Malgré une rallonge de 355 millions de dollars pour son exploitation El-Hadjar : l’interminable panne

Malgré une rallonge de 355 millions de dollars pour son exploitation El-Hadjar : l’interminable panne

L’État a de plus déboursé 6 milliards de dinars pour couvrir les salaires et l’importation du coke et les demi-produits, tels que les billettes et les brames pour approvisionner les chaînes de production en aval du haut-fourneau.

Alors que le démarrage du haut-fourneau n°2 est repoussé à septembre, les dirigeants du complexe peinent à assurer les salaires des 5 000 travailleurs. Annoncé comme imminent, le démarrage du haut-fourneau n°2 du complexe sidérurgique d’El-Hadjar n’a pas eu lieu, et ce n’est une surprise pour personne, notamment sur le site industriel où les travailleurs sont las de voir cette échéance reportée d’un mois à l’autre depuis novembre 2015, date du début des travaux de réhabilitation de cet équipement vital.

Les choses sont restées strictement en l’état dans toutes les entités de l’entreprise de sidérurgie, mis à part quelques réajustements structurels. Pire, les installations de production du site, qui est toujours sous contrôle d’ArcelorMittal Algérie — le CPE n’a toujours pas validé officiellement la reprise des actions de ce groupe par la partie algérienne et dont la direction générale est toujours confiée à un responsable indien, en l’occurrence Mukund Kulkarni — sont désespérément à l’arrêt. Ce qui amène les dirigeants en poste à se faire des cheveux blancs pour assurer le salaire des travailleurs, estimé à 500 millions de dinars par mois. Un cadre du groupe Sider nous confie, sous le sceau de la confidence, que la BEA a mis à disposition du complexe, en avril dernier, une enveloppe de 355 millions de dollars, et ce, à titre de rallonge budgétaire pour l’exploitation ; une rallonge qui a été consommée, sans pour autant rien produire.

Notre source a ajouté que l’État a de plus déboursé 6 milliards de dinars pour couvrir les salaires et l’importation du coke et les demi-produits, tels que les billettes et les brames pour approvisionner les chaînes de production en aval du haut-fourneau. Du replâtrage qui ne fait qu’aggraver une situation compromise et qui, au fond, n’arrange que nos partenaires qui ne sont plus en Algérie que pour assister la partie algérienne à renforcer le plan de développement d’Annaba et l’exploitation minière à Tébessa et leur pérennité sur le long terme. Des cadres sidérurgistes très au fait de ce qui se passe dans leur usine, mais qui sont éloignés des centres de décision, ont été formels en prédisant l’échec des travaux entrepris sur le haut-fourneau en question. Ces cadres, qui s’inquiètent pour l’avenir de leur usine, assurent avoir compris, dès la venue de ceux-ci à Annaba, que les techniciens de la société italienne Ferretti auxquels le projet a été confié n’étaient que des bricoleurs sans expérience dans le domaine.

Force est de leur donner raison, puisque trois mois après la date prévue de livraison de cet équipement vital pour la zone chaude du complexe sidérurgique, qu’est le haut-fourneau, c’est-à-dire en mai de l’année en cours, les dirigeants d’ArcelorMittal se rendent compte de leur mauvais choix et décident tout bonnement de se passer des services de la société italienne et de confier le projet à la société Pirson, une entreprise portugo-belge basée au Luxembourg. Des sources proches de la direction générale du complexe indiquent qu’une fois à pied d’œuvre, les ingénieurs de cette nouvelle entreprise, qui est de loin plus fiable, ont vite fait de constater une multitude de malfaçons et d’imperfections dans les travaux effectués par leurs prédécesseurs, dont certaines pourraient s’avérer éminemment dangereuses pour la sécurité du site tout entier.

D’où ce deuxième report du démarrage de cette installation à août et un autre encore à septembre prochain, si tout se passe bien. Il faut souligner que toutes ces annonces n’ont pas été rendues publiques, à l’exception de celle qui a été faite de manière solennelle et sur un ton assuré par le ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, en présence de la presse nationale et des membres du gouvernement, en mars, lors de la visite du Premier ministre à Annaba. Il faut aussi faire remarquer que l’omerta est imposée à toutes les structures du site sidérurgique où les professionnels de la presse n’ont presque plus d’entrée, si ce ne sont des confidences arrachées auprès de proches ou d’amis. Cette situation prévaut et tout le monde à Annaba s’accorde à le dire, depuis le 7 octobre 2015, lorsque le ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, avait annoncé “la restructuration de l’actionnariat”, au sein de ce même site, où le plan d’investissement de 1 million de dollars venait à peine d’être entamé. Cela, en précisant qu’“ArcelorMittal transférera ses participations minoritaires dans les deux sociétés ArcelorMittal Algérie et ArcelorMittal Tébessa, ainsi que sa participation majoritaire dans ArcelorMittal Pipes & Tubes Algérie à la partie algérienne, qui contrôlera de ce fait pleinement ces sociétés”. Et de signaler qu’“ArcelorMittal va poursuivre son assistance technique pour réussir le plan de développement du complexe d’El-Hadjar”.