Qu’on se le dise, le point du nul arraché hier, au Cap, à l’ogre anglais est un véritable exploit et sans doute l’une des grosses surprises de ce Mondial 2010, décidément riche en rebondissements.
C’est une belle réponse à tous ceux qui n’ont pas parié un sou sur cette équipe algérienne, malchanceuse contre la Slovénie, qu’elle a dominée de bout en bout avant d’abdiquer sur une erreur du gardien Chaouchi.
C’est surtout la réaction d’un groupe touché dans son orgueil, après l’échec face aux Slovènes, qui s’est juré de redorer son blason dès la seconde rencontre du premier tour.
Face à des Anglais arrogants à l’image d’un Rooney assuré sur papier de la victoire, les Verts ont fait preuve d’une rigueur tactique impeccable. Ils ont su contenir le jeu anglais et l’empêcher de jouer dans les intervalles.
Yebda et Lacen ont effectué, à cet effet, un travail de titans. Certes, sur le plan offensif, il y a encore du boulot à faire, mais faire jeu égal avec des Anglais, l’un des favoris de ce tournoi, n’est tout de même pas une sinécure.
C’est une véritable gageure. Les Algeriens, très bien disposés sur le terrain et avec une assise défensive rassurante et un gardien de but, M’bolhi qui a sans doute gagné définitivement ses galons, hier, ont réussi à imposer même parfois leur jeu.
Dommage que la jeunesse de Boudebouze et son manque d’expérience dans ce genre de match ne lui ont pas permis d’apporter le soutien nécessaire à un Matmour qui s’est battu seul comme un lion au milieu de la muraille anglaise.
Pendant au moins 70 minutes, les Verts ont tenu la dragée haute à l’Angleterre de Cappello, ils lui ont causé des problèmes certains. Ce n’est pas tout à fait le match référence contre la Côte d’Ivoire, mais celui d’hier n’est pas loin de l’être.
Il faut avouer aussi que ce n’est pas le même niveau. Et encore moins le même enjeu. Les Fennecs sont-ils pour autant assurés de passer au second tour ? Pas du tout évidemment, mais le plus important hier c’était de ne pas perdre car une défaite aurait été le meilleur raccourci à prendre pour la disqualification.
C’est un résultat qui redonne espoir à l’équipe algérienne qui, désormais, a des chances d’accéder au second tour à condition de battre les USA lors du prochain match.
Et franchement, au vu de ce que nous avons vu jusque-là du pays de l’oncle Sam, il est fort à parier que les camardes de Halliche ont une belle carte à jouer. Ils ont largement les moyens de battre les USA à condition surtout de trouver des solutions en attaque.
Le salut passe inéluctablement par un réveil du compartiment offensif. Mais le résultat nul d’hier encore entre la Slovénie et les USA complique la tâche des Verts obligés de battre largement les Américains pour éviter le goal-average avec les Slovènes dans le cas d’une défaite de ces derniers contre les Anglais. Le meilleur résultat pour l’Algérie serait de battre les USA et que les Anglais ne battent pas la Slovénie.
C’est un scénario idéal qui ouvrirait grandes les portes de la qualification pour les Algériens, ce qui constituerait une première dans l’histoire du football algérien.
Mais on n’est pas encore là, à l’image de ce peuple sorti hier dans la rue pour fêter l’exploit de ses héros, savourons cette victoire. Rendons hommage à cette jeune génération de joueurs qui, non seulement, a remis le football algérien à sa véritable place, mais s’offre aujourd’hui aussi le luxe de taquiner les “grands” de ce monde.
Quelle que soit l’issue de ce premier tour dans ce tournoi, l’Algérie aura réussi déjà une belle expérience pour peu que les leçons soient retenues. Les gars ont sorti le match que les Algériens attendaient d’eux. Ils ont représenté dignement les couleurs nationales. Ils ont surtout cloué le bec à ceux qui se sont empressés d’affirmer que nous ne méritions pas d’être présents au Mondial et qu’ils étaient plus méritants.
Ces égyptiens, éternels râleurs, doivent être aujourd’hui dans leurs petits souliers. Les coéquipiers de Antar Yahia ont non seulement démontré, hier contre les Anglais, qu’ils sont dignes de représenter le continent africain, mais aussi et surtout qu’ils sont plus forts que leurs détracteurs battus à plate couture par une soirée de Oum Dorman. Ceci pour répondre — sur le terrain – aux mauvais perdants du Nil.
Samir Lamari