Quarante-huit heures après le bref séjour du président de la République dans une clinique à Grenoble, aucune information officielle n’a filtré à ce sujet. Le black-out est toujours de mise : l’aller-retour en France de Bouteflika pour raison médicale n’a fait l’objet d’aucun communiqué. Hormis de sibyllines dépêches de l’APS, publiées hier en début de soirée, et faisant état d’audiences accordées par le chef de l’Etat aux ambassadeurs du Soudan et de Palestine.
L’opinion nationale est réduite, depuis, à se livrer à un jeu de pistes pour en savoir un peu plus sur non seulement l’état de santé du président de la République mais également sur son agenda.
La présidence de la République est restée muette comme à son habitude. Samedi soir, les chaînes d’information françaises ainsi que plusieurs sites électroniques annonçaient le retour de Bouteflika à Alger. Au journal télévisé de 20 heures, point d’informations sur ce déplacement. L’événement était footballistique et les téléspectateurs des chaînes nationales sont restés sur leur faim. Beaucoup d’observateurs affirment que le silence de la présidence est motivé par des déplacements fréquents du Président à l’étranger pour raisons médicales.
Si la présidence devait communiquer, elle créerait ainsi un précédent et serait à l’avenir tenue d’informer l’opinion publique à chaque déplacement du Président. Une perspective qui ne peut en aucun cas être envisagée par l’entourage du Président qui véhicule l’idée que le président de la République est en bonne santé et qu’il vaquait à ses occupations de manière régulière. La preuve, l’agenda très chargé auquel Boutefllika a été soumis ces dernières semaines.
Bouteflika a reçu les lettres d’accréditation de pas moins de 29 ambassadeurs. Une activité certes protocolaire mais qu’il ne pouvait indéfiniment repousser. Il avait, ces dernières semaines, également accordé des audiences au Cheikh Mohammad Ben Zayed Al-Nahyane, prince héritier d’Abu Dhabi, au général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, à Moudibou Keita, le haut représentant du Président malien pour le dialogue, et au général-major Hamed Ben Ali Al Attiyah, ministre d’Etat qatari aux Affaires de Défense, avant de clore cette liste avec Laurent Fabius.
Pour les semaines à venir, son agenda restera inchangé, dit-on dans des journaux réputés proches du cercle présidentiel. C’est ainsi qu’on apprend que Bouteflika présidera dans la semaine un Conseil des ministres et recevra Tayyip Erdoğan qui fera jeudi escale à Alger. Il faudra certainement attendre que son état de santé le lui permette pour que les Algériens puissent enfin avoir des images ou des informations sur leur Président à moins que la télévision nationale ne diffuse une information selon laquelle Bouteflika aurait adressé un message à un de ses homologues. Il faudra alors conclure, au vu de l’activité protocolaire d’hier, que tout va bien et que le Président est bel et bien rentré au pays.
N. I.