Marché de l’immobilier, Habiter à Alger coûte jusqu’à 600 000 DA/m²

Marché de l’immobilier, Habiter à Alger coûte jusqu’à 600 000 DA/m²

Prétendre à un logement dans la Capitale est-il sur le point de devenir un idéal ou un rêve irréalisable ? Il suffit de se pencher sur les barèmes des prix affichés actuellement auprès des promoteurs et agents immobiliers pour se rendre compte qu’il est difficile d’écarter cette éventualité.

La demande en hausse, l’offre en nette diminution, alors que la spéculation et le marché parallèle faisant leur effet, les prix du bâti dans la région d’Alger ont atteint des sommets à tel point que l’acquisition d’un bien immeuble dans cette ville la plus convoitée à l’échelle nationale est désormais réservée à une stricte minorité composée de nantis et les sociétés étrangères en quête d’une installation sur le marché national.

Dans une enquête qu’ils viennent de mener dans le cadre de leurs travaux de recherche, un groupe d’universitaires de la faculté d’architecture de l’université d’Alger dévoilent une réalité ahurissante des prix de logements dans les zones les plus sollicitées de la Capitale. Excepté les quartiers populaires, à l’instar de Bab El Oued, El Harrach, Baraki, entre autres, les prix proposés pour l’achat d’un bien immobilier sont, du loin, hors de portée de l’écrasante majorité des ménages algériens.

A la faveur de ladite enquête, on saura que ces prix ont pris une courbe singulièrement ascendante dans les localités de la périphérie d’Alger. C’est le cas de Baba Hassen, à titre d’exemple, où l’immobilier dépasse désormais la barre des 150 000 DA/m², ce qui met cette localité, qui fut dans un passé récent une commune rurale, au même pied d’égalité avec Kouba qui est l’une des localités les plus anciennes des hauteurs d’Alger. Dans la daïra de Bir Mourad Raïs, le logement est coté, à présent, à plus de 200 000 DA/m².

Cependant, révèle encore l’enquête en question qui, selon ses auteurs, a été menée entre janvier et avril 2014 auprès des agences immobilières et directement auprès des propriétaires ayant proposé leurs biens à la vente, les quartiers de Hydra, El Biar et Ben Aknoun, les plus huppés de la Capitale algérienne dépassent la barre des 600 000 DA/m².

En revanche, c’est Alger-centre qui semble perdre peu à peu de son aura. Si, jusqu’à il y a quelques années, habiter le boulevard Didouche Mourad ou Hassiba-Ben Bouali était perçu comme un signe d’aisance et de luxe, ces quartiers qui forment le cœur battant de la Capitale, ne font plus recette. L’enquête, qui vient d’être menée, estime le prix de l’immobilier dans cette zone à moins de 120 000DA/m², ce qui indique que les demandeurs de logements préfèrent désormais aller dans la périphérie que de rester dans le centre immédiat d’Alger.

Toutefois, plusieurs raisons expliquent ces nouvelles tendances. A titre indicatif, la perte de valeur, que subit de plus en plus le bâti dans les quartiers d’Alger-centre, est due à deux facteurs distincts : d’un côté, cette baisse des prix s’explique par l’absence d’innovation dans cette zone de la Capitale. En d’autres termes, l’immobilier au centre d’Alger est « constitué dans sa totalité du vieux bâti dont la réalisation est presque séculaire et qui a rarement subi des travaux de rénovation et de réhabilitation ». L’autre raison, pour laquelle Alger-centre rebute les acquéreurs potentiels de l’immobilier, réside dans l’obstruction des voies d’accès et la saturation que connaît la circulation dans cette zone.

« Il est plus que légitime que l’acheteur d’un logement cherche à avoir toutes les commodités, par exemple, l’école, les services administratifs ou le parking mais aussi la nuisance au bruit de moteurs et la pollution automobile. Lesquelles conditions que n’offrent plus aujourd’hui les quartiers d’Alger-centre et c’est, donc, une raison pour laquelle les acheteurs préfèrent la périphérie », est-il souligné dans l’étude en question. Pour les années à venir, le pronostic qui ressort de l’enquête en question, table sur une nette croissance de la demande de logement dans les petites localités de la Capitale.

Mourad Allal (L’Éco n°91 / du 15 au 30 juin 2014)