Malgré leur abondance sur les étals: Les fruits et légumes intouchables

Malgré leur abondance sur les étals: Les fruits et légumes intouchables

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La création des chambres froides et le professionnalisme des fellahs sont venus à bout de l’époque du bon marché durant l’été.

Les prix des fruits et légumes n’ont pas connu de baisse cet été. Bien au contraire, certains produits ont même connu une légère hausse par rapport aux prix pratiqués durant le mois du Ramadhan. C’est le cas des produits maraîchers, à savoir la tomate, le poivron et le piment. Cédés respectivement à 80, 100 et 110 DA durant le mois de Ramadhan et jusqu’à la fin du mois de juin dernier, ces produits faisaient respectivement hier au marché de Ben Omar à Kouba, 110, 120 et 140 DA. La pomme de terre, la laitue, l’oignon, la courgette, les haricots verts et les aubergines ont été affichés hier à des prix tout aussi élevés que ceux pratiqués durant le reste de l’année, soit par ordre 70, 100, 60, 70, 140 et 120 DA. Le constat est valable aussi pour ce qui est des autres produits, à savoir la carotte, les navets et les radis. Ces derniers ont été cédés contre 80, 100 et 70 DA. Les prix de ces légumes sont exorbitants selon les citoyens, et ce, pour deux raisons. La première est que normalement la saison de l’été est la saison de la production de ces produits. La seconde est que la demande sur ces produits est inférieure en été par rapport à l’offre. Il faut dire à ce propos, que les étals des commerçants que ce soit ceux de l’alimentation générale ou ceux des marchés, ont été hier très bien remplis et la qualité de l’ensemble des produits était très bonne. «Les produits exposés ne sont pas de la serre comme ceux exposés il y a quelques semaines», dira un commerçant en réponse à notre question portant sur la provenance de ses produits. «Les quantités des légumes seront davantage importantes dans les prochains jours. Les champs seront tous mûris d’ici quelques semaines», a ajouté un autre. Interrogés par ailleurs sur la non- baisse des prix des légumes cette année, de nombreux commerçants avec qui nous nous sommes entretenus, se sont accordés à souligner que les temps ont changé. «Le fellah est devenu de plus en plus conscient et professionnel dans sa façon de travailler.Il ne met sur le marché que de petites quantités», ont fait remarquer nos interlocuteurs. Ce qui explique par ailleurs, la hausse des prix des légumes sur le marché, précisent les commerçants du marché de Ben Omar, est le fait que ces derniers sont déjà élevés en amont. «Le fellah ne cède plus facilement. Il ne vend qu’au plus offrant», indique-t-on, soulignant que ce dernier a raison. «Le fellah fait en effet face à de nombreuses dépenses et charges. Il s’acquitte des frais de la semence, de l’eau, de l’électricité et de la main-d’oeuvre devenus de plus en plus chers», explique-t-on en outre. La tendance de la hausse des prix a concerné aussi les fruits. Les prix de ces derniers sont tous chers et loin d’être à la portée des ménages aux revenus modestes.

Le melon, la pastèque, l’abricot, les prunes, le raisin, la pomme et la cerise ont été cédés hier respectivement à 90, 40, 250, 350, 350, 350 et 600 DA/kg. Tous ces fruits sont pour rappel de la saison. Les prix de ces fruits ont toujours été par le passé à pareille période de l’année, à la portée de tous. Le fait que ces produits sont périssables et existent en abondance poussaient les commerçants à les écouler à bas prix. Les prix de ces fruits ne vont pas baisser dans les jours prochains. «L’offre a baissé cette année», affirment les commerçants. «La région de N’gaous qui fournissait les régions du nord en abricots et prunes a vu l’incendie de beaucoup de milliers d’abricotiers et de pommiers», ont fait observer de nombreux commerçants. Pour couvrir les besoins du marché national en ces deux fruits, l’Algérie a permis l’importation de grandes quantités à partir de l’Espagne. Concernant les prix de la banane, la pomme importée et le kiwi, ces derniers ont été affichés à 320, 1200 et 1700 DA. La hausse des prix des fruits a impacté par ailleurs, notons- le, les traditions des Algériens durant les fêtes.

Au lieu de servir les fruits pour les invités, les ménages recourent à présent aux boissons gazeuses et au yaourt. Questionnés sur les solutions pouvant contribuer à la baisse des prix de ces produits, les commerçants ont été unanimes à indiquer que l’Etat doit renforcer son aide à l’égard des paysans. «Les fellahs doivent être les premiers à soutenir et à bénéficier des dispositifs d’aide de l’Ansej et de la Cnac», ont-ils souligné. Il est à rappeler que l’autre raison qui est à l’origine de la non- baisse des prix des fruits et légumes durant l’été comme ça été le cas par le passé, est la création des chambres froides. L’excédent est déposé dans ces chambres et mis sur le marché en temps opportun. «Cette démarche qui a eu des retombées positives sera généralisée à l’avenir pour tous les produits agricoles», a affirmé Bouazghi récemment à partir de la wilaya de Mila. Pour y parvenir ce dernier a fait savoir que beaucoup de chambres froides seront réalisées à l’avenir.