Le taux moyen actuel de remplissage des barrages du pays est de 75% alors qu’il était à la même période de l’année écoulée de 63% seulement. Mais aux yeux de Smaïn Amirouche, directeur général de l’Algérienne des eaux (ADE), « quand bien même le volume mobilisé est important, il ne saurait être satisfaisant ».
Selon Smaïn Amirouche, « les eaux des barrages n’assurent que 33% de besoins du pays en eau potable » et de préciser dans la foulée que « l’essentiel émane des ressources souterraines (50%) et le reste (17%) provient des stations de dessalement d’eau de mer ».
Ce responsable, qui se prononçait lors d’une conférence autour du thème « La sécurisation de l’alimentation en eau potable », organisée en marge du 15e Salon international des équipements, des technologies et des services de l’eau, qui se tient jusqu’au 14 février courant au Palais des expositions des Pins-Maritimes (Safex/Alger), a en outre indiqué que le pays « est appelé à renforcer sa sécurité en alimentation d’eau potable, ou AEP ». Et dans cette perspective, Smati Abdelouaheb, directeur central au ministère des Ressources en eau, a indiqué que dans le cadre du plan national de l’eau, « le programme d’investissement a été établi en fonction du déficit hydrique ». Ce dernier a par ailleurs rappelé que pour le gouvernement, l’AEP est une option prioritaire, « en témoignent les budgets alloués depuis deux décennies », a-t-il souligné. Et de lancer : « Le nombre important de barrages réalisés et autres infrastructure en rapport avec le secteur a permis au pays de gagner la bataille de la mobilisation des ressources hydriques ». De son côté, le représentant de l’Office national d’assainissement (OND) a, pour sa part, estimé que « plus on donnera de l’eau, plus le besoin d’assainir se fera ressentir.
En clair, face aux besoins croissants d’AEP, il faudra, par souci d’équilibre entre l’offre et la demande, multiplier nos capacités d’assainissement des eaux utilisées par les foyers et les usines ». Un autre intervenant a indiqué : « Partant du fait que nous sommes un pays aride, c’est-à-dire en proie à un stress hydrique quasi permanent, et qui va encore beaucoup plus peser à court terme, une question va se poser avec acuité : comment économiser l’eau conventionnelle ? » Est-ce à dire que devant la raréfaction de la pluie, comme l’attestent de nombreuses études menées par d’éminents chercheurs en la matière, l’alternative de multiplier les volumes d’eaux issus du dessalement sera inévitable ? Faut-il rappeler que le pays s’est déjà inscrit dans ce sens puisqu’il dispose actuellement de 21 stations de dessalement sur l’ensemble de son littoral. Un apport qui permet d’alimenter 6 millions d’habitants en eau potable. Toujours dans ce même sens, le directeur général a fait savoir que près de 7,9 millions de m3 /jour sont mis sur le réseau au profit de 6 millions d’abonnés. Ce responsable a, par ailleurs, révélé que l’ADE fournit quotidiennement en eau 80% de la population nationale et 46% est approvisionnée 24H/24. Cependant, M. Amirouche a indiqué que la moyenne de la dotation d’un citoyen en Algérie en eau potable est de 180 litres/jour, ce qui représente, selon lui, un chiffre élevé, appelant le citoyen à une consommation plus rationnelle de cette ressource. «A titre d’exemple, dans certaines capitales européennes, la dotation moyenne par habitant est comprise entre 80 et 100 litres/jour», a-t-il indiqué. Cela dit, il convient de faire savoir que les besoins en AEP vont croître dans les prochaines années en raison, d’une part, de la forte poussée démographique et, d’autre part, l’obligation de mettre à la disposition du secteur de l’agriculture plus de volumes d’eau pour ces besoins indispensables d’irrigation. Un défi qu’il faudra relever.<