En plein essor, le secteur de l’agriculture dans la wilaya de Ghardaïa est en bute, aujourd’hui, à un sérieux problème de rareté de la main-d’œuvre, est-il constaté dans les différents périmètres agricoles et autres palmeraies de la wilaya. De nombreux agriculteurs marqués par l’âge éprouvent de sérieuses difficultés à trouver une main-d’œuvre pour escalader et accomplir plusieurs tâches sur la cime du palmier, allant des traitements phytosanitaires à la coupe des palmes sèches, en passant par l’arrachage du « Lif » et des restes des hampes florales. Les phoeniciculteurs de Ghardaïa craignent donc de ne pouvoir récolter toute leur production de dattes, ou d’être incapables de la livrer à temps, par rareté d’une main-d’œuvre jeune. « Nos jeunes ne veulent pas travailler la terre », a confié amèrement Hadj Kada, un septuagénaire qui continue à travailler dans une palmeraie de Métlili, ajoutant que « les régimes de dattes de l’année dernière dépérissent sur les palmiers ».
La main-d’œuvre agricole vieillit globalement, a fait savoir de son côté le directeur des services agricoles (DSA). La moyenne d’âge des agriculteurs à Ghardaïa dépasse largement les 60 ans, et c’est dans la tranche d’âge des 60-90 ans qu’on compte la plus grande part de l’effectif de travailleurs de la terre à Métlili, a précisé Ali Bendjoudi. Les jeunes prêts à exercer les métiers de la terre sont de plus en plus rares, a abondé, dans le même sens, Ishak, un agriculteur d’El-Atteuf, qui soutient que le travail de la terre, particulièrement la culture du palmier-dattier, est reconnu comme étant « un métier harassant et dangereux, nécessitant une robustesse et un savoir-faire ». Même constat établi par un universitaire à Ghardaïa pour qui « la main-d’œuvre est de plus en plus vieillissante et les jeunes sont moins nombreux à choisir les métiers agricoles ».
L’agriculture repose dans plusieurs cas à Ghardaïa sur de petites exploitations familiales, dont les travaux agricoles sont essentiellement manuels (défrichage, semi, épandage d’engrais, récolte, séchage, etc.) et effectués par les membres de la famille. De nombreux agriculteurs éprouvent des difficultés à trouver une main-d’œuvre suffisante pendant la campagne agricole. Une « pénurie » de main-d’œuvre agricole présentée comme étant un « problème crucial, un frein important à la production », par de nombreux observateurs. Cette pénurie de la main-d’œuvre agricole résulte de la conjugaison des effets de nombreux facteurs, notamment la faible rémunération du travail agricole, la pénibilité du travail agricole et l’absence de formation, ainsi que le désintéressement, a estimé Abdelkader, un sociologue de la région. Contraints, les agriculteurs de Ghardaïa comptent actuellement sur les immigrants clandestins pour combler le manque de la main-d’œuvre agricole locale.
Ces immigrants subsahariens sont dans une large majorité, une main-d’œuvre qui n’est pas techniquement formée à la réalisation de travaux agricoles, particulièrement la cueillette de dattes. Le vieillissement de la population active dans l’agriculture et la pénurie de la main-d’œuvre jeune constituent l’un des nombreux facteurs pouvant compromettre la filière phunicicole dans la région.
Une récolte de près de 570 000 quintaux de dattes, toutes variétés confondues, est attendue dans la wilaya de Ghardaïa, au titre de la campagne de cueillette de la saison agricole 2015, qui est à un stade avancé, selon la direction des services agricoles (DSA).
Cette production prévisionnelle concerne une récolte de plus de 224 000 q de dattes de variété supérieure Deglet-Nour, avec un rendement moyen estimé à 49 q/ha, et 346 000 q de variété Ghers et analogues, avec un rendement moyen de 53 q/ha, a déclaré à l’APS le responsable de la cellule du plan de développement agricole à la DSA , Khaled Djebrit.
La wilaya de Ghardaïa compte près de 1 300 000 palmiers, dont 1 110 000 productifs avec 125 espèces de dattes, fines et moelleuses, telles que Azarza, Ghers, Timdjouhart, Bent-Aqbala et Deglet-Nour, a-t-on fait savoir à la DSA.