramènerai pas un préparateur physique»
A propos du staff technique, Madjer annonce qu’il ne ramènera pas de préparateur physique. Il explique sa philosophie : «Il n’y aura pas de préparateur physique. Nous allons faire appel à un entraîneur scientifique. La préparation physique, c’est en club pas en sélection nationale. Donc, il se peut qu’on ne fasse pas appel à un préparateur physique. On veut un entraîneur scientifique pour l’échauffement et même durant le tournoi final. Nous avons un très bon staff. J’ai discuté avec Meziane Ighil et Djamel Menad qui ont donné leur accord, on travaille dans la sérénité totale. J’ai bien fait aussi de garder Aziz Bouras car il est compétent. Il fait du bon travail. Haniched fera aussi partie du staff technique.»
«J’ai mon idée sur le Nigeria»
Concernant le match contre le Nigeria, bien qu’il soit sans aucun enjeu puisque les Verts sont éliminés, le sélectionneur dira : «J’ai étudié le jeu de cette équipe du Nigeria car il faut avoir un maximum d’informations sur l’adversaire. Si on voit des joueurs comme Iwobi, Iheanacho, Musa ou Balongo, il n’y a que Iwobi qui a joué le dernier match avec Arsenal. Les autres ne jouent pas en club. Parfois, ils sont sur le banc de touche, d’autres fois, ils ne sont même pas retenus. Mais en Afrique, le manque de compétition n’influe pas car les joueurs sont très forts sur le plan physique. C’est pour cette raison qu’il faut être méfiant. On a aussi étudié leur style de jeu.»