Par Smati Saïd
Rassurés par cette fermeté, les prix ont bien réagi mardi atteignant, pour le Brent, un pic à 65,60 dollars.
Le trou d’air subi par le prix du pétrole, dans le sillage de l’intervention de Trump sur Twitter à destination de l’Opep, n’aura finalement pas fait long feu. Donald Trump a appelé, une nouvelle fois, lundi, l’Opep à cesser ses efforts pour faire monter les cours du brut, l’invitant dans un tweet à “se calmer”. “Les prix du pétrole deviennent trop élevés. L’Opep, s’il vous plaît, détendez-vous et gardez votre calme. Le monde ne peut pas encaisser une hausse des prix — trop fragile !”, a ainsi tweeté le président américain.
Suite à ce message, les cours du brut ont accusé leur plus forte baisse en pourcentage de l’année, le Brent de la mer du Nord cédant 3,5% sur la journée de lundi.
Il faut dire qu’en 2018, Donald Trump avait déjà multiplié les critiques similaires contre les prix trop élevés du pétrole, et de nombreux analystes jugent que cela avait conduit l’Arabie saoudite, qui dépend de son alliance géopolitique avec les États-Unis, à augmenter sa production au deuxième semestre. Résultat : les cours du brut avaient plongé de 40% entre octobre et décembre 2018. Cependant, cette fois-ci, l’Opep semble ne pas vouloir céder au président Trump.
Selon l’agence de presse Reuters qui cite une source de l’Opep dans le Golfe, l’Opep et ses alliés continueront d’appliquer leur accord de réduction de la production en dépit des critiques du président américain.
Au vu des données actuelles sur le marché, l’alliance dite Opep+ “poursuivra probablement les réductions de production jusqu’à la fin de l’année”, a indiqué la source qui a ajouté que l’accord vise à faire baisser les stocks par rapport à leur niveau actuel pour revenir vers leur moyenne sur cinq ans. “Il ne fait aucun doute que nous continuerons de réduire la production selon nos plans et nous ferons en sorte d’avoir l’adhésion la plus forte à ces mesures”, a-t-elle précisé. Rassurés par cette fermeté, les prix ont bien réagi mardi atteignant, pour le Brent, un pic à 65,60 dollars en séance. Hier, les prix continuaient leur reprise frôlant les 66 dollars à 65,99 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, portée par les déclarations du ministre saoudien de l’Énergie, Khalid al-Falih, qui a évoqué la possibilité d’une extension du gel de la production au second semestre 2019.
“Nous avons accru la production significativement (en 2018) dans la perspective d’une baisse potentielle de l’offre qui ne s’est pas matérialisée. En conséquence, les stocks ont rapidement gonflé et nous avons donc corrigé la trajectoire d’une manière graduelle et mesurée afin de ramener les stocks à un niveau raisonnable”, a-t-il ajouté en notant que la production américaine, elle, continuait d’augmenter.
Pour Khalid al-Falih, le marché répond “lentement mais sûrement” à la réduction de l’offre de l’Opep+. “Il faut juste lui donner du temps, on va voir la demande bien se reprendre à partir du deuxième trimestre et on verra aussi une meilleure application (de l’accord) par les pays membres. Les stocks réagiront le moment venu”, a-t-il dit.
Par ailleurs, le rebond des cours d’hier était également encouragé par la baisse inattendue des stocks américains. En effet, la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API) a fait état mardi d’une baisse des réserves américaines de brut de 4,2 millions de barils, alors que les analystes tablaient sur une hausse de 2,8 millions.
Saïd Smati