Manque de stages de formation et défaut d’encadrement, L’évolution au ralenti

Manque de stages de formation et défaut d’encadrement, L’évolution au ralenti

Le journalisme en Algérie est un métier qui s’apprend sur le tas. Au siège même du journal (rédaction) et lors des sorties sur le terrain.

L’université ne sert pratiquement à rien dans ce domaine et les stages de formation et de perfectionnement ne se font que par occasions. Des occasions rares qui ne profitent qu’à certains journalistes.

Parfois, ce sont les journaux eux-mêmes qui refusent de «libérer» un journaliste, soit pour des raisons financières (pour ne pas payer des frais de mission lorsqu’il s’agit d’une formation à l’étranger et parfois même dans une wilaya de l’intérieur du pays), soit par crainte de se retrouver en manque d’effectifs pendant l’absence du journaliste en question (ou des journalistes) lors de la formation en question.

«C’est comme si le journal allait s’arrêter si je m’absentais pendant une semaine», s’écrie un jeune journaliste de 29 ans qui ne se considère ni nouveau ni ancien dans ce domaine. «Ce n’est pas normal qu’après quatre années d’exercice dans le même journal, je ne bénéficie pas du droit de participer à cette formation qui se déroule pourtant à Alger. Je ne demande pas à partir en France ou aux Etats-Unis», regrette-t-il.

Dans d’autres cas, des journalistes se voient privés d’une formation à cause d’un regard purement subjectif d’un responsable (ou de plusieurs) du journal qui juge mal la qualité de la formation. Pourtant, il y a toujours quelque chose à apprendre dans ce genre de rencontres.

Un échange d’idées et d’expériences entre journalistes ne peut aboutir qu’à de nouvelles idées et de nouvelles expériences. Plus que cela, il y a la nécessité de maîtriser les techniques de rédaction dans tous les genres journalistiques (reportages, enquêtes, comptes-rendus, interviews, chroniques…). Il ne s’agit pas seulement de rapporter la bonne information mais de l’écrire juste.

Les diplômés des instituts de journalisme ne ramènent pas grand-chose dans leurs bagages et l’encadrement dans les journaux n’est pas toujours disponible pour être à l’écoute du journaliste et l’orienter dans son travail. Des journalistes se plaignent de l’absence d’encadrement dans leurs rédactions.

Pour ne pas être ingrats, nombreux sont parmi ceux qui ont grandement aidé à la formation de certains de leurs collègues et de leurs confrères. La majorité l’a fait dans l’anonymat et la discrétion totale. Ils n’y étaient pas obligés mais ils l’ont fait par devoir pour la profession.

Ces personnes se font de moins en moins nombreuses. D’où l’intérêt de ces stages de formation, de recyclage et de perfectionnement qui doivent se faire de façon régulière et permanente, sans distinction entre journalistes. Les temps changent et avec eux le métier de journaliste et ses techniques.

De nombreux journalistes sont frustrés par rapport à ce point bien précis (manque de formation). La frustration n’est pas seulement dans le regard, la pensée et le ressenti -que l’on finit par ignorer et refouler quand on est journaliste- mais elle est aussi dans le mouvement des doigts sur le clavier de l’ordinateur et dans cette voix intérieure qui refuse de s’exprimer quand on la sollicite pour écrire des mots justes.

La voix cherche sa voie mais elle aussi est coincée dans des considérations économiques, politiques, sociales… ou autres. L’écriture journalistique n’est pas chose facile. Encore une fois, il ne s’agit pas d’écrire et de remplir des pages mais d’écrire bien et juste.

Le journaliste est constamment confronté à l’angoisse de la feuille blanche. Un seul moyen pour remédier à la situation de blocage : la persévérance au travail.

Travailler sans relâche, travailler avec passion et conviction

jusqu’à ce que les choses se révèlent d’elles-mêmes. Pas besoin de coach. Le coach, c’est nous-mêmes.

Par Karima Mokrani