Malgré une augmentation substantielle du budget : La croissance économique n’a pas été au rendez-vous en 2018

Malgré une augmentation substantielle du budget : La croissance économique n’a pas été au rendez-vous en 2018

Cette contre-performance intervient dans un contexte d’une forte augmentation du budget de l’État et d’un prix du pétrole plus élevé qu’attendu.

L’économie algérienne a réalisé une croissance annuelle de 1,4% en 2018, contre 1,3% en 2017, selon les chiffres consolidés de l’Office national des statistiques (ONS), repris par l’APS. La croissance reste “positive” malgré le contexte économique caractérisé essentiellement par un déficit du compte courant de la balance des paiements, une baisse des réserves de changes, ainsi que par un recul de la croissance dans le secteur des hydrocarbures, relève l’ONS dans sa publication sur les comptes économiques en volume de 2015 à 2018. 

Cependant, même si elle a gagné 0,1 point de pourcentage par rapport aux réalisations de l’année 2017, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est loin des projections de la loi de finances 2018 qui tablait sur un taux de 4%. 
Ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes. Cette contre-performance intervient dans un contexte d’une forte augmentation du budget de l’État et d’un prix du pétrole plus élevé qu’attendu. Dans son rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie publié en avril dernier, la Banque mondiale indiquait que la dépense publique a progressé de manière substantielle l’année dernière (11,2% en valeur nominale), après un léger repli en 2017. 

Malgré une augmentation substantielle du budget de l’État, le ralentissement marqué de la production d’hydrocarbures a entravé la reprise de la croissance en 2018. La baisse de la production du secteur des hydrocarbures, entamée depuis quelques années, semble donc liée à des difficultés structurelles. 
Le taux de croissance du PIB, hors hydrocarbures, s’est, quant à lui, amélioré pour atteindre 3,3% en 2018, contre 2,1% en 2017, “ce qui constitue une performance appréciable”, selon l’ONS. La croissance économique a été tirée essentiellement par les secteurs de l’agriculture (5%), du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (BTPH), y compris les services et les travaux publics pétroliers (5,2%), et celui de l’industrie avec 4,1%.

En valeurs courantes, le PIB est passé de 18 575,8 milliards de dinars en 2017 à 20 259,0 milliards de dinars, soit une hausse de 9,1%. Par tête d’habitant, le PIB est évalué à 4 080,7 dollars en 2018 contre 4 011,2 dollars l’année d’avant. En 2018, le déflateur du PIB a connu une hausse de 7,6% contre 4,7% en 2017. Cette tendance d’un déflateur du PIB positif révèle effectivement des baisses de prix internationaux des hydrocarbures moins importantes dès 2016 et une augmentation conséquente des prix en 2017 et 2018. Les exportations des hydrocarbures ont atteint 39 milliards de dollars en 2018 contre 33,5 en 2017, soit une hausse de 16,6% en valeurs. 
Le prix moyen du brut algérien est passé de 54,2 dollars le baril en 2017 à 71,1 dollars le baril en 2018, soit un accroissement de 31,2%. En volume, les exportations des hydrocarbures ont baissé de 8,4% en 2018 après avoir enregistré une baisse de 3,5% en 2017. 

Selon l’ONS, la consommation finale des ménages a affiché une croissance de 2,8% en 2018 et la Formation brute de capital fixe (FBCF), un indicateur qui mesure l’investissement des agents économiques, a évolué en volume de 3,1%. En valeurs nominales, la FBCF a augmenté de 6,6%, s’établissant à 8 202,5 milliards de dinars en 2018, contre 7 698,0 milliards de dinars en 2017. “Le taux d’investissement de l’économie demeure important en 2018 ; la part de la FBCF dans le PIB est de 40,5%”, indique l’ONS. 
 
Meziane Rabhi