Après avoir atteint des niveaux inégalés, dans le sillage de la révolution du 22 février, l’euro connaît depuis quelques jours déjà un soudain mouvement baissier, quand bien même la saison ne plaide aucunement en faveur de la baisse de la valeur des principales devises cotées au marché informel d’Alger. A l’origine de cette baisse figure un déclin de la demande provenant essentiellement des gros consommateurs, alors que la demande provenant des petits consommateurs n’a pas bougé d’un iota.
Le renforcement des contrôles aux frontières ainsi que les mesures restrictives au libre déplacement de certains hommes d’affaires sont également autant de facteurs qui sont à la source directe de cette baisse de la valeur des devises sur le marché parallèle, avons-nous appris auprès de certains cambistes. Sur la semaine, la valeur de l’euro a chuté d’environ 1 500 DA ; un billet de 100 euros s’échangeait hier contre 20 200 dinars à l’achat, contre 21500 DA il y a de cela une dizaine de jours seulement.
A la vente, un billet de 100 euros valait 19500 DA contre 21000 DA il y a de cela un peu plus d’une semaine. Quant à la valeur du dollar, celle-ci n’a pas été non plus épargnée par la dégringolade ; un billet de 100 dollars s’échangeait hier contre 17 500 DA à la vente et 18 000 DA à l’achat. Le dollar canadien valait quant à lui 13700 DA pour 100 dollars à la vente et 13 400 DA à l’achat. La baisse est plus significative pour la parité euro-dinar que pour la parité dollar-dinar. En effet, sur une semaine, l’euro a perdu 1300 DA de sa valeur, alors que le dollar américain en a perdu 500 DA. Le dollar canadien a baissé quant à lui de 600 DA, à l’heure où la période des vacances et des voyages religieux à destination des lieux saints de l’Islam est habituellement propice à la flambée des devises sur les marchés informels. Les évènements politiques que connaît le pays depuis le 22 février derniers ont fait que certains demandeurs aux voyages touristiques sursoient à leurs déplacements estivaux, de l’avis même d’un propriétaire d’une agence de voyage. Les flux de vacanciers vers l’étranger pourraient connaître un certain recul cette année, nous indique-t-on. Cependant, ce déclin que connait la valeur des principales devises pourrait être de courte durée si le gouvernement venait à mettre en exécution sa décision d’autoriser les importations de véhicules de moins de trois ans d’âge. La décision a été prise il y a de cela quelques semaines, sans que l’Exécutif ne donne du concret à cette mesure. Les cambistes sont dans l’expectative.
Tout comme les consommateurs d’ailleurs. Cependant, exception faite de ce facteur, ainsi que de la hausse de la demande saisonnière, certains cambistes s’attendent à ce que le mouvement baissier soit de longue durée, étant donné qu’une bonne partie de la demande, provenant des gros consommateurs, risque de faire défaut pendant de longs mois. Ces gros consommateurs, qui versent, entre autres, dans le transfert de devises vers l’étranger, font face désormais au renforcement des contrôles aux frontières ainsi qu’à d’autres mesures restrictives qui ont fait que la demande a baissé d’un cran.
En tout cas, les perspectives sont quasiment incertaines sur le marché informel des devises et les fondamentaux du marché évoluent en dents de scie et au gré des conjonctures, à la fois politiques et économiques.