Le directeur des Archives nationales, M. Abdelmadjid Chikhi, a déclaré, hier à Alger, que le nombre des victimes algériennes massacrées par le régime colonial français durant le mois de mai 1945 est estimé à 90 000 par des sources américaines de l’époque, ajoutant que «l’Algérie va récupérer auprès des Etats-Unis une copie de l’archive attestant de cela».
M. Chikhi, qui s’exprimait devant la presse en marge du séminaire sur la conférence de Bandoeng hier au siège des Archives nationales, a précisé que les massacres commis par les Français ne se résumaient pas à la seule journée du 8 mai 1945 et aux trois villes retenues par l’histoire, à savoir Sétif, Guelma et Kherrata.
«Les massacres d’Algériens par les colons et l’armée coloniale française ont débuté le 1er mai 1945 et se sont poursuivis jusqu’à la fin du même mois et ont touché presque tout le territoire algérien», a-t-il affirmé.
«Des sources américaines de l’époque ont avancé le chiffre de 90 000.
Le document attestant cela se trouve dans les archives américaines et nous allons en récupérer une copie», a ajouté M. Chikhi précisant toutefois qu’»aucune démarche dans ce sens n’a été entreprise jusqu’à présent auprès des autorités américaines».
Dans le même registre, le directeur des Archives nationales a indiqué que «les autorités américaines de l’époque avaient officiellement protesté auprès des autorités françaises, leur signifiant que les massacres commis à l’encontre des Algériens portent préjudice et n’honorent aucunement les Alliés». «C’était l’ambassadeur américain au Caire qui avait transmis les protestations américaines aux Français», a-t-il encore précisé.
Des ultranationalistes français ont perturbé cette semaine le festival de cinéma de Cannes en manifestant contre la sélection et la projection du film Hors la loi du réalisateur algérien Rachid Bouchareb traitant des massacres de mai 1945.
Les manifestants rejettent notamment la version des faits présenté dans le film ainsi que le nombre de 45 000 victimes, qui ne serait d’après eux que de l’ordre de 1 500.
H. Mouhou