Diego Maradona est un grand affectif, etpeu porté sur la demimesure: dans le Mondial-2010, autant le sélectionneur de l’Argentine couvre ses joueurs d’éloges, autant il persifle dès qu’il s’agit de grands noms, comme Pelé, ou d’autres entraîneurs.
Entre Maradona et Pelé, se disputant sans cesse le titre officieux de meilleur joueur de l’histoire, le match ne date pas de 2010.
Mais il s’est encore enrichi de quelques tacles. Et, dans cette nouvelle chamaillerie, c’est Maradona qui a commencé.
Alors qu’il salue l’accueil sud-africain lors de sa première conférence de presse, il lâche, l’air de rien, dans une allusion évidente à Pelé: «Un monsieur bronzé qui jouait N.10 a dit qu’on ne pourrait pas jouer en Afrique du Sud. Moi, je lui avais dit de rester tranquille, que le Mondial s’y jouerait bien. Le mérite en revient à tous ceux qui ont cru à ce projet».
Réplique de Pelé: «Maradona a accepté (le poste de sélectionneur, ndlr) parce qu’il avait besoin d’un emploi et d’argent.
J’ai vu que l’Argentine s’est qualifiée avec difficulté. Mais ce n’est pas la faute de Maradona, c’est celle de ceux qui l’ont nommé». Réplique de Maradona: «La place de Pelé est dans un musée».
Réplique de Pelé: «Ce n’est pas un bon sélectionneur, car il a mené un style de vie bizarre et cela passe rarement bien auprès d’une équipe».
On attend la réplique de Maradona. Le «Pibe de Oro» a aussi égratigné Michel Platini avant de se rétracter.
Le président de l’UEFA «se croit meilleur que les autres», un défaut bien «français», avait d’abord critiqué l’Argentin, réagissant à des propos d’un quotidien brésilien affirmant que Platini le jugeait «mauvais sélectionneur Machine arrière peu après: «Platini m’a envoyé une lettre m’expliquant qu’il n’avait jamais dit ce que vous (les journalistes) écrivez, alors je m’excuse auprès de Platini.
Mais pas de Pelé». Concernant un troisième monstre sacré du football, Franz Beckenbauer, Maradona a frôlé l’affront. Interrogé sur son souhait de remporter le Mondial en tant que joueur puis sélectionneur, à l’image du «Kaiser», il a d’abord affiché une drôle de moue, mi-dubitative misurprise, avant de lancer, sourire en coin: «On est très différents, je ne vais pas ressembler à Beckenbauer!» Maradona tacle aussi volontiers d’autres personnages du football. Son compatriote Ricardo La Volpe, ancien sélectionneur du Mexique (20022006), souhaitant la victoire des Aztèques sur l’Argentine en 8e de finale ? «Quand un pays vous a donné du travail et de quoi manger, vous ne pouvez pas dire cela, a fulminé +Diego+.
Il est allé trop loin, c’est presque de la trahison». Et quand dans ce match, son N.10 à lui, Messi, est rudoyé par le milieu mexicain Torrado, Maradona s’interroge: «Est-ce qu’on est revenu à l’époque de Gentile ?»
Cet ancien joueur connu pour son jeu dur dans les années 1980 n’a pas apprécié et l’a dit dès le lendemain dans le journal italien La Gazzetta dello Sport: «Après ce qu’il a dit hier, je dois adhérer à l’opinion de Pelé et Michel Platini: Maradona tient plus du charlatan que de l’entraîneur». A qui le tour ?