Toute réforme sérieuse du mouvement sportif passe évidemment par l’implication et l’association des sportifs eux-mêmes autour d’un projet efficient. Bien avant de se pencher sur les stratégies et les détails techniques, la conduite des instances et des formations sportives doit revenir aux jeunes compétences avérées dans le domaine, voire dans la discipline concernée. Le profil des staffs dirigeants et leur expérience pratique dans un sport donné ont un rôle primordial dans le succès des politiques qui seront, ensuite, mises en œuvre. La transparence, la démocratie et l’alternance doivent également prévaloir dans le choix des responsables, afin de garantir la mobilisation la plus large des acteurs concernés en faveur du programme adopté dans ce sens. Le président d’une fédération ou d’une ligue, voire d’un club, qui échoue dans sa mission doit savoir se retirer dignement pour libérer la voie à un successeur qui aurait une chance de relever le défi. Egalement, l’interdiction du cumul de fonctions est un principe fondamental pour éviter les conflits d’intérêt et consacrer réellement l’égalité des chances.
Dans une interview, accordée à la Radio internationale Voice of América (VOA), le président de la Confédération africaine de football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad, a mis le doigt sur toutes ces considérations. «Je ne sais même pas si je ferai un deuxième mandat. Trois mandats, c’est impossible, je ne le ferai pas (…). Je me concentre sur ce mandat et j’essaierai de le faire en respectant mes engagements pour changer les choses dans la gestion du football africain. Je serai intransigeant pour réintroduire une limite d’âge», indique Ahmad Ahmad en soulignant que «le football africain avait soif de changement». Le nouveau président de l’instance continentale du ballon rond tranche avec les basses manœuvres de son prédécesseur qui s’est «agrippé» au poste durant 29 ans ! C’est pourquoi, l’ex-ministre malgache suscite de grands espoirs dans toute l’Afrique. Il incarne, en effet, les valeurs de modernité, de fair-play, d’ouverture, d’initiative et de rassemblement qui ont longtemps fait défaut au continent noir. La vague de fraîcheur qu’il apporte ne se limitera pas à la CAF, mais soufflera certainement sur les Fédérations nationales et leurs démembrements tant la mutation amorcée fait quasiment l’unanimité partout.
Pour le dire ainsi, l’élection d’Ahmad Ahmad, qui a mis fin au règne ténébreux d’Issa Hayatou, est une leçon de bon sens, de courage, de réalisme et de bonne volonté. Le renouvellement des instances fédérales en Algérie pour le cycle olympique 2017-2020 a remarquablement emprunté cette voie du renouveau et du rajeunissement. Kheirddine Zetchi (52 ans), ancien footballeur et brillant dirigeant d’un club, vient d’être élu à la tête de la FAF. Habib Labane, la quarantaine, ancien handballeur qui a aussi fait ses preuves dans le management d’un club, prend les commandes de la FAHB. De jeunes compétences ont pareillement émergé à la tête des autres fédérations. Ainsi, du sang neuf se déploie dans les artères du mouvement sportif national.
C’est de bon augure pour l’avenir, pourvu que les autorités compétentes accompagnent de très près ce changement et veillent au strict respect de la loi. Le ministre de la Jeunesse et des sports, El Hadi Ould Ali, se montre, jusqu’à présent, intransigeant sur l’exercice, plein et entier, de toutes les prérogatives de la tutelle. Il a récemment intervenu pour s’opposer au chevauchement des responsabilités dans son secteur en soulignant que les dispositions règlementaires en vigueur interdisent le cumul des fonctions dans les postes de présidents de clubs, de ligues et de fédérations, précisant que le président d’une ligue ne peut occuper dans le même temps le poste de président d’un club ou d’une fédération. «Cette question ne se pose pas. La loi est claire et les textes réglementaires de la République doivent être seulement appliqués», a-t-il tranché.
Mais pour parachever cet ambitieux processus de réforme, il va falloir aussi étendre cette prometteuse transformation aux ligues, aux clubs et associations d’amateurs où certains dirigeants détiennent encore des records de longévité en dépit des échecs récurrents de leur gestion. Le temps des présidents inamovibles à la tête des instances sportives est, bel et bien, fini. La FIFA, la CAF et le CIO ont déjà montré la voie à suivre. L’ère de la transparence a sonné. On n’a pas le droit de rater ce train de la bonne gestion et de la conduite efficiente des affaires du sport.