La surenchère n’est pas prête à s’arrêter
Les concessionnaires qui sont victimes de l’étau qui se resserre sur eux en matière d’importations, ne proposent même pas les traditionnelles soldes de fin d’année.
L’achat d’un véhicule neuf relève désormais de l’improbable pour le commun des Algériens. Les prix des voitures, frôlent en effet, des seuils jamais atteints. Chute vertigineuse du dinar, instauration de nouvelles taxes à l’import, limitation des quotas pour les concessionnaires et nouveau cahier des charges sont autant d’ingrédients qui font monter les enchères dans les showrooms.
Dès cet automne, les représentants des marques les plus en vue sur le marché national automobile ont réactualisé, à la hausse, les tarifs de leurs produits. Cette montée subite des coûts a bien entendu déteint sur le marché de l’occasion. Les voitures anciennes, sinon récentes, se font de plus en plus courtiser par les petites bourses. Khaled, qui possède une berline française, donne un aperçu du malaise que vivent les citoyens à la faveur de cette situation inédite. «Je roule avec un véhicule français que je possède depuis 2013, année qui a vu sa mise en circulation. Je ne songe même pas à la vendre car je n’aurai par la suite aucune alternative pour m’équiper d’une voiture neuve de même segment» a-t-il dit.
Ce qui résume on ne peut mieux l’impasse dans laquelle se retrouvent les consommateurs nationaux en matière d’achat de nouveaux carrosses. Cet aperçu peut induire en erreur le néophyte qui peut penser alors que les concessionnaires vivent la dèche faute de clients. Loin s’en faut, rassure une source proche de ce dossier qui révèle que les patrons des enseignes agréées continuent à vendre. «Les ventes ne se sont pas arrêtées pour autant», affirme-t-elle. Toujours est-il que la surenchère des prix est loin de connaître son épilogue. Le phénomène qui s’est déclenché à l’issue du dernier Salon automobile d’Alger continue ainsi de sévir, et les vendeurs aguerris surfent savamment sur cette vague «bénie» pourrait-on dire puisqu’ils arrivent à placer la barre très haut, même pour les produits d’entrée de gamme de leur catalogue et arrivent à trouver des acheteurs. «Je salue le tour de passe- passe de ces vendeurs qui parviennent à écouler un petite voiture au prix d’un 4×4!» relève d’ailleurs un observateur. Des citadines à deux millions de centimes font finalement florès, au grand dam des salariés moyens. Finalement et en l’absence du crédit bancaire, projeter d’acheter une berline devient réellement hypothétique. Les concessionnaires qui sont victimes de l’étau qui se resserre sur eux en matière d’importations, ne proposent même pas les traditionnelles soldes de fin d’année afin de séduire les familles en quête d’un moyen particulier de transport. Le terme «promotions» devient quasiment désuet. D’aucuns diront que le commun des citoyens paye cash les frais de la politique d’austérité annoncée. L’enseigne qui reflète le mieux cet environnement austère n’est autre que celle appartenant à la marque sud-coréenne KIA dont les modèles à succès, à l’instar de la fameuse Picanto, affichent des prix jamais atteints.
La petite citadine sud-coréenne revendique allégrement les 180 millions de centimes, dans sa version sportive, croit-on savoir. Les observateurs estiment néanmoins que les prix des voitures en Algérie sont exagérés, et ce bien que les importateurs arguent qu’ils payent, à l’achat, en dollars ou en euros. L’exemple le plus frappant de cette surenchère est celui qui nous est donné par ces petites asiatiques comme la Suzuki Célério qui est commercialisée à 130 millions de centimes alors qu’au départ elle ne dépassait guère les 93 millions de centimes, toutes taxes comprises (TTC). Idem pour la Peugeot 208 dont le prix dépasse les 200 millions de centimes, ou la simple Picanto qui franchit les 1.565.000 DA TTC pour le modèle base, alors qu’elle est à 180 millions de centimes pour la déclinaison sport. Rappelons que selon les derniers chiffres communiqués par le Centre national des statistiques des douanes (Cnis), la facture des importations de véhicules s’est établie à 2,76 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l’année en cours, contre 4,03 milliards de dollars à la même période de 2014, soit une baisse de près d’un tiers (-31,5%).
En volume, l’Algérie a importé 232.935 véhicules contre 309.945 unités sur la même période en 2014 (-24,85%), une baisse importante par rapport à une année (2014) qui avait déjà connu une chute des importations de véhicules. En d’autres termes, depuis l’année dernière, le marché de l’automobile est en recul continu. Une tendance qui va se poursuivre, selon les responsables de l’Association algérienne des concessionnaires automobiles (AC2A).