Malgré les facilitations décidées par les pouvoirs publics :La demande de foncier industriel en baisse en 2015

Malgré les facilitations décidées par les pouvoirs publics :La demande de foncier industriel en baisse en 2015

“Le signal fort envoyé par les pouvoirs publics, se traduisant par des restrictions des importations de produits finis et d’encouragement de la diversification économique, ne s’est pas encore traduit sur le terrain de l’investissement”, constate l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière (Aniref), qui a publié, en juillet dernier, sa note de conjoncture du foncier économique pour l’exercice 2015. “Il est connu qu’en pareille conjoncture, l’investisseur a tendance à plus de prudence et adopte généralement une attitude d’attente et de report”, estiment les rédacteurs de la note de conjoncture, relevant “un net recul” des déclarations d’investissement auprès des services de l’Agence nationale pour le développement industriel (Andi), pour l’année 2015 par rapport à 2014.

En effet, 7 950 projets d’investissement ont été déclarés, toutes nationalités confondues, durant l’année 2015 contre 9 904 projets en 2014, soit une baisse de 20%. “L’évolution traduit clairement l’impact de la conjoncture économique difficile sur l’acte d’investissement”, analyse l’agence. Le recul est particulièrement élevé pour les projets d’investissement industriel. La baisse des déclarations pour ce type d’investissement est estimée à 64%. Plus globalement, l’Aniref évoque trois principales conclusions concernant la conjoncture du marché du foncier économique pour 2015.



Pour l’agence, le contexte économique de 2015 se caractérise par une incertitude pour l’investissement et la croissance. Il s’annonce difficile et porteur d’incertitudes sur la capacité de financement de l’économie nationale. Les investisseurs anticipent les risques du marché et ont tendance à reporter les décisions d’investissement.

La demande en foncier est en baisse, malgré les facilitations décidées par les pouvoirs publics grâce au nouveau mode de traitement des dossiers de demande de foncier relevant du domaine privé de l’État. Le marché du foncier se traduit par une forte baisse des prix. “Cette évolution du marché traduit un retournement d’une tendance qui était haussière”, constate l’Aniref. “La demande du foncier destiné à l’investissement industriel est essentiellement canalisée vers le foncier relevant du domaine privé de l’État”, indique l’agence. Selon un bilan dressé par le gouvernement, le nombre de projets d’investissement industriel traités par les wilayas a atteint 3 261 dossiers.

Ce volume est en baisse par rapport à 2014, soit -8,5%. “Les changements intervenus dans le mode d’allocation du foncier concédé, facilitant grandement le traitement des dossiers, a, cependant, permis de contenir la baisse de la demande”, soutient l’Aniref. Les mutations du foncier industriel, publiées auprès des Conservations foncières, ont enregistré une forte baisse par rapport à 2014.

Après une croissance de 25% en 2014, les transactions ont chuté de 42% en 2015. Les biens mutés durant l’année ont été de 391 actifs dont 72% dans le cadre de la concession de foncier public. “Bien qu’il soit difficile de lier l’évolution des transactions foncières à la conjoncture économique, la demande en foncier industriel constitue, néanmoins, un indice du climat général”, analyse l’agence. La mercuriale des prix du foncier industriel pour 2015 enregistre une forte baisse des prix par rapport à 2014. Le prix moyen national est de 1 605 DA/m² en baisse significative de l’ordre de -78%. Par rapport à l’année de base (2008), le prix moyen est en baisse de -66%. Par ailleurs, le facteur “localisation géographique” impacte toujours la différenciation des prix. “Les opérations de mise en concession des terrains relevant du domaine privé de l’État s’apparentent à un marché régulé et jouent un rôle de modérateur des prix”, souligne l’Aniref.

Cette régulation tient notamment à l’instruction donnée aux services des Domaines de fixer les annuités sur la base de la borne inférieure de la fourchette des prix du marché de la commune considérée. Ce mode de régulation du foncier concédé impacte indirectement le prix des cessions par le secteur privé, et ce, en dépit de quelques exceptions observées (cession d’un bien de 1 446 m² observée à Constantine à un coût de 151 827 700 DA, soit 104 998 DA/m²). “La baisse des prix doit être aussi interprétée à la lumière de la conjoncture économique et notamment la baisse de la demande”, ajoute l’Aniref.