C’est la morosité dans le marché de l’immobilier qui, il n’y a pas si longtemps, vivait encore ses moments de gloire. Les choses ont bien changé à cause, essentiellement, de l’obligation d’utiliser les chèques bancaires dans les transactions. Mais il y a d’autres facteurs qui peuvent expliquer le déséquilibre entre l’offre et la demande, dont les différentes formules de location- vente et la dépréciation du dinar.
«Le paiement par chèque a induit une régression de 30 % du marché de l’immobilier», affirme la présidente de la FNAI, Zahoua Mammeri, que nous avons jointe par téléphone.
Pour elle, ce marché a enregistré, depuis quelque temps déjà, une baisse vertigineuse (-60 %) des activités des agences immobilières,
dont le nombre est estimé à 3 200 agréées au niveau national. Depuis l’entrée en vigueur de ce nouveau mode de paiement dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2015 au mois d’août «la vente de logements a sensiblement baissé alors que les prix de ces biens sont maintenus», a-t-elle expliqué.
Cette régression s’est accrue du fait aussi que les Algériens ne sont pas habitués à effectuer des transactions bancaires, chose qui n’est pas encore ancrée dans notre culture, a-t-elle regretté.
La dépréciation du dinar algérien contribue aussi à l’effondrement des activités immobilières du fait du maintien des prix des logements, conséquence de la crise économique. Notre interlocutrice réitère que «les prix du logement n’ont pas bougé», et que le problème réside dans le mode de paiement contrarié par la plupart des acquéreurs. Elle citera l’exemple d’un acheteur qui n’a pas concrétisé sa transaction à ce jour alors que l’agence immobilière lui a vendu un logement depuis septembre dernier. Ce dernier, dit-elle, a refusé de payer une taxe de 7%. D’ailleurs, les propriétaires refusent de mettre en vente leurs biens et attendent plus d’éclaircissements sur les taxes imposées, selon de nombreux agents immobiliers interrogés. La FNAI interpelle, ainsi les responsables concernés pour «ajuster» ou du moins «remonter» le seuil exigé pour le paiement par chèque égale ou supérieur à 500 millions de centimes. Par ailleurs, «Les différents programmes publics de réalisation de logements (AADL, LPP…) ont eu un impact certain sur l’activité des promoteurs immobiliers privés», selon un promoteur d’Alger.
Cette tendance baissière brutalement a fait qu’actuellement les agences immobilières chôment et les transactions, notamment pour les locations, se font de plus en plus rares. Le coût d’une location d’un F3 à Alger est estimé en moyenne entre 30 000 et 45 000 DA, nous explique un propriétaire.
Certains propriétaires dans le besoin baissent leur prix de la location, alors que d’autres attendent l’évolution du marché.
Selon certains propriétaires, le marché immobilier stagne en faveur des acteurs informels de l’immobilier qui préfèrent négocier leurs biens immobiliers dans les cafés.
Samia Lounes