Maghreb, création urgente d’une banque régionale

Maghreb, création urgente d’une banque régionale

La mise en place d’une banque régionale par les pays du Maghreb est impérative afin de faire face aux effets de la crise mondiale.

Tel est l’appel lancé par les participants au forum économique euro-maghrébin organisé à Tunis, jeudi dernier, avec l’appui de la Commission européenne. Abdewaheb Abdallah, ministre tunisien des Affaires étrangères, cité par l’AFP, a rappelé les « défis énormes » pour les économies des pays du Maghreb, en insistant sur l’urgence de faire démarrer cette banque. « Il est surtout impératif d’accélérer la mise en place de la Banque maghrébine d’investissement et de commerce extérieur », dira-t-il à l’ouverture du forum. Et d’ajouter : « C’est un instrument essentiel, fortement réclamé par les milieux d’affaires. »

En chantier depuis des années, ladite banque devait, selon ses propos, être opérationnelle en 2009 en vertu d’une décision des ministres de l’Union du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). Evoquant « les blocages » d’une véritable intégration économique régionale, il souligne qu’une telle institution ferait gagner aux pays maghrébins entre 1 à 2% de croissance annuelle. Présents à ce forum, certains experts ont suggéré la construction d’un « Maghreb financier » avec des stratégies communes pour la promotion de l’investissement direct étranger. « A défaut de sa modernisation, le secteur bancaire maghrébin ne sera pas en mesure d’affronter les effets de la crise », a prévenu l’économiste Dhafer Ben Saïdane.

Celui-ci a plaidé en faveur de la recapitalisation des banques maghrébines. Par ailleurs, les estimations de la Banque mondiale en 2006 prévoyaient, en cas d’une pleine intégration économique entre les pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA), une hausse de 24% du PIB tunisien, de 27% du PIB marocain et de 34% du PIB algérien. Pour rappel, le commerce intermaghrébin peine à franchir le seuil des 3% des échanges extérieurs de chacun des pays de l’UMA, alors que l’Union européenne monopolise 70% des échanges. A titre d’exemple, les exportations algériennes à destination du Maroc et de la Tunisie sont de l’ordre de 0,7%, alors que ses importations sont de 0,8%. Le pays de Mohammed VI importe 1,4% de ses besoins depuis l’Algérie.

Même chose pour la Tunisie, dont les importations provenant des voisins maghrébins sont estimées à 1,1%, alors que les exportations qui y sont destinées sont de l’ordre de 1,9%. Insignifiantes, ces performances renseignent sur le peu de cas fait à la coopération intermaghrébine, otage de problèmes politiques. Pourtant, ce ne sont pas les potentialités qui manquent. La zone Maghreb concentre près de 3% des réserves mondiales en pétrole, 4% des réserves en gaz naturel et 50% des réserves prouvées en phosphates.