Dans cet entretien, le maire de Tichy, M. Madjid Kadi, élu FFS, évoque sans détours l’état de sa commune, ses problèmes et ses aspirations.
La Dépêche de Kabylie : Vous êtes à la tête de l’APC depuis 2012, comment jugez-vous votre bilan ?
Madjid Kadi : En ce qui concerne le bilan de l’APC, je dirai qu’un bilan de gestion est déterminé par deux facteurs : Les besoins exprimés par les citoyens qui sont en évolution permanente et les moyens humains et matériels exprimés, particulièrement, par les dotations financières qui sont tributaires des conjonctures économiques.
Où en sont les grands projets inscrits à l’actif de votre commune ?
Beaucoup de projets ont été réalisés durant notre mandat, à commencer par l’achèvement et la mise en service de trois chemins communaux, à savoir le chemin communal reliant la RN9 à Tizi-Ahmed par Djenad, le chemin communal reliant Turkine à Tagouba qui est promu au rang de chemin de wilaya n°20 et le chemin communal reliant le CW23 au village Tahelkets. Ajouter à cela la mise en service de la salle omnisports tant attendue par nos jeunes sportifs qui est située à la cité Bensaid, l’ouverture de la bibliothèque communale en avril 2016, la réalisation et la mise en service d’un groupe scolaire à Imezdène et la réalisation d’un terrain de proximité en gazon synthétique à la cité Bensaid. Pour ce qui est du raccordement au gaz naturel, après l’achèvement du raccordement du centre urbain et de l’agglomération de Tizi-Ahmed et ses environs, la deuxième phase qui couvre Tizi-Ikhelef, Larbaâ, Tahelkets et Mahoui, ainsi que le douar Aït-Melloul, est en cours de réalisation avec un taux d’avancement de 60%. Les habitations omises lors de la première phase sont actuellement prises en charge, notamment celles du village Lemaaden. D’autres projets sont également inscrits, à l’image de la rénovation du réseau d’assainissement communal, l’étude de réalisation d’un parc d’attraction et de loisirs au chef-lieu de Tichy, sur le chemin communal reliant Tichy à Tizi-Ahmed, ainsi que les études d’aménagement des plages Tichy-Centre et Cité Bensaid. Cependant, nous avons deux situations pendantes qui nécessitent une prise en charge. Il s’agit de la réalisation d’un deuxième lycée, sachant que celui déjà existant est vraiment saturé avec un taux d’occupation par salle de classe estimé à 40 élèves, et le revêtement du stade communal qui est impératif et urgent, vu que notre équipe (la JS Tichy) qui évolue dans un niveau supérieur, est contrainte de recevoir à l’extérieur, sachant que le stade communal de Tichy est non homologué du fait qu’il n’est pas revêtu en gazon et n’est pas équipé de tribunes. Pour le premier point cité, il faut savoir qu’à défaut de l’inscription d’un deuxième lycée, nous proposons une extension par la réalisation d’autres salles, ce qui pourrait réduire le taux d’occupation et réduire la pression sur l’établissement existant. Nous avons aussi le renforcement du réseau d’AEP du village Aït-Melloul par un réseau de distribution à partir d’Oued-Djemaa. Cette opération est pratiquement achevée, il ne reste que l’installation des équipements électromécaniques pour que sa mise en service soit effectuée. C’est une urgence car les citoyens de cette région ont vraiment soif.
Tichy est une commune à vocation touristique, a-t-elle vraiment les moyens pour cela ?
De par son potentiel naturel, la commune de Tichy peut prétendre à devenir une vraie station balnéaire. Cependant, il faudra réunir un ensemble de facteurs, à savoir le renforcement des capacités d’accueil, la préservation du foncier destiné à la réalisation de ces infrastructures par un usage judicieux rationnel et en harmonie avec les objectifs assignés, la protection des agglomérations du centre urbain contre toutes formes d’extensions anarchiques et l’amélioration des mécanismes de recouvrement fiscal, dont les rentrées serviront à la promotion de la cité. Aujourd’hui, nous pouvons dire que la commune n’a pas les moyens pour entretenir l’image d’une station balnéaire et ce, à cause du système de gestion centralo-bureaucratique qui est un frein à la promotion des initiatives locales.
La commune profite-t-elle des infrastructures touristiques construites sur ses terres ?
Il est vrai que notre commune enregistre un ensemble d’infrastructures sur son territoire, mais elles restent insuffisantes par rapport à la demande qui s’accroit d’année en année. Les propriétaires de ces infrastructures hôtelières sont un maillon essentiel dans la promotion du produit touristique local. Cependant, toutes leurs actions sont limitées par un environnement qui n’est pas en phase avec les exigences d’une gestion dynamique, des retombées sur la rentabilité et un manque à gagner certain pour la trésorerie communale. Je dois dire aussi que les mécanismes de recouvrement ne sont pas efficaces, d’où résulte ce manque à gagner important pour la trésorerie communale. Si les infrastructures existantes sont insuffisantes, nous aspirons à en réaliser d’autres. Cependant, nous sommes confrontés à deux obstacles majeurs, à savoir le fait que les pouvoirs de décision ne sont pas entièrement entre nos mains et le déficit en matière de foncier qui ne peut permettre de projeter des réalisations, d’où la nécessité de préserver les terrains qui ont échappé au bradage des années 1980 et 1990 pour mieux les utiliser à l’avenir.
Trouvez-vous normal que Tichy soit en proie aux bouchons même pendant la basse saison ?
Le centre urbain de Tichy est traversé par la RN9 qui représente une voie de communication très importante vers l’Est du pays. Le trafic y est très dense et génère beaucoup de désagréments pour les usagers et les riverains, particulièrement durant la saison estivale. À cet effet, nous suggérons l’inscription d’un évitement par le sud du territoire communal ce qui aura pour avantage de désengorger définitivement la RN9 et promouvoir la zone rurale qui verra ses chances de développement accrues. La prise en charge urgente du chemin communal qui passe par Tizi-Ahmed est fort souhaitée, car il sert d’évitement durant la période des grands bouchons sur la RN9, particulièrement, les sections détériorées par les travaux de raccordements au gaz naturel, dont la remise en l’état n’est pas effectuée à ce jour.
Quel constat faites-vous du logement à Tichy ?
En matière de logements, notre commune a bénéficié de plusieurs programmes qui ont permis à certains citoyens d’en bénéficier. Cependant, il y a un nombre d’indus occupants de logements sociaux qui ne sont pas dans le besoin et qui font dans la sous-location avec des aspects négatifs que tout le monde connait. Nous avons proposé des terrains pour pouvoir y implanter d’autres programmes de logements sociaux locatifs et sociaux participatifs et nous attendons l’affectation éventuelle de ces projets. Des efforts supplémentaires doivent être axés sur le logement rural, ceci afin de pouvoir endiguer le phénomène de l’exode vers le centre urbain. Ce qu’il faut savoir, c’est que notre commune ne se limite pas à la bande du littoral. Tichy c’est aussi l’arrière pays ayant des frontières avec la wilaya de Sétif, c’est 18 villages éparpillés à travers un relief montagneux en attente d’équipement… Voilà à quoi les pouvoirs publics doivent s’atteler pour éviter l’exode massif vers le chef-lieu qui porte atteinte au tissu urbain, où toute extension incontrôlée a des conséquences sur le centre urbain où est implanté l’essentiel du potentiel économique de notre collectivité.
Que manque-t-il à votre commune ?
Durant la pleine saison, Tichy, de par sa réputation, représente une mosaïque qui concentre les 48 wilayas du pays. Nous en sommes fiers, mais nous enregistrons beaucoup de manques pour accueillir les estivants dans des conditions acceptables. À commencer par la protection de nos plages polluées par le déversement des eaux usées, et ce, à cause de l’inexistence d’une station d’épuration, le manque d’infrastructures d’accueil pour encourager le tourisme populaire et juvénile d’où la nécessité de réaliser des camps de toile dont les prix à la location soient à la portée des masses populaires et peuvent permettre l’éradication des foyers d’insécurité durant la saison estivale. Nous avons trois projets qui requièrent un caractère urgent. Il s’agit de l’inscription d’un autre lycée vu que l’établissement actuel est vétuste, exigu et en partie réformé, la réalisation du projet d’AEP d’Aït-Melloul, le revêtement du stade de football. D’ailleurs, je lance un appel pressant à la tutelle pour nous aider à régler ce problème. Nous devons d’ores et déjà réfléchir au renforcement de l’AEP de Tizi-Ahmed et ses environs, sachant que le réseau actuel n’est pas adapté aux besoins de la population. Le renforcement de la zone urbaine en AEP est en cours de réalisation. Nous avons aussi le déplacement de la conduite d’AEP de diamètre 700 qui traverse le village Lemaaden et qui représente un danger eu égard à la fragilité géologique de ce village. Cette opération est inscrite et elle est en voie de lancement.
Qu’en est-il de l’opération de déneigement effectuée après les importantes chutes de neige enregistrées dernièrement ?
La commune de Tichy a été vraiment touchée par ces intempéries, où toute une région a été isolée par la neige qui s’était déversée sur les villages de Tagouba, Taourirt Ikhelafen, Tala Melloult et Izoumam. L’opération de déneigement a duré neuf jours. Elle avait nécessité la mobilisant de trois rétrochargeuses et un bulldozer pour venir à bout de cette situation.
Pensez-vous vous représenter pour un deuxième mandat ?
La question de ma représentation pour un deuxième mandat n’est pas encore d’actualité. L’essentiel pour moi, c’est de fournir le maximum d’efforts pour mener à terme l’ensemble des projets mis en œuvre avant la fin du présent mandat et puis un bilan sera fait et évalué par la population et les instances du parti à la fin. Cela reste une question de destin. En parlant de la présente mandature, j’estime que nous avons essayé de faire de notre mieux avec des succès et des échecs.