Manifestations des gilets jaunes: 54 journalistes blessés et 120 incidents répertoriés

Manifestations des gilets jaunes: 54 journalistes blessés et 120 incidents répertoriés

PARIS – Six mois après le déclenchement des manifestations des « gilets jaunes » en France, Reporter sans frontières (RSF) a révélé mercredi dans un bilan concernant les médias qu’il y a eu depuis au moins 54 journalistes blessés et 120 incidents répertoriés.

« Abus de pouvoir, humiliations, injures, menaces, coup de matraques et tirs de LBD (lanceurs de balles de défense) ayant entraîné des blessures », a indiqué RSF dans ce bilan « inquiétant » des incidents impliquant les forces de l’ordre, appelant l’Etat à engager des « actions urgentes ».

Pour cette ONG, les chiffres sont encore provisoires mais déjà « inédits » par leur ampleur. Elle précise qu’au moins 54 journalistes ont été blessés, dont 12 sérieusement par les forces de l’ordre au cours de 120 incidents répertoriés par les équipes de RSF depuis le 17 novembre 2018, date de la première manifestation des « gilets jaunes », ajoutant que plus de 30 autres cas d’incidents signalés sur les réseaux sociaux sont toujours en cours de vérification.

« Hématomes causés par des coups de matraques, des tirs de LBD dans les membres inférieurs, voire brûlures causées par l’explosion de grenades de désencerclement, constituent le lot des blessures légères infligées à au moins 42 journalistes », a encore ajouté RSF, relevant que 12 autres ont également été blessés « gravement » et ont été victimes de fractures de la main, côtes cassées, voire de blessures graves au visage.

Sur les 120 incidents enregistrés, 88 sont qualifiés par RSF de « majeurs ». Elle évoque par ailleurs des cas de destruction délibérée de matériel, d’intimidations sévères, de journalistes clairement identifiés « Presse » visés par des canons à eau, des tirs de LBD, ou repoussés violemment à coup de bouclier et/ou de gaz lacrymogène.

RSF a aussi comptabilisé les gardes à vue de photographes indépendants, tandis que les cas d’insultes, de menaces verbales et de confiscations de matériel ont été répertoriés comme incidents « mineurs ».

Le bilan note par ailleurs que ce sont les professionnels de l’image qui ont payé le « plus lourd » tribut : 66 % des journalistes victimes de violences policières sont photographes, 21 % sont des vidéastes ou journalistes reporters d’images (JRI).

« Ce nombre anormalement élevé de journalistes blessés, et l’ampleur inédite des violences policières et des incidents ne s’expliquent pas seulement par la durée inhabituelle de ce mouvement de protestation », a déclaré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Pour lui, il est urgent d’agir et de donner des consignes claires aux forces de l’ordre pour permettre aux journalistes d’exercer leur activité en sécurité et éviter les violences.

La France se situe à la 32e place dans l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF, rappelle-t-on.