Plus de 700 personnes ont été interpellées dans la matinée rien qu’à Paris. Parmi elles, au moins 423 ont été placées en garde à vue.
Des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ont émaillé hier les rassemblements du mouvement populaire des «Gilets jaunes» dans le centre de Paris, placé sous haute sécurité, et plusieurs blocages de routes perturbaient la circulation dans le pays pour cette nouvelle journée de mobilisation à haut risque. Une grande partie des Français et notamment les Parisiens redoutent la répétition d’affrontements violents qui ont choqué dans le pays et à l’étranger et dont les images ont fait le tour de la planète.
La tension est montée d’un cran en milieu de matinée aux abords de la célèbre avenue Champs Elysées, où les forces de l’ordre ont lancé les premiers gaz lacrymogènes contre des «Gilets jaunes» venus manifester par milliers aux cris de «Macron démission».
Certains manifestants ont répliqué en lançant des projectiles et des pétards.
Le 1er décembre avait été marqué dans la capitale par de violents affrontements entre manifestants et policiers et plusieurs quartiers centraux avaient été plongés dans le chaos.
L’Arc de Triomphe, monument emblématique du pays, avait été dégradé. Pour ce quatrième samedi, la capitale s’est largement barricadée. Des véhicules blindés à roues de la gendarmerie y ont été exceptionnellement déployés.
Les autorités ont renforcé les contrôles dans les gares et pratiquent la fouille systématique aux abords des lieux de manifestation, notamment au niveau des Champs Elysées, de la place de l’Etoile, à la République et à la Bastille, entre autres endroits ciblés. Certains axes ont été carrément interdits d’accès pour éviter tout débordement.
Pas moins de 89.000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés sur le territoire, dont 8000 à Paris.
Plusieurs ambassades étrangères ont recommandé à leurs ressortissants d’être prudents en se déplaçant dans la capitale ou de reporter leur voyage.
Nombre de musées, de grands magasins tels les Galeries Lafayette, le Printemps, le BHV, mais aussi des stations de métro et la tour Eiffel sont restés fermés. De nombreux commerces, dans l’ouest parisien qui concentre les lieux de pouvoir, ont été barricadés avec des panneaux de bois.
Le gouvernement français a multiplié les appels au calme et plusieurs figures des «Gilets jaunes» ont appelé à défiler pacifiquement.
Le réseau routier et autoroutier français connaissait de nombreux points de perturbations. Un millier de «Gilets jaunes» ont en outre défilé à Marseille (sud-est), précédés d’une dizaine d’ambulanciers qui ont rejoint le mouvement avec leurs véhicules, gyrophares allumés.
Les «Gilets jaunes», issus majoritairement des classes populaires et moyennes, se disent excédés par la politique fiscale et sociale d’Emmanuel Macron, qu’ils jugent injuste et qu’ils dénoncent depuis trois semaines, manifestant et organisant barrages filtrants et sit-in à travers le pays.
Le recul du gouvernement sur la hausse des taxes sur le carburant, revendication première des gilets jaunes, n’a pas permis d’apaiser un mouvement particulièrement défiant à l’égard des élites politiques et des partis traditionnels.
Le mouvement des «Gilets jaunes», déstructuré, évoluant hors des cadres établis, n’a pas de véritable leader, rendant épineuses les tentatives de négociation du gouvernement avec lui.