Mali : réunion de la Cédéao pour envisager une intervention

Mali : réunion de la Cédéao pour envisager une intervention

La France estime qu’il n’y a pas de « solution militaire » aux revendications des Touareg au Mali, déclare, jeudi 5 avril, Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères français, devant l’Association de la presse anglo-américaine à Paris.« C’est une solution politique qu’il faut », a-t-il ajouté, précisant que la Communauté économique des Etats d’Afrique l’Ouest (Cédéao), ainsi que l’Algérie et la Mauritanie devaient y contribuer. « Il faut que la junte s’écarte et que, soit le président de l’Assemblée nationale malienne, soit quelqu’un d’autre, prenne le pouvoir constitutionnel et que ce pouvoir soit aidé pour stopperl’avance d’AQMI », a-t-il ajouté.

PAS D’ENVOI DE TROUPES FRANÇAISES

Pour stopper cette progression des islamistes et aider les autorités légitimes de Bamako, le ministre a précisé qu’une force d’intervention de la Cédéao pourrait alors bénéficier d’un soutien logistique de la France. M. Juppé a qualifié néanmoins de « surréaliste » l’idée d’un envoi de troupes françaises au Mali.

Les chefs d’état-major de la Cédéao se sont réunis jeudi matin à Abidjan pour étudier l’éventuel déploiement d’une force militaire régionale de 2 000 hommes déjà en alerte afin de faire face à la crise au Mali. Les chefs d’état-major de laCôte d’Ivoire, du Nigeria et du Niger participaient notamment à cette réunion, à laquelle assistaient des officiers américains et français.

Dans Les Inrocks, le musicien malien Salif Keita réagit à la crise : « J’espère que l’on pourra compter sur les Nations unies, et surtout sur la France, pour noussortir de ce merdier. Il me semble que la France a historiquement une responsabilité dans cette affaire. »

PRÉSENCE CONFIRMÉE DES CHEFS D’AQMI

Un responsable de la communauté arabe du Nord-Mali a confirmé, jeudi, sur Radio France internationale (RFI) la présence des Algériens Abou Zeid etMokhtar Belmokhtar, deux des principaux chefs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), à Tombouctou, tombée en fin de semaine dernière sous le contrôle de rebelles touaregs et d’islamistes. « Actuellement, Tombouctou est contrôlé par le mouvement Ansar Dine et ses alliés d’Al-Qaida. Le drapeau d’Ansar Dine flotte sur le camp militaire de Tombouctou », a expliqué Mahmoud Al-Oumrany. Interrogé sur la présence d’Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar, il l’a confirmé. « C’est exact, ils ont été signalés à Tombouctou. C’est une victoire importante pour eux, la prise de Tombouctou vaut le déplacement. Ils ont rassuré sur leurs intentions de paix à Tombouctou. Ils auraient rencontré les imams principalement, les chefs religieux, l’élite religieuse », a-t-il expliqué.

Pour ce doyen de la communauté arabe du Nord-Mali, les rebelles indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont été chassés de Tombouctou. « Ils ne peuvent pas prendre pied à Tombouctou. Le seul territoire qui leur reste, c’est la rive droite du fleuve. Le MNLA a traversé pour aller à la rive sud, en direction du Burkina », a-t-il dit.

DES OCCIDENTAUX ÉVACUÉS DE TOMBOUCTOU

Trois Occidentaux dont un Français ont été évacués in extremis de Tombouctou. Une source sécuritaire sur place a confirmé l’information, en indiquant que l’opération s’est déroulée « avant-hier » (mardi 3 avril). « Mais pour des raisons de sécurité, permettez-moi de ne pas dire dans quel pays ces trois Occidentaux qui habitaient ici ont été évacués », a-t-elle ajouté. Si aucune source n’a souhaitédonner l’identité des trois personnes évacuées, un couple de Britanniques, qui tenait une auberge dans la ville, a raconté au journal britannique Daily Telegraphavoir fui en Mauritanie, à travers le désert, avec l’aide de militaires et miliciens nomades. « Ça a été un très long voyage (…). Nous avons traversé le désert dans trois vieux camions de l’armée, mais nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir nous en sortir et sommes reconnaissants envers ceux qui nous ont aidés », a dit Diane English, 53 ans, qui tenait l’auberge Alafia avec Neil Whitehead, 58 ans.

Selon leur témoignage, ils ont demandé à être évacués en apprenant qu’AQMI avait mis leur tête à prix. « Lundi, le MNLA nous a emmenés à la piste d’atterrisage de l’aérodrome de Tombouctou, où nous avons passé la nuit. A ce moment-là, Al-Qaida était dans la ville, et nous savions que [ses hommes]étaient à notre recherche. Le MNLA leur a dit que nous étions déjà partis », a raconté Mme English. Selon elle, le couple avait déjà essayé de fuir Tombouctou le 31 mars, mais les routes étaient bloquées par des colonnes de militaires en déroute.

OCCUPATION DU CONSULAT D’ALGÉRIE À GAO

Le consulat d’Algérie à Gao a été occupé jeudi par des islamistes armés qui y ont hissé le drapeau salafiste noir et ont arrêté des diplomates algériens, indiquent plusieurs témoins. La ville de Gao, qui abritait le commandemant de l’armée malienne pour le Nord, a été prise samedi par la rébellion touareg et des islamistes.