Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), jusqu’ici partenaire de la solution politique à la crise malienne, change de fusil d’épaule et opte, au quatrième jour du déclenchement de l’opération militaire, pour un soutien à l’armée française. Un responsable du mouvement a affirmé hier la disponibilité du MNLA à aider l’armée française en s’engageant dans des opérations au sol.
Les chemins du MNLA et d’Ansar Dine se séparent et s’opposent après s’être croisés à Ouagadougou, puis à Alger. Si Ansar Dine, mouvement islamiste, qui n’a jamais rompu totalement les amarres avec Aqmi et Mujao, se dresse contre l’intervention militaire française au Mali, le MNLA, lui, postule à apporter son aide à l’armée française.
«Nous soutenons absolument l’intervention aérienne française. Bien sûr, nous sommes prêts à aider l’armée française… à faire le travail au sol», a affirmé à l’AFP Moussa Ag Assarid depuis la ville de Tinzaouatine malienne, où le MNLA venait de réunir un congrès. Le responsable du MNLA a affirmé que le mouvement dispose des hommes et des armes mais surtout de la volonté de venir à bout du terrorisme dans l’Azawad. «Nous sommes ceux qui pouvons faire le travail au sol.
Notre rôle pourrait être principal », a-t-il souligné, précisant que «par notre connaissance du terrain et des populations, nous sommes plus efficaces que la force de la Cédéao, qui doit être déployée en appui à l’armée malienne.» S’il se rend disponible à une coopération avec l’armée française sur le terrain des opérations dans le nord du Mali, le MNLA se montre tout de même peu enclin, voire frileux à avoir la même disponibilité à servir aux côtés de l’armée malienne.
Dimanche, le MNLA a averti l’armée régulière malienne contre tout déploiement dans le Nord avant que le conflit politique qui oppose le mouvement au pouvoir central à Bamako ne soit réglé. «Nous ne voulons pas que l’armée malienne entre sur le territoire de l’Azawad avant qu’il y ait eu un accord entre les deux parties», a affirmé Ag Assarid. Un avertissement qui paraît décalé par rapport au contexte actuel au Mali, où la France bombarde, y compris des positions terroristes dans le nord du pays et où les forces de la Misma se préparent à entrer en action.
En fait, dans l’attitude du MNLA, il se ressent comme un relent de vengeance contre les groupes islamistes qui ont profité et récolté les fruits de sa révolte dans le territoire de l’Azawad mais sans toutefois aller jusqu’à se réconcilier sur le terrain des opérations avec l’armée malienne. En un mot, le MNLA veut que ce soient ses combattants et l’aviation française qui fassent à eux deux le ménage au nord du Mali, sans l’intervention de l’armée malienne, ni des troupes de la Cédéao. A tout considéré, cela reste un vœu pieux, difficilement accessible.
La ville de Diabali entre les mains des islamistes
Les islamistes ont opéré lundi une offensive dans le centre du Mali et sont parvenus, après d’âpres affrontements avec l’armée malienne, à s’emparer de la ville de Diabali, distante de 400 kilomètres de la capitale Bamako. La prise de la ville a été confirmée hier à la mi-journée par le ministre de la Défense français, Jean-Yves le Drian. «Nous savions qu’il y aurait une contre-offensive vers l’ouest, d’autant que là se trouvent les éléments déterminés, les plus structurés, les plus fanatiques (…) Ils ont pris Diabali qui est une petite commune, après des combats importants et après une résistance de l’armée malienne qui était insuffisamment dotée à ce moment précis», a-t-il déclaré. L’attaque et la prise de la ville de Diabali sont signées Aqmi. A en croire une source sécuritaire régionale, citée par l’AFP, ce serait Abou Zeid, un des chefs de l’organisation, qui a dirigé l’offensive. Cela étant, la France a poursuivi lundi les bombardements des positions djihadistes au centre et au nord du Mali. Après avoir ciblé dimanche des positions dans Gao et Kidal, l’aviation française a concentré hier ses frappes sur le quartier général du Mujao à Douentza, située à 800 kilomètres au nord de Bamako. Aucun bilan des opérations n’était disponible hier. La France a fait intervenir ses chasseurs bombardiers Rafales après qu’elle a eu l’autorisation des autorités algériennes à survoler «sans limites» le territoire national. Une autorisation sur laquelle les autorités algériennes ne se sont toujours pas exprimées. Dimanche, c’est le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui en a fait la révélation dans une déclaration médiatique.
S. A. I.