Si pour certains, il était peu probable que des marches de contestations populaires puissent avoir lieu en plein jour durant le mois de Ramadhan, hier les étudiants sont venus contredire cette idée en entamant comme chaque mardi une marche en milieu de matinée.
Amel Bentolba – Oran (Le soir) – Ainsi, leurs cris «Etudiants conscients, Bensalah, Bedoui dégagez», «pacifique pacifique nos revendications sont légitimes», ont sorti les jeûneurs de leur torpeur, brisant ainsi le silence qui règne à cette heure-ci (11h) où les Oranais émergent à peine de leur première soirée ramadanesque.
Les curieux parmi les passants ou encore ceux qui ont accouru à leurs balcons, étaient étonnés de voir que ces jeunes ont tenu parole et surtout démontré que même le jeûne ne les empêchera pas de maintenir leur marche du mardi pour dire non au système en place.
Pour cette marche, les étudiants ont décidé de se retrouver directement au niveau de la place d’Armes où un rassemblement a eu lieu avant d’entamer la marche vers le siège de la wilaya.
Sur place, étudiants et étudiantes se sont relayés pour chauffer la foule par des slogans repris en chœur. Tous insistent sur le fait que l’étudiant n’est pas dupe. «Nous sommes des nationalistes pas des opportunistes. A ceux qui nous écoutent ou vous êtes avec nous, ou bien vous êtes avec les voleurs».
Aux juges, ils adresseront ce message «ne changez pas de sujet, nous voulons que parte la vermine et que le pays soit dirigé par des hommes». Ils disent «Non à la guerre des gangs, on marchera jusqu’à provoquer le changement».
Ce mardi, les étudiants avaient gros sur le cœur et voulaient transmettre leurs pensées réfléchies et assumées à bon entendeur : «Nos revendications ne sont pas impossibles, à ce jour, il y a eu des dizaines de marches, arrêtez les manipulations.»
Pour cette jeunesse algérienne, aucun compromis pour justifier la corruption et la fraude, dès lors, ils estiment qu’il est hors de question de se rendre aux urnes pour la prochaine présidentielle à laquelle tient tant l’actuel Président. «L’élection du 4 juillet, c’est le maintien de la mafia. Ni vote ni consultation», se sont ainsi exprimés les manifestants.
Le rejet du système en place est catégorique et les étudiants ne comprennent pas pourquoi Bensalah ne démissionne toujours pas alors que, disent-ils, «ton maintien est impossible, Belaïz a quitté le pouvoir, Bensalah doit le suivre, Bouchareb et Bedoui… tous dégagez tous».
Hier, les étudiants ont tenu à faire entendre leur voix et leur détermination : «On ne se lassera pas, on ne s’arrêtera pas jusqu’à ce que vous partiez sans retour. Union jusqu’à ce que nous fassions tomber la corruption.»
A. B.