Les étudiants Algériens en France font, parfois, face à un choix cornélien. Après avoir décroché leurs diplômes, ils s’interrogent s’ils devaient rester en hexagone et accéder à un marché de travail plus opportun ou retourner au pays où le chômage est plus marqué et où les opportunités de travail se raréfient.
Mahmoud Bouguermouh, en fait partie et a choisi de renter. Aujourd’hui, il est directeur général de l’agence Offside Agency, spécialisé dans la Gestion d’images des sportifs de haut niveau.
Il y a un an, il prenait le chemin du retour vers l’Algérie. Il admet qu’il n’a pas beaucoup hésité.
Apres avoir obtenu son diplôme, il a travaillé pendant une année dans une société française. Malgré une situation professionnelle stable, Mahmoud a décidé de rentrer car le moment était venu de contribuer au développement économique du pays, dit-il.
Dans cet entretien Mahmoud Bouguermouh revient sur son expérience estudiantine et professionnelle en France et son retour en Algérie.
HuffPost Algérie : Parlez-nous de votre parcours
Mahmoud Bouguermouh : Je suis titulaire d’une licence en droit et d’un master en droits des affaires et un autre master professionnel en droit du sport.
Apres l’obtention de mon baccalauréat en 2007. J’ai décidé de partir en France pour faire mes études universitaires. Un choix motivé par la qualité de la formation dispensée à l’étranger, mais aussi la volonté d’avoir un diplôme dans une discipline qui n’existe pas forcément en Algérie.
Malgré mon bac scientifique, j’ai toujours été attiré par le domaine littéraire et également passionné de sports.
Je choisis alors de poursuivre des études de droit et me spécialiser en droit des affaires.
Je rejoins la Faculté de Droit et de Science Politique d’Aix-en-Provence à Marseille. Après 3 ans d’études j’obtiens ma licence. Je fais ensuite un master en droits des affaires et un autre master professionnel en droit du sport.
Ce dernier est l’une des formations les plus sélectifs en France. Sur 400 candidats seuls 25 sont retenus. Ce diplôme est aussitôt suivi d’un stage longue-duré que j’ai effectué dans la société française « Amaury Sport Organisation » spécialisée dans l’organisation d’événements sportifs français, elle gère notamment le Tour de France.
Avez-vous tenté une expérience professionnelle là-bas ?
Absolument. Une fois le stage terminé, j’obtiens mon diplôme et j’intègre aussitôt « Amaury Sport Organisation» (ASO).
Au sein de ASO, j’étais chargé de la vente des droits de diffusion de tous les évènements sportifs gérés par la société aux médias.
J’étais en contact permanent avec les chaines de télévisions du monde entier. C’était un poste de responsabilité car j’avais la latitude de négocier les prix.
Au cours de cette année, l’idée de rentrer à Alger me taraudait beaucoup. Et je dis bien, dés le départ j’envisageais de retourner seulement je ne savais pas à quel moment j’allais le faire.
Qu’est-ce qui a conforté votre choix ?
J’ai commencé à m’informer sur le marché du travail et les opportunités qu’il offrait. J’ai pris connaissance des dispositifs d’accompagnement pour la création d’entreprise. Et j’avoue que c’était un argument convaincant, qui allait réduire considérablement le risque dans la démarche que j’envisageais à savoir l’entreprenariat.
Je rentre à Alger en début 2015 avec un projet déjà élaboré et qu’il fallait juste mettre en œuvre.
Il y a quelques mois vous avez lancé Offside Agency, une PME dans le domaine du sport. Parlez-nous davantage de ses activités
Quand j’étudiais en France, j’ai fait des stages, au comité olympique et au tribunal des sports pendant mes vacances à Alger.
A cette époque déjà j’avais remarqué, qu’on ne mettait pas assez en avant nos sportifs d’un point de vue marketing ; Et d’autre part que le potentiel qu’offrait le sport en Algérie pour les sponsors n’était pas exploité.
La brèche était justement là, et donc l’idée était d’exploiter l’image des athlètes Algériens et le sport de façon générale afin d’en tirer des revenus.
De quelle manière allez-vous exploiter ce potentiel
En générant du contenu, c’est-à-dire permettre à des athlètes la prise de parole dans des séminaires ou des évènements au sein de différentes sociétés sur des thèmes comme la gestion de stresse…etc.
A travers ma société, j’aide des sportifs, de toutes disciplines confondues, à gérer leur image et leur permet d’avoir accès aux médias…etc.
On les conseille sur toute la stratégie de communication à travers des séances de coaching et aussi on leur démarchant des sponsors.
Le rôle de notre agence consiste, justement, à apprendre aux sponsors comment communiquer via les athlètes, et leur montrer tout le profit qu’ils peuvent en tirer lorsqu’ils sont partenaires d’un évènement sportif.
Leur marque sera associée aux valeurs que véhicule l’athlète.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Actuellement nous travaillons avec quatre athlètes, de différentes disciplines. Nous intervenons dans la gestion de leurs communications au quotidien.
A travers des séances de shooting photos et vidéos, pour constituer une base de données.
Avec ce capital photos et vidéo, nous pourrons ensuite communiquer dans les médias lors des évènements sportifs.
A titre d’exemple prochainement il y aura le tour d’Algérie de cyclisme auquel participe des équipes du monde entier.
Nous faisons en sorte que ces athlètes interviennent lors de séminaires au sein de la société.
Où en est le sport en Algérie ?
Comme je l’ai déjà précisé, nous avons un grand potentiel seulement le sport local n’est pas assez mis en valeur.
Si on prend le tour d’Algérie cycliste, l’année précédente a été la première fois où une étape du tour a été diffusée à la télévision.
Nous avons des équipes brillantes dans toutes les disciplines. Récemment, l’Algérie a organisé la coupe d’Afrique de Handibascket où l’on a été champion d’Afrique masculin et féminin. Les deux équipes seront à rio pour les jeux paralympiques.
Chaque année la coupe du monde d’escrime est organisée en Algérie. Sachant que l’Algérie est classée première en Afrique.
En mars il y aura les championnats d’Afrique de gymnastique.
De toutes ces dynamiques qui émanent de ce secteur, nous allons tirer le meilleur profit et les exploiter du mieux qu’on peut.