Marche des étudiants: Résistance et mobilisation

Marche des étudiants: Résistance et mobilisation

Wafia Sifouane

Douzième marche pacifique hebdomadaire des étudiants, hier, à Alger et dans de nombreuses villes du pays, et ce, depuis le 22 février dernier. Encore une fois, ils étaient des centaines à battre le pavé pour la deuxième fois durant ce Ramadhan 
pour dire non à l’élection présidentielle et exiger le départ du système.

C’est aux alentours de 9h que des petits groupes d’étudiants ont commencé à se rassembler au niveau d’Alger-Centre, face à un dispositif de sécurité important qui ne les a guère intimidés. Brandissant des banderoles géantes à côté de l’emblème national, les étudiants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir mais aussi au chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah à qui ils reprochent d’ignorer les revendications du peuple. Aux côtés des incontournables «Bensalah dégage», «Bedoui dégage», ils ont dit haut et fort non à la présidentielle. «Makach intikhabate», ont-ils crié. Empêchés de rejoindre la place de la Grande-Poste où des éléments de brigade anti-émeutes ont été déployés sur le parvis de la bâtisse, les manifestants ont réussi à forcer le barrage et à reconquérir les marches de la Grande-Poste devenues symbole du Hirak. Le barrage de sécurité installé à proximité du parc Sofia a aussi été forcé par les étudiants, qui ont marché sur le rue Asselah-Hocine pour arriver à l’APN, où ils ont marqué une halte. Face au Parlement, ils étaient des centaines à scander «lebled bladna ou ndirou rayena» (ce pays est le nôtre et nous ferons ce que bon nous semble), avant de fustiger «les députés de la honte». 

Les manifestants n’ont pas non plus manqué de se diriger vers le tribunal de Sidi M’hamed, au square d’Alger où les citoyens assistent ces derniers jours à un véritable défilé d’anciens responsables accusés de corruption. 
Arrivés sur place, les étudiants ont appelé à une justice libre et indépendante.
L’heure était aussi à la protestation estudiantine à Boumerdès, où ils étaient des dizaines à sortir dans la rue. 
En dépit du nombre réduit par rapport aux marches précédentes, les dizaines d’étudiants ont exprimé leur détermination à poursuivre le mouvement. 
«Nous sommes déterminés à poursuivre le combat pacifique jusqu’au démantèlement du système et l’instauration d’une république démocratique», ont scandé les manifestants tout au long de la marche, initiée le long de la principale artère de la ville. 

Les manifestants criaient haut et fort des slogans hostiles au pouvoir tout en revendiquant le pouvoir au peuple. 
Les manifestants brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire entre autres: «Pour voir dégage», «Non au plan du pouvoir sans le peuple», «Le Hirak continue», «Algérie libre et démocratique», «Dégagez tous!», «L’Algérie est une république et non une caserne», «Justice de transition indépendante et non à justice sélective», «Pas d’élections avec la bande». Tout en dénonçant les tentatives de division et de détournement des revendications du peuple.
A Tizi Ouzou aussi, le nombre des manifestants était considérablement réduit sans doute à cause du jeûne. Ils étaient juste quelques centaines d’étudiants au rendez-vous de la protestation hebdomadaire du mardi, mais leur détermination est perceptible à travers la ferveur qu’ils ont manifestée comme les fois précédentes à finir le chantier du changement politique révolutionnaire ouvert par les Algériens. «L’étudiant s’engage, système dégage», peut-on lire sur une grande banderole en tête du défilé.

Durant leur marche, qui est partie du campus universitaire de Hasnaoua jusqu’à la placette M’barek Aït Menguellet, les étudiants auxquels se sont joints quelques enseignants ont réitéré les mêmes revendications soulevées depuis le début de la dynamique populaire. En plus du slogan désormais classique portant sur le départ des Bedoui et Bensalah, les étudiants ne semblent pas convaincus par les discours et l’action du chef de l’état-major de l’ANP qui, à leurs yeux, s’inscrit aux antipodes des revendications populaires. A Bouira aussi, les étudiants se sont fait entendre lors d’une marche sur les principales artères de la ville en scandant des slogans hostiles au régime. «Non aux élections avec la bande», «Système dégage», autant de slogans scandés par les étudiants qui ont réussi à maintenir la mobilisation.