Le défenseur international algérien des Glasgow Rangers Madjid Bougherra vit une année 2010 formidable. Coupe d’Afrique, Mondial, championnat d’Ecosse et depuis septembre la belle aventure de la Ligue des Champions, qui se poursuit mercredi avec la réception de Bursaspor.
Inusable, « Magic » est de tous les combats. Malgré un programme chargé, la star de l’Ibrox Stadium est toujours disponible pour les médias. Il brosse en exlusivité pour Footafrica365, sans langue de bois, son actualité et celle de l’équipe nationale algérienne.
Madjid, votre club a récemment contraint le grand Manchester United au partage des points à Old-Trafford, à quel rang se situeraient les Rangers s’ils évoluaient en Premier League ?
C’est difficile de répondre à une telle question sans se tromper. Cela dit, je pense que les Rangers peuvent se classer dans le top 6. La différence entre les ténors anglais et nous se fait au niveau financier. Un chiffre résume tout : quand les Glasgow Rangers touchent 3 millions de livres de droits télé, Manchester United en reçoit 40. L’argent fait toute la différence lorsqu’il s’agit de recruter et de se renforcer.
Justement, quand vous affrontez l’Angleterre au Mondial et Manchester United en Ligue des Champions, cela ne vous donne-t-il pas des envies de Premier League ?
Evidemment ! Cela ne me déplairait pas d’y retourner. Le niveau de la compétition et l’ambiance exceptionnelle qui règne dans les stades, c’est vraiment passionnant et excitant. Mais je n’en fais pas une fixation. Les choses arriveront en temps voulu. Pour le moment, je m’éclate également avec mon club en Ecosse.
De toute façon, maintenant que vous êtes devenu l’idole de l’Ibrox Stadium, cela risque d’être compliqué pour vous de quitter Glasgow. Vous pourriez provoquer une émeute…
(Il tempère). Non, je ne le pense pas. Notre public sait exactement ce que j’ai donné au club. Cela fait deux ans et demi que je suis ici et je n’ai jamais triché. Je suis tous les jours à 200 pour cent. Les fans savent quel joueur je suis. Et puis, ils sont avertis. J’ai toujours dit que je partirai le jour où tombera une offre satisfaisante à la fois pour le club et pour moi.
Vous avez croisé Wayne Rooney deux fois en trois mois (avec l’Algérie en Coupe du monde et avec les Rangers en Ligue des Champions) et il n’a pas marqué. Il a même été transparent. Vous y êtes pour beaucoup, non ?
(Visiblement gêné). Non, je ne vois pas les choses ainsi. D’abord, parce que notre équipe n’était pas focalisée sur Rooney et ensuite parce que le travail défensif est avant tout un travail collectif. C’est la défense des Fennecs et celle des Rangers qui ont été à la hauteur. Et puis, il ne faut pas se méprendre, Rooney reste un grand joueur. Comme nous tous, il a des hauts et des bas. Je ne m’inquiète pas pour lui, il va rebondir.
En tant que taulier de la défense, quels sont les attaquants qui vous ont posé le plus de soucis depuis que voue évoluez dans le haut niveau ?
(Il réfléchit longuement). Pour être honnête, aucun. En tous les cas, je n’ai aucun nom à vous citer. Durant un match, j’affronte tous les attaquants avec la même rigueur et le même respect. Je ne m’arrête pas à leur réputation où a leur efficacité reconnue ou supposée.
Revenons aux Rangers, quelle est l’ambition réelle du club en Ligue des Champions cette saison, sachant qu’en 2009 vous aviez complètement raté la phase de poules ?
Il nous faudra au moins arracher notre billet pour l’Europa League, c’est-à-dire être dans les trois premiers de notre groupe. Cela dit, une place en huitièmes de finale constituerait un sacré bonus.Une chose est sûre, nous nous battrons pour le meilleur résultat possible et cela passera par un sans faute à la maison.
« Contre la Tanzanie, nous nous sommes précipités »
Vous avez repris le collier avec l’équipe d’Algérie en août et septembre et cela s’est mal passé (une défaite et un nul). Simple accident ou bien existe-t-il des raisons de s’inquiéter ?
Personnellement je ne suis pas inquiet. C’est vrai qu’il est toujours embêtant de perdre des matches amicaux. Particulièrement à domicile. Mais, ce n’était que des matches amicaux.
Contre la Tanzanie (1-1), nous avons manqué de lucidité puis nous nous sommes précipités. Si nous avions mis ce deuxième but, on ne parlerait pas en ces termes aujourd’hui. Sur l’ensemble du match, nous méritions de l’emporter. Il n’y a pas le feu, car nous avons encore les cartes en main.
Depuis, il y a eu ce changement à la tête de la sélection nationale, vous y attendiez-vous ?
(Ferme) Non. Mais le Cheikh a pris sa décision et nous la respectons. En tant que joueurs professionnels nous vivons ce genre de situation de façon régulière. C’est la vie du football.
Nous avons pris du plaisir à travailler avec lui ces dernières années. Nul ne doit oublier qu’il réussi à remettre l’équipe nationale sous la lumière des projecteurs. Il y a deux ans, tout le monde aurait signé sans hésiter pour une simple qualification à la CAN. La suite, vous la connaissez comme moi.
Personnellement, qu’elles étaient vos relations avec Rabah Saâdane ?
Un respect total et réciproque. J’étais un des cadres de l’équipe et le Cheikh aimait bien passer par nous pour transmettre certains messages au groupe. Il avait un sens aigu de la responsabilité et savait gérer comme pas un la mentalité algérienne.
Certains lui ont reproché son manque d’autorité sur le groupe. Quelle est la part de vérité dans tout cela ?
(Un tantinet agacé) Ce sont des bêtises ! Oui, il était gentil et sensible et ce n’est pas une tare à ce que je sache.
En même temps, il savait être ferme lorsqu’il le fallait. Pour le Cheikh, personne n’était au-dessus des règles régissant la collectivité. Nous le respections profondément pour deux raisons : Un parce qu’il était le boss de l’équipe et deux, parce qu’il était l’Ancien. Et vous savez aussi bien que moi ce que cela signifie dans nos sociétés le respect de l’Ancien
Avez-vous été appelé par Abdelhak Benchikha depuis sa nomination ?
Non. J’ai reçu la convocation pour le stage du mois d’octobre comme tous les joueurs.
Le connaissez-vous ?
Pas à titre personnel, mais je connais son parcours. Je sais qu’il a bien réussi en Tunisie avec le Club Africain et qu’il a fait du bon travail avec l’équipe nationale A’.
Comment voyez-vous la suite des événements dans le groupe D où tout le monde se tient avec un point ?
Pour nous les choses sont claires. Nous devons faire le plein à domicile et aller chercher quelques points à l’extérieur. La qualification dépendra du respect de ce tableau de marche.
Un autre résultat que la victoire à Bangui le 10 octobre serait une contre performance selon vous ?
Bien sûr que nous irons en Centrafrique pour gagner. Mais ramener le point du match nul ne serait pas une mauvaise affaire. Aujourd’hui, toutes les équipes sont difficiles à battre. Et comme nous sommes désormais attendus en tant que Mondialistes…
Avec un peu de recul, quelle appréciation porterez-vous sur le parcours de l’équipe d’Algérie à la CAN puis au Mondial : résultats passables, résultats encourageants ou élève doué peut mieux faire ?
(Embarrassé). Il ne faut pas oublier que nous sommes partis de très loin. Mais avec les bons résultats obtenus les gens sont devenus de plus en plus exigeants. Pour résumer, je pense que nous avons réalisé un bon parcours à la CAN, mais que nous avons le droit de nourrir des regrets par rapport à la Coupe du monde. Cette équipe a du potentiel et elle n’a pas encore atteint ses limites. Je pense qu’il faut savoir être patient avec elle.
Un mot sur l’ailier Salim Kerkar que vous avez « coopté » chez les Rangers de Glasgow…
Tout baigne pour lui. Il a convaincu le club. Salim devrait signer son contrat dans les prochains jours. C’est un joueur doué. Je crois en lui. Comme notre saison promet d’être surchargée, il va finir par avoir sa chance et disputer ses premiers matches.