Révolu le temps où les émigrés venaient les cabas pleins à craquer de différents produits qui faisaient saliver les algériens d’ici. Ces mêmes émigrés désormais font leurs emplettes «au bled».
Les causes sont multiples mais un dénominateur commun les réunit : la cherté des produits dans leur pays de résidence. Ainsi, le marché de Dubaï ou El Djorf (Bab Ezzouar) est inclus dans le programme des visites que doivent incontestablement effectuer nos concitoyens d’outre-mer une fois en visite chez eux.
Dubaï, ce lieu connu pour ses prix de demi-gros, attire les émigrés en quête de bas prix. Un tour au marché renseigne mieux sur cet engouement des émigrés pour cet endroit.
Une passante accompagnée de sa cousine qui réside en France avoue « qu’il est plus pratique et intéressant d’acheter à El Djorf. Ici, on peut trouver de tout : des meubles, des produits de décoration en passant par la literie et la vaisselle.
Personnellement, c’est ici que je fais mes courses. J’achète même pour des amies qui ne viennent pas cet été au pays. Le pouvoir d’achat est en baisse en Europe. Alors puisque nous avons la chance d’acheter ici en dinars, nous prenons l’essentiel», explique-t-elle.
Un autre client venu de la ville de Lille avoue s’approvisionner en articles de décoration et de vaisselle dans ce grand bazar. Des objets jugés particulièrement tendance, comme cela est le cas pour les bougeoirs, les assiettes de décoration, les lampes traditionnelles et le nécessaire de table.
Le bouche-à-oreille a, semble-t-il, très bien fonctionné et fait sa notoriété. Zakia, une jeune femme de trente ans habitant Paris 20e, dès son arrivée à Alger est venue voir le marché «Toute ma famille évoque à son retour son passage à ce lieu. Les belles choses acquises à des prix qui nous conviennent parfaitement ont renforcé sa renommée et ont dicté ma venue ici aujourd’hui».
Selon un commerçant de produits en cristal, «les émigrés sont de plus en plus attirés par ce lieu où ils ont un grand choix de produits à des prix particulièrement bas par rapport aux tarifs affichés dans leurs pays de résidence».
Spécialisé dans la vente du cristal Bohémia et d’Arques, en cette matinée de dimanche, le commerçant s’affaire à installer et exposer un nouvel arrivage. «Nos produits restent intéressants dans la mesure où les prix proposés sont alléchants», atteste le vendeur qui affirme que «les prix pratiqués sont ceux de l’achat en demi-gros qui intéressent les clients. A titre d’exemple, ces verres à thé en cristal sont cédés à 400 DA les six pièces contre 600 DA les quatre dans un autre magasin de vente en détail».
Un autre commerçant spécialisé dans les produits cosmétiques, confirme la ruée des émigrés sur les produits qu’il propose. «Ils viennent le plus souvent acquérir les couches culottes pour bébés et le maquillage de marque. Une boite de quatre savon «Monsavon» coûte 200 DA, elle leur revient à 40 euros ailleurs. Alors qu’un ricil de marque est cédé à 1500 DA contre 45 euros ou plus chez eux », témoigne-t-il.
La vaisselle, les tissus d’ameublement, les produits de décoration et d’entretien corporel, rien n’est laissé au hasard. « Nous avons même vu des familles venir acheter les produits nécessaires pour célébrer des mariages traditionnels. Ici, ils ont l’embarras du choix. S’ils ne se déplacent pas, ils délèguent des membres de leurs familles, cela leur reviendra certainement moins cher», explique un vendeur de produits d’emballage pour gâteaux.
Les émigrés venus faire emplette sont très vite reconnus. «Chaque article est reconverti en euro, chose qui a fait grimper les tarifs alors que d’habitude ils sont beaucoup plus abordables», reconnaît une habituée des lieux habitant la ville de Dar El-Beida.
Une chose est sûre, avec l’arrivée de nos concitoyens de l’étranger, le marché vit et connaît une dynamique particulière en cette période estivale. Au grand bonheur des commerçants qui reconnaissent cette aubaine partagée.
Souhila H.