Le secteur des changes et le marché des devises pourraient connaître bientôt une nette évolution dans leurs fonctionnements dans la perspective d’améliorer l’environnement des transactions, et gagner la confiance des « agents » opérant dans ce segment économique, y compris informel. Selon des sources au fait du dossier dans le secteur des finances, plusieurs mesures importantes sont à l’étude, et certains projets sont en voie de finalisation.
Ces sources indiquent que l’impact de ce marché est tellement important sur l’économie nationale et son évolution que les pouvoirs publics veulent prendre toutes les précautions nécessaires et surtout, analyser les retombées immédiates et les conséquences à long terme.
« Il est inutile de faire dans la précipitation ;s nous voulons prendre le temps qu’il faut pour traiter ces dossiers délicats », a-t-on fait savoir de même source.
Parmi ces mesures, dont les cambistes du square Port-Saïd attendent avec impatience l’adoption officielle de la révision de la loi sur le marché interbancaire du change, ainsi que la revalorisation de la marge de rémunération sur la commission (fixée à 1% actuellement).
C’est ce taux de bénéfice revendiqué par les cambistes « informels » qui semble avoir été pris en charge par les pouvoirs publics, afin de rendre plus attractive et concurrentielle cette activité et qui pourrait faire augmenter ainsi le nombre des autorisations accordées à la création des bureaux de change, et dont le nombre ne dépasse guère la quarantaine depuis 1997.
Mieux encore, nos sources affirment que des mesures incitatives au profit des ménages sont prévues dans cette batterie de projets. Des « mesures qui pourraient toucher aussi bien au droit de change qu’à la convertibilité courante du dinar » nous confie-t-on. Il est question d’un relèvement de l’allocation touristique de voyage, fixée aujourd’hui à 15 000 dinars, soit presque les 120 euros, comme plafond exigé.
Il est également prévu d’autres dispositifs d’allègement, comme la possibilité de recourir à l’achat de devises pour des raisons médicales ou scolaires et universitaires, dont le seuil n’est pas encore fixé définitivement. Rappelons que les pouvoirs publics ont toléré l’existence d’un marché parallèle des devises, alors que la réglementation en vigueur n’autorise que les banques commerciales et bureaux de change légaux à vendre et à acheter le dinar.
Depuis des années, des économistes dénonçaient ce quiproquo, estimant que cela encourage la fuite des capitaux et l’évasion fiscale, voire le blanchiment d’argent sale accumulé grâce aux transactions frauduleuses, au trafic de stupéfiants et à la contrebande.
Avec la dévaluation du dinar, qui a atteint les 20% par rapport au dollar en une année en raison des impacts et des effets notoires de la crise des cours du brut et de la baisse conséquente des recettes pétrolières, le gouvernement tente maintenant d’encadrer ce marché de la devise, le contrôler et le développer.
Un secteur qui n’a que trop souffert d’une coexistence « pacifique » entre le légal et l’interdit. A cet égard, les pouvoirs publics entendent prendre des mesures pour contenir l’évolution du marché des changes et atténuer l’impact négatif sur le dinar et le protéger des secousses.